A défaut de lecture globale, quelques détails significatifs

Abdelaziz Bouteflika
Abdelaziz Bouteflika

Si elles venaient à se confirmer, les rumeurs persistantes sur le retour du binôme Belkhadem/Ouyahia à la tête de leurs appareils respectifs seraient une clef pour décrypter le réaménagement gouvernemental intervenu jeudi 14 mai 2015. En attendant, il serait hasardeux de tenter une lecture globale sur un choix de gouvernance décidément affranchi de toute logique institutionnelle ou politique lisibles et transparentes.

Tout au plus, peut-on s’aventurer à l’approche de quelques éléments dont il peut paraître possible de donner un certain sens. Nadia Labidi, ex-ministre de la Culture, si elle ne paie l’audace de vouloir défendre son honneur devant la justice, pourrait devoir sa disgrâce à une certaine tiédeur ou "retenue" dans la défense de la dispendieuse et fourbe année "arabe" de Constantine.

De toute façon, il y a peu de chance de se tromper dans la lecture de ce point, les scandales et suspicions de prévarications n’ont jamais fait chuter de ministres dans ce pays, bien au contraire dirait-on. Se confirme par la même occasion le rôle d’attaché de presse dévolue à la patronne du PT, Louisa Hanoune.

La promotion du recteur de l’Université d’Alger, Tahar Hadjar, personnage sourcilleux sur la longueur des jupes de le gente universitaire féminine et déconcertante de promptitude lorsqu’il s’agit de soutenir ses agents de sécurité, confirme que l’abandon de la sphère de la pensé et de la culture aux chantres du conservatisme reste la constante la plus pérenne du régime. Confirmation s’il le fallait : la nomination d’Azzedine Mihoubi à la "Culture".

La nomination de Tahar Khaoua, chef du groupe parlementaire du FLN, à la liaison du gouvernement avec les deux chambres du parlement, ne se justifierait par aucune qualité de l’intéressé, à tel point que Boubekeur Derguini, ancien parlementaire FFS, pleure publiquement du fait de cet outrage fait à la patrie. Seule la bataille de clochers intra-FLN serait à l’origine de sa promotion.

Le poste des finances laissé vacant pour des raisons de santé - tout le monde n’est pas "fakhamatouhou" - voit arriver un technicien de valeur qui ne fera pas plus que son prédécesseur. La nomination d’Abderrahmane Benkhalfa servira longtemps d’aune à la mesure de l’arrogance du système. En cela, il rejoint le sort de Nouria Benghebrit : des ministres qui peuvent tant, mais qui ne feront rien. A se demander comment ils en sont arrivés à accepter le mauvais sort ministériel qui est le leur.

Youcef Yousfi part... mais, probablement, pour mieux revenir. Cet homme qui a été jugé suffisamment digne de confiance pour lui confier l’intérim le temps de la direction de la campagne de la quatrième intronisation, a tout à gagner à être loin des retombées négatives du dossier des gaz de schistes. Une façon de le préserver, surtout que ses successeurs auront à tenir la même barre sous le même vent.

L’arrivée de Nouredine Badaoui, au ministère de l’Intérieur vise-t-elle autre chose qu’à mettre un terme aux chamailleries fratricides de deux enfants du clan ? L’un Tayeb Belaïz, serait spécialement conseiller du chef de l’État, l’autre, le DGSN, consolide son aura : il aura survécu à la protesta des URS et à son ministre de tutelle.

L’intérêt médiatique du magazine Thalassa pour le littoral algérien semble finalement avoir été un prélude à celui du gouvernement Sellal au même secteur. Après une succession d’annonces, voici la nomination de l’un des gardes prétoriens du système à sa tête. Amar Ghoul semble avoir une prédilection pour les portefeuilles à fort budget. Nul doute que le secteur du tourisme va connaître une dynamisation comme le régime en a le secret. Mais avec quels partenaires ? L’intérêt français pour ce secteur va-t-il se confirmer lors de la prochaine visite de François Hollande ? A suivre avec intérêt.

Mohand Bakir

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Commentaires (6) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

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khelaf hellal

C'est l'essoufflement après essoufflement, ouf ! On va enfin pouvoir recommencer depuis le début ce qu'on n'a pas pu faire aboutir. L’éternel recommencement des peines perdues et inutiles comme dans le cycle absurde de la remontée du rocher du mythe de Sisyphe. Il faut refaire autant de fois pour rattraper l'échec après l'échec de leur tentative de nous sortir du bourbier dans lequel ils nous ont empétré. Le grand echec que l'on croyait être le dernier nous est finalement programmé et réservé pour la prochaine fois et ainsi de suite...

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