Burundi : les autorités ferment les résidences universitaires de Bujumbura

Le peuple burundais debout contre le pouvoir.
Le peuple burundais debout contre le pouvoir.

Les autorités burundaises ont fermé jeudi les résidences universitaires de Bujumbura, officiellement pour des problèmes de sécurité mais en fait, selon les étudiants, pour tenter d'arrêter les manifestations contre un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les cours ne sont pas interrompus, mais la fermeture des résidences, décidée mercredi sur ordonnance du gouvernement, affecte des milliers d'étudiants qui viennent souvent de province. Des journalistes de l'AFP ont vu des dizaines d'entre eux évacuer un campus, celui de Kiriri, jeudi matin, valise à la main.

La décision est injuste, a estimé Léopold, 29 ans et étudiant en génie civil. Ce serait officiellement lié à l'insécurité qui règne dans les zones universitaires, mais s'il y avait de l'insécurité, nous serions les premiers à le constater. Or la sécurité est totale. Ils espèrent que cette mesure permettra d'arrêter les manifestations, a-t-il poursuivi, ajoutant que les autorités accusaient des étudiants membres de l'opposition d'être logés sur les campus.

Des étudiants ont toutefois confirmé avoir entendu des tirs dans les environs au cours de la nuit. Kiriri est un quartier huppé de la capitale, où vivent de nombreux expatriés et une population burundaise aisée.

Mercredi déjà, des étudiants avaient dénoncé la fermeture des restaurants universitaires, destinée selon eux à faire rentrer dans les provinces les étudiants participant aux manifestations. Interrogé jeudi par l'AFP, le recteur de l'Université du Burundi, Gaspard Banyankibona, a assuré que les étudiants pourraient revenir quand la sécurité sera rétablie.

Les manifestations ont débuté dimanche à l'appel de la société civile et d'une partie de l'opposition, au lendemain de la désignation de Pierre Nkurunziza par son parti (Cndd-FDD) comme candidat à la présidentielle du 26 juin.

Les rassemblements, jusqu'ici restreints aux quartiers périphériques de la capitale, ont été émaillés de heurts parfois violents avec la police.

Jeudi matin encore, des incidents ont été signalés par des témoins dans plusieurs quartiers de Bujumbura.

Les opposants à un troisième mandat de Pierre Nkurunziza, élu une première fois par le Parlement en 2005 et réélu au suffrage universel en 2010, estiment qu'il serait inconstitutionnel. La Loi fondamentale du Burundi limite à deux le nombre de mandats présidentiels.

Mais le camp Nkurunziza assure que le premier mandat de son champion, en tant que premier président post-transition élu au suffrage indirect, ne doit pas être pris en compte dans le calcul.

AFP

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