François Hollande : un deuxième degré terrible pour Bouteflika

Abdelaziz Bouteflika et François Hollande.
Abdelaziz Bouteflika et François Hollande.

Si les médias ont traité au premier degré le voyage éclair de François Hollande en Algérie, c’est au second degré d’interprétation que cette visite à première vue terne pourrait prendre tout son sens.

Il est vraiment révélateur que le président français, François Hollande, se soit senti obligé de déclarer que Bouteflika faisait preuve d’une grande maîtrise intellectuelle et d’une rare alacrité pendant son point de presse. Si les éléments soulevés n’avaient pas été un problème, il n’en aurait tout simplement pas fait mention. Est-ce qu’on insiste habituellement après les rencontres sur le fait que les hôtes visités ont une bonne santé mentale? À première vue, juste de mentionner ce point relèverait plus de l’insulte que de la flatterie. Les faits parlent d’ailleurs d’eux-mêmes en de telles situations. Si le président algérien avait vraiment eu une grande maîtrise intellectuelle, il aurait compris l’importance d’intervenir au côté du président français devant les journalistes. Il aurait alors fait lui-même la preuve de cette maîtrise des enjeux en Algérie devant les médias internationaux en disant un quelconque jeu de mots subtil à ce sujet. Ce n’était cependant pas ce que le monde a vu. Le président français a discuté de la santé mentale de son hôte prenant bien soins d’affirmer qu’il n’était pas médecin pour révéler qu’il y avait possiblement un deuxième sens à ses propos. Du coup, cette distinction entre le physique et le mental dans la description de Bouteflika montrait que le premier ne pouvait qu’être mauvais pour qu’il insiste sur le fait qu’il n’en parlait pas.

En fait, à l’image d’Abdelaziz Bouteflika, ce qu’a vu François Hollande pendant les quelques heures où il était en Algérie n’était pas très beau. Un an après la grande mascarade qui l’a reporté au pouvoir, les tourbillons de poussière que soulevaient les partisans du clan vainqueur sont retombés. Les promesses de changement qui cachaient la réalité du statu quo mafieux désiré se sont évanouies dans la nature les unes après les autres. Des illusions d’une gouvernance juste, il ne reste plus rien de visible. Ce que l’on peut par contre voir à la tête de l’État, ce sont des chefs de clans corrompus de plus de 70 ans menés par un homme aussi vieux qu’eux et en fauteuil roulant. Cela en est à un point que plusieurs se demandent si l'incohérence des discours de certains membres du gouvernement ne serait pas vraiment attribuable à leur incompétence, mais plutôt à une possible sénilité. Au bout d’un an, les promesses de renforcer l’économie et les libertés politiques, sociales et culturelles n’auront finalement été que des rumeurs non fondées. Bouteflika n'a pas sorti l'Algérie de sa dépendance au pétrole et la chute des prix l’entraîne dans l’abîme. La baisse des recettes mensuelles par rapport à l’année passée frôle les 40 % et le déficit de la balance de paiement du pays devrait atteindre 30 milliards de dollars cette année.

En raison de cette situation, la jeunesse algérienne, bien éduquée et bien formée n’a pas cette espérance de travail et de réussite que demandait fort à propos le président français devant les micros. Les records obtenus n’ont pas été ceux qui ont été promis. L’actuel gouvernement algérien établit en effet actuellement des sommets, mais de mauvaises gestions. La chute des prix du pétrole a touché de plein fouet les plus défavorisées. Les tensions sociales sont donc à la hausse. Le rêve de nombreux jeunes n’est plus dans leur pays. Désenchanter et politiquement résigner la jeunesse algérienne crée de plus en plus des candidats à l'émigration clandestine. Le président français l’a possiblement remarqué et un an après la réélection truquée de Bouteflika, il est peut-être venu lui dire à mot couvert qu’il se désole de voir les jeunes algériens quitter en masse leur pays qui leur tourne le dos.

Ce voyage montre aussi l’urgence de la situation. Il n’y a plus beaucoup de gens qui croient qu’Abdelaziz Bouteflika sera encore à la tête de son gouvernement à la fin de son mandat en avril 2019. François Hollande peut bien vouloir que la transition au pouvoir se fasse de manière stable, mais pour cela, elle devra se passer dans un avenir proche et prévisible. Cependant, pour discuter avec le parti au pouvoir en Algérie, il faut parler son langage, soit celui de l’argent. Y aurait-il, une lumière au bout du tunnel? Empêtré dans le conflit Ukrainien, l’Europe veut augmenter ses importations de gaz algérien pour réduire sa dépendance à la celui de la Russie. Ne préférerait-elle pas voir les sommes investies en Algérie assurer la stabilité du pays en misant sur la démocratie et les forces vivre de sa jeunesse plutôt que sur le népotisme et la corruption du gouvernement actuel sans avenir ?

Michel Gourd

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Commentaires (5) | Réagir ?

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klouzazna klouzazna

Avant de sauter les pieds joints dans la marre, nos zozos devraient chercher les raison qui font que cet engin n'a pas pu trouver sa côte devant le Typhon Britanique ou le F18 et F22 américain !!! il y'a surrement une raison :::

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klouzazna klouzazna

ça rappelle bien son prédécesseur... qui voulait foruguer des CENTRALES NUCLEAIRES à Kaddaffi !!! c'est complétement barjot !!!

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