"Et la mer elle-même n’aura plus aucun sens" de Nacer Achour

Nacer Achour
Nacer Achour

L’écrivain, romancier-poète Nacer Achour vient de signer son retour, quinze années après la publication de son premier roman, Dernier Eté, aux éditions l’Harmattan, avec cette fois-ci "Et la mer elle-même n’aura plus aucun sens", une autre fiction inspirée du vécu de l’auteur lui-même et dont le personnage principal n’est autre que le Malek Ben Amer, du premier livre, qui réapparaît, comme l’auteur (Coïncidence !?), quinze années après sa disparition involontaire, durant tout ce temps où les siens avaient cessé de l’attendre, sans toutefois se résigner à faire le deuil de celui dont on avait la certitude qu’il était mort.

Encore une fois, tel un jouet, Malek subit son destin sans résistance aucune du moment qu’il a fini par y croire et par l’accepter. Encore une fois, comme dans le premier ouvrage, le lecteur ne connaîtra pas ce qui aura été décidé pour lui. Malek lui-même l’ignore. Il ne fait qu’attendre et en attendant, nous sommes invités à revisiter avec lui, le passé, c’est-à-dire une trentaine d’années en arrière, dans cette Algérie des années quatre-vingt qui venait d’avoir vingt ans d’indépendance, une Algérie jeune, qui subissait néanmoins les assauts d’une arabisation forcenée et d’une islamisation qui se poursuit avec plus d’acuité, quand une partie de l’élite, consciente des dangers des lendemains, militait, avec tous les sacrifices que cela supposait, pour l’émancipation du pays à travers un combat identitaire, pour la démocratie et les droits humains, qui déboucha sur Octobre…

Malmenés par les bouleversements dans leur vie naissante, qu’ils subissaient dans leur chair et leur âme, partagés à chaque fois entre deux espaces, deux perspectives, deux amours, deux idéaux, les protagonistes se sentaient, chacun vers un destin embarqué, tels d’éternels frustrés qui aspiraient tout un chacun, à sa manière, au bonheur, un bonheur dont ils ignoraient la signification, à vrai dire, au point d’ignorer que ce bonheur-là, il était en train de leur échapper, parce qu’ils étaient, en fait, en train de le connaître et qu’ils n’avaient pas su le garder ou le vivre intensément.

De la mer à la montagne, de la montagne à la mer, nous retrouvons cette odeur du pays et ses petites gens, la beauté de ces deux espaces intimement liés à une terre qu’on emporte avec soi, qu’on rêve de retrouver par la suite, les souvenirs d’une enfance lointaine, la vie qui fut celle des parents et des grands-parents, que le nouvel ordre politico-économique mondial allait irrémédiablement bouleverser...

Conscient mais vulnérable, Malek encaisse les coups, esquive certains, tombe mais se relève, se révolte à sa manière, résiste aux assauts du Mektoub avant d’envisager des solutions qui ne dépendent pas toujours de sa volonté, se résout à affronter la vie en dépit de la solitude imposée comme tout le reste et avec quoi il va lui falloir négocier et composer.

Histoire émouvante d’un retour presque impossible à la vie après quinze années d’absence.

Nourdine Amarni

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Commentaires (1) | Réagir ?

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tahar foli

merciiiiiii