Bannir le communautarisme pour construire la République

Bannir le communautarisme pour construire la République

La manière la plus juste et la plus enrichissante pour l'humanité dans la gestion de la question très complexe et très sensible des identités et des ethnies passe essentiellement par la réflexion autour du double défi que les peuples autochtones lancent à l'ordre mondial : d'une part, l'obligation de leur donner leur juste place au sein de l'humanité et d'autre part, la nécessité de s'inspirer de la richesse de leurs cultures et de leurs valeurs pour permettre aux Femmes et aux hommes du monde de vivre en harmonie entre eux et avec la nature.

C’est dans cette vision que l’Algérie doit, impérativement, inscrire la solution à sa crise identitaire pour pouvoir conjuguer son authenticité avec les concepts modernes de l’état et de la république. Il faut cesser de faire l’amalgame entre le droit des peuples autochtones, le communautarisme, le concept de la décolonisation et la gestion des particularités culturelles et linguistiques.

Les conséquences du communautarisme, qui s’est toujours invité d’une manière passionnée et surtout erronée dans le débat public Algérien depuis au moins le mouvement national, sont destructrices pour la notion de république. La question identitaire qui est souvent considérée par le pouvoir est ses "élites" comme une menace à sa propre conception étroite de l'unité nationale doit se reformuler dans le cadre de la revendication d’un système qui permettra la renaissance des particularités régionales. Ceci sans pour autant verser dans des conflits ethniques et dans un communautarisme, très souvent entretenus et encouragés par le pouvoir afin garder sa main mise sur la société et empêcher l’émergence démocratique.

Le débat identitaire est repris régulièrement dans une société peu sûre d’elle-même, déstructurée par plus d’un siècle de colonialisme et par une guerre sanglante qui a laissé la société algérienne exsangue. Ce qui a aggravé la situation est que les régimes post-coloniaux n’ont jamais eu le courage d’aborder la question de l’identité de manière dépassionnée et courageuse pour la placer dans son véritable contexte. Il me semble nécessaire de dépasser l’opposition simpliste entre les termes de cette question, pour tenter de comprendre ou de réfléchir à l’avenir de notre société plurielle.

L’apparition d’une "pensée" communautariste est d’un discours tribaliste à la limite du racisme au niveau de la scène politique nationale qui est une conséquence directe de la politique négationniste pratiquée par le pouvoir en place depuis l’indépendance participe dans le retardement de l’avènement d’une république au sens moderne du terme.

Les "communautaristes" pour les appeler ainsi et qui étaient dans un passé récent d’authentiques démocrates se retrouvent, sans se rendre compte, dans une position d’alliés objectifs des islamistes et des conservateurs dans cette d’entreprise de remise en cause de l’esprit progressiste de la république. Ils torpillent la conscientisation de la société et de la classe politique qui doivent statuer sur un minimum républicain irréversible afin de permettre à notre pays d’accéder à la vraie notion de citoyenneté et d’aspirer au développement et à l’épanouissement économique nécessaires pour notre cohésion sociale.

Il faut recentrer les jalons des thématiques politiques et sociologiques dans le cadre de la problématique suivante :

Comment faire vivre la République dans une société plurielle et multiculturelle ? La réflexion autour de cette question nous apportera des réponses vitales pour la construction de notre république et la finalisation de notre indépendance inachevée.

N’est-ce pas Antonio Gramsci qui a dit que celui qui ne sait d’où il vient ne peut savoir ou il va ?

C’est dans le sillage de la réflexion de ce grand philosophe que nous affirmons aujourd’hui que la perspective de construction d’une Algérie plurielle, à travers l’adoption d’un système qui prend en charge les particularités régionales et qui passe par l’abolition pure et simple du jacobinisme, est possible.

Ceci constitue l’alternative la plus fiable et la plus adéquate à la situation Algérienne parce qu’elle a été déjà inscrite, dans notre histoire, à travers notamment l’expérience de la révolution Algérienne. L’organisation fédéraliste du congrès de la Soummam qui a su comment planifier la révolution en respectant les particularités régionales a fait vivre à notre pays un exploit historique qui est celui de la consécration de son indépendance.

Il est nécessaire pour la sauvegarde de la république de s’inspirer de l’expérience du passé et de la clairvoyance de la politique organisationnelle de la génération de Abane et Ben M’hidi.

Nous devons réfléchir sur la nécessité de vivre notre diversité et le devoir de respecter les particularités sociologiques, culturelles, linguistiques et surtout économiques de nos différentes régions tout en pensant à la manière de constituer des blocs régionaux à l’échelle Magrébine et africaine .

Il faut penser à la construction de l’Afrique du nord pour créer un véritable rapport de force au sud de la méditerranée et cesser l’hypocrite adhésion de l’Algérie à l’inutile et l’inefficace ligue arabe.

L’acharnement du nouvel ordre mondial à la reconfiguration politique et géographique de l’Afrique du nord, du Sahel et du moyen orient ne travaille en aucun cas pour les intérêts des peuples autochtones dans ces régions sensibles et fragilisées. Cette recomposition qui est d’ailleurs implicitement acceptée par toutes les dictatures de la région vise à mépriser plus nos cultures et nos valeurs historiques à travers un projet diabolique de création de zone de non souveraineté qui fera de nos peuples respectifs des troupeaux d’esclaves au profit des multinationales.

Ceux qui croient que ce nouvel ordre mondial soutient leurs options indépendantistes par respect au droit des peuples à l’autodétermination se trompent lourdement. Ce semblant de soutien n’est motivé que par la volonté des concepteurs de cet ordre de créer un terrain d’affrontement pour justifier leur intervention qui va, malheureusement, consacrer une partition qui permettra la concrétisation diabolique de cette zone de non souveraineté.

Les drames syriens, irakiens et libyens sont l’illustration de cette recomposition régionale et mondiale : les accords Sykes-Picot sont obsolètes et de nouvelles cartes se dessinent avec le sang des peuples.

Il n'y a que l’alternative des autonomies régionales dans une entité fédérée qui pourra nous sauver de la désintégration de la société provoquée par le communautarisme et le tribalisme entretenus d’une manière flagrante par un pouvoir mafieux qui se nourrit de la haine, des petro monarchies qui ne veulent en aucun cas l’émergence d’une Afrique du nord forte et un occident qui n’est intéressé que par notre sous-sol.

Pour conclure, nous considérons la question identitaire telle qu’elle est posée en Algérie comme étant une question démocratique et une revendication d’un droit de vivre ses particularités régionales. Nous devons nous inspirer de la richesse culturelle de notre grand peuple et de ses valeurs ancestrales pour construire une république qui bannira l’unicité et consacrera la diversité dans l’union.

Faire face à cette question avec courage et lucidité mettra un terme à un pouvoir corrompu qui ne perdure que par sa façon d’exceller dans la fabrication des faux débats et évitera le danger des guerres accompagnées des interventions étrangères que l’on constate chez nos voisins sous le prétexte fallacieux de "R to P" (Right to protect).

Moussa Nait Amara

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Commentaires (7) | Réagir ?

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Ahmed Mokas

JSK / Lettre à Mr FERGANI : du football à la politique de partition régionale.

Mr FERGANi,

Personne ne conteste vos prestations footballistiques (vous étiez une de mes idoles) pour le NAHD notamment, la JET et l'équipe d'Algérie.

Vous êtes KABYLE comme des centaines de personnes. Vous êtes d'abord Algérien comme les 1, 5 millions de gens qui se sont sacrifiés pour notre indépendance. Vos exploits à Tizi Ouzou se sont déroulés sous le sigle de la Jeunesse Electronique de Tizi Ouzou . A votre époque le mot KABYLIE avait été mis « au placard « par votre employeur l’entreprise d’état. Vous avez accepté ce statut (et je ne vous blâme pas) alors qu’à une autre époque des footballeurs talentueux de toutes origines ont préféré rejoindre Tunis pour défendre leur ’identité Algérienne. C’était là des hommes d’exceptions qui luttaient pour une cause juste.

Les enjeux sont maintenant différents et localisés. La JSK est plongée dans le monde du professionnalisme depuis peu. Elle connaît une période de moins bien, cette année surtout, en raison d’évènements exceptionnels dont vous avez parfaitement connaissance : la mort de la vedette Ebossé des sanctions diverses aux plans national et africain. Cette même année l’USMA de HADDAD a frôlée la Relégation et les « fils »de l’USMA n’ont pas réclamé le départ du président.

L’accession en 1ère division de la JSK a été un long cheminement. Les footballeurs de la JSK qui ont permis cette accession se nourrissaient de figues et de galettes en guise repas et n’ont jamais créé des troubles politiques ou réclamé des paternités pour occuper des postes dans le club. Ils ne permettaient à personne de s’ingérer dans son fonctionnement et ne faisaient pas « la une » du pseudo journal le BUTEUR pour s’attaquer à son président (qui comme d’autres a joué exclusivement pour la JSK). Vous auriez pu trouver le chemin pour lui venir en aide vous avez choisi la chasse à l’homme ….

Vous et vos amis du comité ne vous êtes pas indignés quand des gamins inconscients soutenaient les équipes adverses ou lançaient des pierres contre leurs propres joueurs. De plus vous et vos amis n’étiez pas au stade pour soutenir la JSK.

Alors de grâce, retournez à vos occupations habituelles, sortez de ce panier à crabes qui vous associe aux extrémistes dangereux du MAK (qui vous soutiennent et participent à vos marches) qui veulent réaliser une OPA POLITIQUE sous prétexte de résultats sportifs et conduire l’Algérie vers la partition régionale. En un mot arrêtez de donner du grain à moudre au journal LE BUTEUR qui s’attaque à la vie privé des familles et peut-être dans l’avenir à la vôtre.

Vous n’avez aucun mandat pour parler au nom d’un club légalement connue et reconnue.

Avec ou sans Mr HANNACHI la JSK doit vivre sa mue vers le professionnalisme sereinement. Vous pouvez participer à cette tâche en mettant plus d’intelligence dans votre démarche et plus de dialogue constructif avec les responsables légaux du club JSK

Votre sagesse et votre flegme de « jeune footballeur » doit reprendre le dessus.

Merci pour vos fans. MOKAS

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Amnay Djennadi

Allez au boulot !! allez convaincre vos compatriotes algériens de la nécessite des "autonomies régionales" Allez à constantine, tlemcen, annaba, oran. et n'oubliez pas d'éviter soigneusement de leur dire que vous êtes kabyle

Comme d'habitude M Nait Amara, toute votre réflexion est guidée par votre obsession du MAK, qui lui en tous cas vous ignore royalement et il a bien raison de le faire

Vous dites que " Ceux qui croient que ce nouvel ordre mondial soutient leurs options indépendantistes par respect au droit des peuples à l’autodétermination se trompent lourdement. ", ceux que vous visez, c'est à dire le MAK, sans avoir le courage de les citer, n'ont pas besoin de vous pour expliquer ce qu'ils pensent ou croient ! ils l'expriment publiquement et ont des positions autrement plus tranchées et courageuses que les vôtres, en particulier vis à vis de l'ONU et du droit international bafoué par ceux-là même qui en ont fait des lois internationales. Vous ne pouvez pas vous permettre de donner des leçons de morale au MAK, vous n'êtes pas en position de le faire.

Votre courage politique fait que vous évacuer la question de la langue araben imposéen et de la religion islamique, imposée, et vous faite comme si de rien n'était et venez nous chanter que "la question identitaire telle qu’elle est posée en Algérie " est "une question démocratique et une revendication d’un droit de vivre ses particularités régionales"

Vos "particularité régionales", allez les vendre à Tlemcen, si vous y arrivez ? En Kabylie, c'est TROP TARD

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