Une succession à l'algérienne

Une lutte sourde agite les hautes sphères du pouvoir.
Une lutte sourde agite les hautes sphères du pouvoir.

Une succession au palais d’El Mouradia se profile à l’horizon dans un climat politique plein d’angoisses et d’incertitudes.

Tous les scénarios sont prévus par la constitution, certes, mais celle-ci est sur le point d’être amendée avec tout ce que cela comporte comme risques d’aller droit vers un simulacre d’élections, comme d’habitude. Tout le monde se remémore, en effet, les successions passées, et chacun sait maintenant qu’elles ont été toutes douteuses, pour ne pas dire anticonstitutionnelles.

La preuve, le 19 juin 1965, Houari Boumediene succède à Ahmed Ben Bella en qualifiant sa succession de "redressement révolutionnaire" et en décrétant cette date jour férié. Il a fallu attendre plusieurs décennies pour se rendre à l’évidence et appeler enfin ce 19 juin par son nom : un coup d’Etat.

Après la mort de Boumediene, tout portait à croire que le tout puissant FLN, parti unique devant l’Eternel, désignera Abdelaziz Bouteflika ou Mohamed Salah Yahiaoui comme candidat unique, mais c’est Chadli Bendjedid qui sera adoubé par ses pairs, sous prétexte qu’il est le plus ancien militaire dans le grade le plus élevé (colonel). Un argument réfuté par Abdelaziz Bouteflika qui soutiendra mordicus que le défunt président a laissé une lettre dans laquelle il le désignait comme son successeur, oubliant ou faisant semblant d’oublier que l’Algérie n’est pas une monarchie.

En janvier 1992, forcé ou de son plein gré, le commun des mortels ne le sait pas encore, Chadli Bendjedid démissionne en précisant bien qu’il avait dissout l’APN auparavant. Cette dissolution, loin d’être fortuite, créera mine de rien un vide constitutionnel que d’aucuns utiliseront pour décider de l’arrêt du processus électoral. Un mal nécessaire, selon ses initiateurs. Abdelaziz Bouteflika, lui, y verra une première violence.

Les successions se suivent encore et se ressemblent. A chaque fois, le nom du futur locataire d’El Mouradia est connu d’avance, comme pour perpétuer une succession à l’Algérienne. Reste à savoir maintenant si la succession d’Abdelaziz Bouteflika se déroulera comme les autres, à l’Algérienne, ou si elle sera l’exception qui confirme la règle.

L’Algérien lambda sait une chose, en tout cas : Abdelaziz Bouteflika tentera de peser de tout son poids sur le choix de son successeur, en recourant s’il le faut à des stratagèmes dont il a le secret. Ce sera son dernier baroud d’honneur.

Ahcène Bettahar

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