Yémen: Saleh dit avoir refusé les millions de dollars de Ryad

L'ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh
L'ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh

L'ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh a déclaré vendredi avoir décliné des millions de dollars que lui proposaient selon lui les Saoudiens pour se retourner contre les rebelles chiites Houthis, dont il est un allié.

"Ils (les Saoudiens) nous ont dit: 'Nous vous paierons des millions de dollars si vous devenez nos alliés' contre les Houthis, a indiqué M. Saleh lors d'un entretien à la chaîne de télévision Al-Mayadeen, basée à Beyrouth. Nous ne lâcherons pas les Houthis", a-t-il ajouté, précisant avoir rejeté cette offre formulée par un ancien ambassadeur saoudien au Yémen.

Ryad dirige depuis fin mars une coalition menant des frappes aériennes au Yémen contre les Houthis, qui sont aidés par des forces yéménites restées fidèles à M. Saleh après son départ du pouvoir en 2012, sous la pression populaire.

Sur le terrain, cette rébellion se heurte aux forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi, qui s'est réfugié à Ryad face à l'avancée des Houthis. Ces derniers ont conquis la capitale Sanaa en janvier avant d'avancer vers l'ouest et le sud pour atteindre Aden, la grande ville du sud, le 26 mars, premier jour de l'opération conduite par l'Arabie saoudite, qui consiste également en un blocus aérien et maritime du Yémen.

Le conflit a pour l'instant fait près de 2.000 morts et 8.000 blessés, dont des centaines de femmes et d'enfants, selon l'Organisation mondiale de la santé.

M. Saleh a assuré lors de cet entretien qu'il ne cherchait pas à reprendre le pouvoir ni à y porter son fils Ahmed, qui dirigeait l'influente Garde républicaine lorsqu'il était à la tête du pays. "Je le dis et je le répète, je ne retournerai pas au pouvoir et je ne l'accepterai pas ni pour moi ni pour mon fils..., a indiqué M. Saleh. J'ai quitté (le pouvoir) et c'est fini."

Dans leur (les Saoudiens) imagination je demeure un obstacle à un règlement de la crise, a-t-il ajouté.
M. Saleh a accusé le royaume saoudien sunnite de semer la sédition dans son pays mais a également ouvert la porte au dialogue: Tôt ou tard, nous aurons des discussions avec l'Arabie saoudite.

Ryad accuse les Houthis d'être soutenus militairement par l'Iran, le grand rival régional de l'Arabie. Téhéran dément fournir toute autre aide qu'humanitaire. Selon M. Saleh, les Etats-Unis, alliés de Ryad, et l'Iran discuteraient à Oman de la mise en place d'une médiation entre Téhéran et Ryad.

Le chef de la diplomatie iranienne était mardi à Oman, où il a notamment discuté avec des responsables omanais de la situation au Yémen, alors qu'une délégation houthie était également présente jeudi dans ce pays, le seul du Golfe à ne pas participer à la coalition arabe.

M. Saleh, qui est resté 30 ans aux commandes du pays, continue de diriger l'influent parti du Congrès populaire général (CPG), principal parti du pays auquel a appartenu M. Hadi. L'ex-homme fort du Yémen n'a pas caché le peu d'estime qu'il porte à son successeur. Le président Hadi est fini, il a pris la fuite et laissé le pouvoir aux Houthis, a-t-il déclaré. La chaîne n'a pas précisé quand l'enregistrement avait été fait mais a indiqué que l'entretien s'était déroulé depuis Sanaa.

AFP

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