Les vieillards présidents, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, sont là non pas parce qu’ils ont encore des projets novateurs, mais parce qu’ils ont peur de finir leur vie seuls, dans l’indifférence la plus totale. Pour ces potentats, quitter le pouvoir est synonyme d’aller s'asseoir dans un coin et attendre la mort, ni plus ni moins !

Ajoutez à cela leur mégalomanie doublée d’un mépris total pour autrui et vous trouverez qu’ils sont convaincus d’être irremplaçables, du moins tant qu’ils sont en vie. Sinon, comment expliquer qu’après quarante années à la FIFA, dont dix-sept comme président, Sepp Blatter, 79 ans, s’est fait encore réélire pour un cinquième mandat ?

Que veut encore Sepp Blatter ? A cette question pour le moins embarrassante posée par un Algérien, le président de la FIFA répondrait sûrement de la sorte : "Moi, je peux au moins marcher, voyager et discourir." Se sentant visé, Abdelaziz Bouteflika, qui ne peut pas parler, certes, mais qui ne manque pas de tours dans son sac, ferait un clin d’œil à ses portes paroles attitrés, Louisa Hanoune et Amar Saadani, pour ne pas les nommer, qui n’hésiteraient pas une seconde à faire d’une pierre deux coups : se montrer reconnaissants envers le chef de l’Etat et clouer le bec au Suisse invétéré.

Le plus navrant dans l’affaire reste toutefois cette propension des vieillards présidents à dire une chose et son contraire. Sepp Blatter n’a-t-il pas demandé, les yeux dans les yeux, à Michel Platini et consorts de l’aider à obtenir un quatrième et dernier mandat, avant de décider, contre toute attente, de briguer un cinquième, toute honte bue ? Abdelaziz Bouteflika n’a-t-il pas avoué publiquement que sa génération a fait son temps, avant de décider, le plus sérieusement du monde, de briguer un quatrième mandat sur un fauteuil roulant ?

Ces vieillards présidents ont ceci de commun qu’ils ont pu mettre en place un système qui leur permettra de briguer et remporter autant de mandats qu’ils voudront. Ils se montrent tellement généreux en cours de mandats qu’ils mettent dans la situation de redevables tous ceux par qui le sacre arrivera.

Une bonne nouvelle enfin : après son élection pour un cinquième mandat, Sepp Blatter a laissé entendre qu’il ne briguera pas un sixième. Ouf, il était temps ! Reste à savoir maintenant si notre chef de l’Etat lui emboîtera le pas en annonçant lui aussi quand comptera-t-il transmettre le flambeau.

Quant à la vraie succession, elle attendra encore longtemps en Algérie !

Ahcène Bettahar