La presse algérienne : entre pénalisation et autocensure

La presse algérienne soumise à des pressions et censures diverses.
La presse algérienne soumise à des pressions et censures diverses.

Dans l’impossibilité de faire adopter de manière consensuelle son projet de Constitution et son orientation économique national-libérale, le pouvoir semble reprendre une nouvelle fois le virage de la manière forte. Chaque jour apporte son lot de remise en cause du pluralisme, de l’Etat de droit et de la démocratie.

Le pouvoir ne peut plus, cependant, aussi facilement réclamer l’assentiment de la communauté internationale et se reposer sur la répression comme en attestent le dernier rapport d’une ONG sur les droits de l’homme ou la toute récente déclaration de l’Union européenne. Sa manière de faire nous indique seulement ce qu’il veut inscrire dans la loi et l’usage qu’il veut en faire, comme en attestent déjà la loi sur le cinéma ou celle sur le livre.

Les médias semblent particulièrement visés par des velléités de mise au pas qui anticipent sur les prochaines évolutions du pouvoir. Ce dernier se trouve, peut-être plutôt qu’il ne l’a prévu, à la croisée des chemins, et l’Algérie à la veille d’une nouvelle bifurcation grosse de conséquences. C’est pourquoi, tandis que le monde s’apprête à célébrer la journée mondiale de la liberté de la presse, le MDS relève de nombreux signes inquiétants.

Après l’appel au meurtre d’un chroniqueur proféré par un islamiste et alors qu’un journaliste est toujours en prison, nous assistons à la mort d’une émission de télévision décrétée par les dirigeants de la chaine qui la diffusait. Ces faits s’ajoutent à d’autres mesures qui visent à endormir l’opinion publique en s’assurant du contrôle des médias.

S’il faut se féliciter des campagnes de solidarité contre les menaces et les mesures de rappel à l’ordre des autorités de régulation de l’audiovisuel, ces faits nous rappellent cependant de précédents épisodes de normalisation au cours desquels des plumes singulières et critiques donc respectées et nécessaires avaient été emprisonnées, dont Mohamed Benchicou et notre défunt camarade Bachir Laribi auquel le MDS rend hommage.

Notre Mouvement condamne ces pratiques lourdes de menace pour l’indépendance et le travail des journalistes qui ont déjà payé un lourd tribut dans la résistance au terrorisme islamiste et face à l’arbitraire. Il se solidarise avec les correspondants de presse locaux qui marcheront à Bouira pour demander l’égalité de traitement avec leurs collègues des rédactions nationales.

Notre mouvement estime que la vulnérabilité politique de la presse réside aussi dans une prise en charge incorrecte des revendications des travailleurs du secteur, dans une solidarité insuffisante avec les journaux suspendus d’impression comme Djazaïr news. Enfin, la dénonciation incomplète de l’utilisation de la manne publicitaire, que ce soit à des fins politiques ou de monopole commercial et l’inscription de la presse dans des agendas partisans qui réfutent la défense conséquente des principes démocratiques ont contribué à son affaiblissement.

Le MDS considère que le combat pour le pluralisme est plus justifié que jamais et doit être amplifié, en veillant en particulier à rééquilibrer le débat politique au niveau des médias publics. Il appelle à la vigilance sur le respect de la liberté et de la diversité et à rejeter aussi bien les tutelles politiques que financières sur les moyens d’information. La lutte et l’usage des libertés d’expression et de presse participent, activement, à la transition du despotisme néolibéral vers un Etat démocratique adossé à une économie productive. Ces libertés doivent être complètes !

Alger, le 2 mai 2015

Le Bureau national du MDS

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Commentaires (1) | Réagir ?

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klouzazna klouzazna

Quoi attendre de bien... d'une commission provisoire... qui délivre des cartes provisoires... à des journalistes... provisoires !!!