Quand Abdelaziz Bouteflika ne sait plus quoi faire

Bouteflika entend amender une Constitution qu'il a déjà violée une première fois en 2008.
Bouteflika entend amender une Constitution qu'il a déjà violée une première fois en 2008.

La démocratie et la diversification de son économie, voilà ce qui manque à l’Algérie, non une énième constitution bâclée dans des salons feutrés.

Il y a quelques années, lors d’une visite officielle dans notre pays, le président de la Banque mondiale n’a pas hésité à rappeler aux Algériens les graves dangers qu’ils encourent en ne comptant que sur les recettes des hydrocarbures. Mais les prix du pétrole étaient tellement élevés que les propos du président de la BM ont eu l’effet d’un prêche dans le désert. C’était l’époque bénie où l’argent coulait à flots. C’était aussi l’époque où on chantait inlassablement cette antienne : l’ère du pétrole à moins de cent dollars est révolue.

Rassurés qu’ils étaient, nos gouvernants avaient commencé alors à dépenser sans compter. Tout y passera : de l’autoroute la plus chère au monde, à la troisième plus grande mosquée au monde, en passant par l’effacement des dettes de pays du tiers monde. Devenu une sorte de filon, notre pays verra les grands dirigeants de ce monde se bousculer à son portillon. Les uns viendront pour du pétrole, d’autres pour des crédits, d’autres encore pour des parts de marché pour leurs produits de pacotille. Très malins, certains d’entre eux useront de flatteries envers le Président en le présentant comme quelqu’un de très expérimenté auquel on demande conseils et orientations, non pas pour ses beaux yeux bleus mais pour leurs intérêts matériels.

Et le ballet diplomatique se poursuivra ainsi de longues années, jusqu’au jour où, en se levant le matin, les Algériens découvrent avec effroi que le prix du pétrole a commencé à chuter inexorablement, que les grands de ce monde ont subitement oublié la destination Algérie et que nous n’avons désormais que nos yeux pour pleurer sur notre sort qui dépond à 95 % du pétrole.

Certes, il arrive à tout dirigeant qui se respecte de se tromper, de passer à côté de son sujet ou de ne pas voir venir le danger, mais le même dirigeant, pragmatique qu’il est, prend immédiatement les mesures qui s’imposent, allant parfois jusqu’à démissionner. Et ça marche presque à tous les coups. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe dans le football pour comprendre qu’il suffit parfois d’un changement de staff pour provoquer le déclic, et voir ainsi le club remonter allégrement dans le classement.

Une chose est sure cependant, nos gouvernants ne sont pas prêts de reconnaître leur échec et continuent donc à soutenir mordicus qu’ils sont les seuls à même de sortir le pays de son impasse. Nous voulons bien les croire, mais des questions simples se posent et méritent des réponses claires, précises et sans détours. Si on n’a pas réalisé grand-chose en quinze ans avec un pétrole largement au dessus de cent dollars, qu’en sera-t-il avec un baril à moins de cinquante dollars ?

En réalité, nos gouvernants ont d’autres chats à fouetter. Rompus à l’art de gouverner par la ruse de paysans, ils ne sont obnubilés que par une chose : se maintenir au pouvoir, quitte à devenir la risée du monde. Quitte aussi à croiser le fer par sbires interposés avec tout empêcheur de gouverner en rond. Les sorties médiatiques du secrétaire général du FLN à la veille du quatrième mandat en sont l’illustration parfaite.

Le plus aberrant reste toutefois cette propension à vouloir changer de constitution. Chadli Bendjedid l’a changée, Liamine Zeroual et Abdelaziz Bouteflika ont fait de même, mais aucun d’entre eux n’est arrivé à diversifier l’économie algérienne. Du coup, on est tenté de dire que quand ils ne savent plus quoi faire, nos gouvernants changent de constitution.

Pauvres présidents des USA qui se sont succédé à la Maison Blanche, sans jamais penser à amender la constitution américaine de façon à rester à vie aux commandes de la première puissance mondiale !

Ahcène Bettahar

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Commentaires (14) | Réagir ?

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haroun hamel

Le peuple algérien est soumis à ce qu'on appelle le syndrome de "l'impuissance acquise" qui est un syndrome qui pousse l'être humain, a force d'échec, à croire qu'il est incapable de résoudre un problème. Il pense qu'il n'y a rien à faire, rien qui peut changer sa condition.

Ce président qui n'a aucune légitimité sait que pour faire carrière et se maintenir il doit servir les intérêts des puissants du moment (France/USA), le peuple, lui, n'a pas son mot à dire. Il va procéder à un nouveau viol constitutionnel avec la complicité du parlement pour protéger sa sortie et celle de son clan. Normalement la constitution doit protéger le peuple des abus du pouvoir et de ses institutions et pour cela elle doit être écrite par le peuple dans le cadre d'une constituante à l'image de ce qui s'est fait chez nos voisins tunisiens. Malheureusement, nous les algériens nous ne sommes que des grosses gueules, face à ce pouvoir, dans les faits, on ne bouge pas pour le remettre en cause.

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khelaf hellal

En peinant à relancer et développer l' économie nationale ; médiocre et impuissant le système n'a fait en fait que sauver et faire prospérer l'économie des autres pays ses principaux fournisseurs de biens d'équipements, de produits alimentaires ; jusqu'au savoir- faire technologique et agricole. Ils sont appélés à la rescousse pour exploiter et manager les installations livrées "clé en main" en Algérie pour sauver les palmeraies et le cheptel menacés et ravagés par des maladies. A l'allure ou vont les choses ; pas besoin de trop de se fatiguer même pour engrosser leurs femmes, ils vont finir par le faire faire par d'autres ; ils se contenteront de règler le service " Clé en main " qu'ils affectionnent.

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