Du mirage du gaz de schiste en général à celui du fluoropropane en particulier

Le gouvernement entend poursuivre l'exploration puis l'exploitation du gaz de schiste malgré les risques écologiques.
Le gouvernement entend poursuivre l'exploration puis l'exploitation du gaz de schiste malgré les risques écologiques.

Alors que les militants anti-gaz de schistes attendent toujours la réponse du chef de l’Etat concernant la demande de moratoire sur la question de l’exploitation des gaz de schistes en Algérie, demande formulée le 23 février 2015, nous voilà propulsés dans un autre débat, celui de la fracturation au fluoropropane tombé du ciel pour certains. La révélation.

Cette technique, qui n’a jamais été testée sur terrain, est mise à l'honneur en 2013 grâce au rapport Montebourg dans lequel l’Office français des conjonctures économiques (OFCE) réalisait le volet économique. Deux ans plus tard les conclusions de l’OFCE sont loin de l’optimisme du départ. En effet la rente estimée à 300 milliards de dollars sur 30 ans s’effondre a moins de 20 milliards sur 45 ans.

Sur le plan chimique, les promoteurs de cette technique nous assurent que le fluoropropane est non inflammable à l’inverse du propane. Il n’en demeure pas moins que le stockage de grandes quantités de ce gaz n’élimine pas ce risque, que quel que soit le produit injecté, les sites de fracturation se comportent comme de vrais réacteurs chimiques, capables de produire des composés inconnus et inattendus extrêmement toxique pour la santé humaine et pour l’environnement. Pour finir, il faut rappeler que le fluoropropane a un effet sur le réchauffement climatique 3000 fois supérieur a celui du C02 comme l’a si bien rappeler la ministre française actuelle de l’environnement Ségolène Royal, réfutant par la même, l’idée d’une exploitation propre des gaz de schistes. Certains osent même le slogan de "fracturation écologique".

Pour toutes ces raisons, la question de l’exploitation des gaz de schistes par le fluoropropane, comme dans les autres pays, n’a pas lieu d’être en Algérie.

Aujourd’hui, seul le Moratoire permettra d’ouvrir un débat serein sur l’avenir énergétique de notre pays avec une sortie de crise honorable pour les deux parties.

Le Collectif national pour un moratoire sur le gaz de schiste (CNMGS) est né le 25 février pour soutenir l’appel à moratoire de In Salah. Au-delà de son combat contre l’exploitation des gaz de schistes en Algérie, le CNMGS se projette dans une vision plus large, celle du développement durable, de l’économie d’énergie et de la diversification des ressources énergétiques. Il prône également la nécessité d’une économie à valeurs ajoutés qui épargnerait l’Algérie des aléas d’un modèle rentier arrivé à ses limites.

Il est temps que l’Algérie pense à un autre modèle de croissance, intelligente, durable et inclusive.

Dr Sabrina Rahmani

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