France : le FN se saisit du cas Jean-Marie Le Pen, en son absence

Jean-Marie Le Pen
Jean-Marie Le Pen

Le bureau exécutif du Front national s'est réuni lundi pour décider de sanctions contre Jean-Marie Le Pen après des déclarations polémiques qui ont déclenché une guerre ouverte avec la présidente du parti, sa fille Marine Le Pen.

Appelé à se présenter devant une instance qualifiée pour prendre des sanctions disciplinaires, Jean-Marie Le Pen a ignoré la convocation et a quitté le siège du FN à l'issue du bureau politique tenu le matin.

Les dirigeants actuels de la formation d'extrême droite cherchent à éviter que les provocations du président d'honneur n'écornent la stratégie de "dédiabolisation" engagée par Marine Le Pen, qui a succédé à son père à la tête du parti en 2011.

Tout au long du week-end, ils ont martelé le même message : Jean-Marie Le Pen ne peut parler au nom du FN et engager le parti lorsqu'il réitère ses propos sur les chambres à gaz nazies, "détail" de l'Histoire selon lui, comme il l'a encore fait mi-avril.

Cette sortie, ainsi que des propos de soutien au maréchal Pétain ont contraint l'ancien président du FN à renoncer à briguer la présidence de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Le co-fondateur du parti a toutefois refusé de faire profil bas lors du rassemblement traditionnel du FN du 1er-Mai en s'invitant de manière impromptue à la tribune alors qu'il avait été tenu volontairement à l'écart.

De même, il a soigné sa sortie lundi en refusant un passage devant une instance disciplinaire après un bureau politique durant lequel il a été, selon ses propres mots, "désavoué". Mais il a aussi abondé dans le sens de sa fille en assurant qu'il s'exprimait désormais en son nom et non comme dirigeant. "Je ne parle plus au nom du Front national depuis que je ne suis plus président. Depuis quatre ans que Marine Le Pen est présidente, c'est elle qui parle au nom du Front national. Moi, je parle au nom de Jean-Marie Le Pen", a-t-il dit en quittant le siège du parti à Nanterre (Hauts-de-Seine).

Museler

Ces propos pourraient satisfaire Marine Le Pen qui, dimanche, avait souhaité empêcher son père de représenter publiquement le parti, laissant même entendre qu'elle ne s'opposerait pas à l'exclusion du toujours député européen.

Or exfiltrer le président d'honneur du mouvement ne serait pas simple, plusieurs des cadres du FN reconnaissant que seul un congrès extraordinaire pourrait lui retirer son titre.

Le bureau exécutif devait donc trancher lundi en partant du constat, comme le disait le vice-président Louis Aliot sur Sud Radio, qu'il n'y a "pas de conciliation possible entre deux lignes politiques bien définies, celle que Marine le Pen incarne et qui a été adoubée par le congrès et celle de Jean-Marie Le Pen qui dit que c'est par le scandale que nous avançons."

Mais comme d'autres, et parce que Jean-Marie Le Pen est un franc-tireur encore populaire chez des militants, il avait émis des réserves sur une éventuelle exclusion. "Vous n'arriverez pas plus à le museler dedans que dehors, ce qui importe c'est que sa parole n'engage pas la ligne politique et le programme du Front national", a-t-il dit.

"Il est un membre du FN et doit en respecter les règles, s'il ne les respecte pas c'est lui-même qui s'exclut de la ligne politique du Front national." La majorité des membres de la direction du FN ont souscrit à cette ligne lundi puisque le bureau politique, dont Jean-Marie Le Pen est membre, a adopté une résolution pour "désapprouver les propos tenus et répétés" par ce dernier.

"Le bureau politique (...) ne saurait accepter toutes les opinions et [considère] que le principe de responsabilité d’une formation patriotique, nationale et républicaine impose à ses cadres, dirigeants ou militants les mêmes obligations."

Reuters

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