Moumen Khalifa au tribunal : un procès cousu de fil blanc

Abdelmoumène Khalifa.
Abdelmoumène Khalifa.

Tout porte à croire que Abdelmoumène Khalifa protège ses arrières en évitant d'impliquer les enfants du système. On est enclin à se poser la question sur l'existence d'un deal.

Au troisième jour de son audition au tribunal de Blida où se déroule son procès depuis une semaine, l'ex-milliardaire Abdelmoumene Khalifa est resté imperturbable. Il répondait aux questions comme s’il récitait une leçon apprise la veille : les circonstances de la création de Khalifa Bank, les dépôts des entreprises publiques, le transfert d’argent et l’autonomie de Khalifa Airways de la structure mère. Tout laisse entendre que le sujet d’examen était déjà connu à l’avance.

Aucune illégalité commise, selon lui. Mais tout au long de cette audition, il a évité les questions qui fâchent et qui ont des connexions politiques, en rapports à l’éthablissement. C’est comme en commun accord, le président du tribunal a également joué le jeu en occultant ces questions et les noms de personnalités, citées pourtant lors du premier procès. On est loin de "dire tout", lancé par l'ex golden boy à partir de son exil londonien en 2007, au moment où il se tenait son procès par défaut. De "je dis tout", il est passé à "je ne peux pas dire tout". Une stratégie de défense ou un deal passé avec le régime, qui est attelé depuis quelques mois à se débarrasser des boulets qu’il traine depuis des années en liquidant les procès encombrants ?

Une hypothèse qui est soutenue par Me Khaled Bourayou, l’avocat de l’ancien directeur de la BDL de Staouéli, qui n’exclut pas que le procès soit réduit "à une affaire d’octroi de quelques billets d’avion et des places payées au thalassothérapie".

Les voitures de marque Mercedes achetées au profit de la présidence en nouvelle version, Abdelmoumene Khalifa n’avait qu’un rôle de convoyeur. Et les dépôts des entreprises publiques n’étaient attirés, selon le principal accusé, que par l’appât des intérêts pratiqués par Khalifa Bank et aucune instruction n’avait été donnée dans ce sens. Aucune explication à propos des recrutements des enfants des dignitaires du système n’a été fournie à la cour, comme d’ailleurs le financement des galas et concerts de certains artistes, Adel Imam, Amel Wahbi, Cheb Mami, etc.. ;, ou les voyages organisés au profit de certains artistes étrangers pour vendre «la nouvelle image de l’Algérie».

Le montage de la version Khalifa TV en Algérie, KTV, n’a pas été aussi abordé et pourtant celle qui avait été installée directrice de la chaîne a reconnu en 2007devant la cour qu’elle avait perçu 10 000 euros. Il s’agit de Samira Hadjilani, qui occupait au même moment le poste de directrice chargée des accréditations au niveau du ministère de la Communication. La désignation à ce poste est faite par décret présidentiel. Elle avait reconnu devant le tribunal que son ministre de tutelle, Khalida Toumi, l’aurait autorisée pour prendre la direction de KTV Algérie pour mieux contrôler l’information. Rappelons-le, toute une équipe de journalistes et des responsables, dont Soraya Bouamama, qui travaillait au même moment à l’ENTV, avait été recrutée et dans sa majorité soupçonnée comme proche du colonel Fewzi, qui était à l’époque responsable de l’information au niveau du DRS à Ben Aknoun. La chaîne n’a pu émettre suite à l’opposition de Khalifa émise sur la composition de l’équipe alors qu’il venait de s’affranchir de la présidence.

Enfin, c’est avec une grande assurance que Abdelmoumene Khalifa a géré son audition et en permettant même de donner des leçons magistrales au président du tribunal. Connaissant sur les doigts de la main le dossier, il s’est permis de lancer des flèches à l’encontre de ceux qui avaient expertisé Khalifa Bank en déclarant qu’elle était bénéficiaire et elle jouait d’un excédant. "97 milliards de dinars dans les caisses", aurait-il laissé avant de fuir le pays.

Il n’a rien révélé finalement de ce que l’opinion ne savait pas. C’est un procès d’un enfant du système qui est appelé un jour à revenir dans le giron de ce même système qui l'a fait puis défait !

Youcef Rezzoug

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Commentaires (3) | Réagir ?

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mayass dami

enfin la montagne a accouchée d'une souris

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mohand tawdect

Ils sont persuadés qu'ils ont donné un os aux râleurs pour les leurrer mais il est certain, pour les "leurrés"que cette mascarade est le procès des larrons qui ne sont pas cités et ne seront jamais cités tant qu'ils maîtrisent leur mécanique répressive !

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