Où sont passées les réformes promises en 2011 ?

Que de promesses de réformes vites enterrées  ces 15 dernières années.
Que de promesses de réformes vites enterrées ces 15 dernières années.

Le président de la République a promis en 2011 dans un discours télévisé de lancer des réformes profondes que personne n’a encore vu venir.

Tétanisé à l’époque par ce qui venait d’arriver à son homologue de Tunisie, Zine El Abidine Benali, et effrayé par des manifestations récurrentes tout près de chez lui, Abdelaziz Bouteflika panique mais n’abdique pas. Il décide même de s’adresser aux Algériens, les yeux dans les yeux, pour leur promettre des réformes d’abord, avant de leur faire un peu plus tard un aveu qui restera dans les annales de la politique algérienne. «Tab djnana !», déclarera-t-il sans ambages. Tout le monde pense alors que les carottes sont cuites et que l’heure du changement a bel et bien sonné en Algérie aussi.

Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts suspendus de "Constantine, capitale de la culture arabe", et beaucoup de présidents et de rois sont partis, mais l’Homme est toujours là, indétrônable. A croire qu’il y a une force invisible qui n’a pas pu le guérir complètement certes, mais qui lui permet de continuer à faire son chemin contre vents et marées politiques.

Mieux encore, sentant que la direction du vent a changé et que les présidents ne tombent plus l’un après l’autre dans le monde arabe, Abdelaziz Bouteflika met les réformes promises sous le coude et décide dans la foulée de rester au pouvoir en poussant l’outrecuidance jusqu’à briguer un quatrième mandat qu’il remportera dès le premier tour, sans prendre la peine de faire campagne. Du jamais vu !

L’appétit venant en mangeant, tout indique maintenant que le président algérien compte aller jusqu’au bout de sa logique. Il l’a déjà dit une fois, et il n’aime pas se contredire, il veut mourir sur le terrain et avoir des funérailles avec tous les honneurs dus à un chef d’Etat mort dans l’exercice de ses fonctions.

Seule ombre au tableau, Abdelaziz Bouteflika semble être contrarié dans son projet de révision constitutionnelle. Il prépare sûrement quelque chose qui n’est pas forcément du goût de ceux qui peuvent encore lui faire face. D’où ce statu quo plein de suspense mais très préjudiciable au pays.

Enfin, il n’est pas inutile de rappeler qu’en voulant tout gagner, on risque de tout perdre. On peut se réveiller le matin dans une résidence d’Etat et coucher le soir dans une terre d’asile forcé. Blaise Compaoré, le président déchu du Burkina Faso, en sait quelque chose.

Ahcène Bettahar

Plus d'articles de : Politique

Commentaires (3) | Réagir ?

avatar
Amchoum Amghar

" il veut mourir sur le terrain et avoir des funérailles avec tous les honneurs dus à un chef d’Etat mort dans l’exercice de ses fonctions" Peut-être! Mais ce sont SES prévisions. Et prévision ne signifie pas réalisation. Le jour où il s'éteindra (et je serais le premier à regretter de ne pas savoir qu'il avait un interrupteur), qui vous dit que le peuple algérien de l'est à l'ouest et du nord au sud, ne sortira pas dans les rues pour fêter sa disparition? Des scènes de liesses qui rappelleront celles observées après l'indépendance du pays. Le peuple algérien se rachètera ainsi quelque peu de sa lâcheté. La lâcheté de ne pas avoir été capable de chasser du pouvoir un handicapé d'un niveau terminal en phase terminale.

avatar
Massinissa Umerri

Je reprends un passage du quotidien al-watan - qui demontre l'arnaque absolue du Jacobinisme:

"... 21 communes à travers le territoire national connaissent des situations d'impasse, soit 0, 73% de l'ensemble des communes (1541), a fait savoir le ministre qui répondait à une question orale d'un membre du Conseil de la nation. Le ministre a imputé cette situation, "normale" pour lui, a une divergence de vues concernant les modalités d'élection des présidents d'assemblée et de gestion outre la multiplicité des partis siégeant dans ces assemblées. Il a appelé ces derniers à s'entendre dans l'intérêt du citoyen et de la commune.

Afin de garantir le bon fonctionnement des communes, la loi a été appliquée et les chefs de daïra gèrent ces structures pour assurer la continuité du service public, a-t-il dit, assurant qu'il s'agissait d'une "situation temporaire". M. Belaïz a mis en avant l'importance de la "démocratie participative" qui permet au citoyen, a-t-il dit, de contribuer à la gestion de sa commune. C'est un droit garanti par les codes communal et de wilaya, a-t-il rappelé. ... "

Democratie participative dans laquelle, les Assemble'e Communales (les elus les plus proches des populations), n'ont Zip a dire, aucun pouvoir... Chaque groupe d'entre elles a son PETIT RAB !

Voila donc, le seul moyen pacvifique (sansse faire tabasser) de confronter CE REGIME. Il faudrait un nombre eleve' d'Assemble'es de communes sur les 1541, pour neutraliser "petits rabs de Daira" - ou peut-etre, les 48 APW de se mobiliser de maniere synchronise'e a disposer du pouvoir de vider tout rab-de-daira sur sur simple vote majoritaire - et mieux encore, que tout rab-de-daira, doit etre acceptable par une majorite' de depute's de la daira.

S'il y a avait des hommes, ce serait l'APN qui donnerait ce pouvoir aux APW, ou mieux encore, pas d'acces a l'APN pour representer unewilaya, sans l'aval de la majorite' des Depute's de l'APW.

visualisation: 2 / 3