L’université : c’est l’aboutissement des échecs politiques ?

L'université malade de la violence qui y règne
L'université malade de la violence qui y règne

L’université est malade et le remède n’est plus dans la réflexion, mais dans l’action, il n’est plus dans les facteurs de recherches et d’enseignements, mais il est plurifactoriel !

Il n’est plus dans le management, mais il est plus profond, qu’on pense. Le malaise de l’université est incurable, car il est l’aboutissement des accumulations du système éducatif, de projet de société, d’instabilité politique, de corruption, de réduction des liberté publique, de l’anarchie qui envahisse l’ensemble des espaces (privé et publique, voir même la pensée). Oui la solution n’est plus dans l’université, Il s’agit d’un projet de société. Ce malaise renvoi aux échecs encaissés non assumés.

Le professeur Noureddine Abdelkader vient d’être agressé par un étudiant à l’université d’Oran. Ceci n’est pas une première, il y a un an j’ai écrit, ici même, un article sur la violence à l’école, le "virus" est arrivé à l’université. La banalisation de la violence est devenue, me semble-t-il, le seul moyen d’exprimer les frustrations, l’incapacité d’assumer les incompétences et d’être responsable. Pire, l’agressivité est devenue une «vertu» pour se faire une place dans la société ! Ceci est la preuve d’une déliquescence qui gangrène l’ensemble des secteurs vitale de la société algérienne. L’urgence n’est plus de trouver des solutions conjecturelles, mais des solutions réfléchis et durables. Des espaces de dialogue social s’imposent (pas de communication politique). Le professeur Ahmed Rouadjia de l’université de Msila, rapporte un témoignage poignant sur l’état de nos universités. Il écrit dans un article publié dans le Matindz et Le Quotidien d’Oran, que : "Lorsque notre collègue, le professeur Noureddine Abdelkader, se plaint d'être victime d'une agression de la part de son étudiant dont le comportement est inqualifiable, il oublie peut-être qu'il est des enseignants universitaires dont l'arrogance et le comportement agressif et autoritaire n’ont rien à envier à certains de leurs étudiants aux conduites délinquantes. J'ai eu l'occasion d'observer, dans nos divers campus, d'Est en Ouest, en passant par le centre du pays, si tant est que ce centre existe, la conduite fort peu élégante de certains enseignants qui, chaussés de sandales synthétiques et vêtus négligemment, parlent à leurs étudiants un langage agressif emprunté à celui de la rue. Ici, à l'université de Msila où j'exerce en qualité de professeur d'histoire, je peux témoigner avec impartialité du comportement autoritaire et agressif de certains enseignants envers leurs étudiants, comportement qui n'honore guère l'université."

Désormais, nous assistons à l’arrivée d’une nouvelle génération dans notre société (ceci n’est pas spécifique à l’Algérie), qui ont du mal à accepter les frustrations (renvoi à l’enfant roi), l’échec (vécu comme une blessure narcissique) et les critiques (renvoi à la pensée totalitaire). Ils veulent tout et toute de suite ! Sont-ils le fruit de toute une éducation, qui n’est pas forcement, et uniquement, celle de la famille, mais d’un projet de société ? Cette violence trouve-t-elle ses racines dans notre histoire et nos traumatismes répétitifs ? Cette violence, traduit-elle l’incapacité de la classe dirigeantes successives à accepter et à anticiper les besoins d’une société en évolution ? Nos responsables ne veulent plus être responsable de leur échec, mais ils veulent être des sauveurs de leur secteur. (Le culte du moi-je). La fin d’une époque a commencé.

Yazid Haddar

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Commentaires (1) | Réagir ?

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klouzazna klouzazna

A coup de mauvais choix, de manque de concertation et de décisions en dépit même du bon sens, on a réussi en très peu de temps (entre les années 90 et 2000) à transformer une structure qui fonctionnait en partie correctment en une structure ankylosée complétement !!! le blocage des sites par les étudiants étant devenu tellement fréquent, que toute planification même sur une courte période devenant incertaine sinon impossible !!! conséquence directe d'une gestion basée sur la quête de la sympathie des étudiants (à défaut de leur confiance et de leur respect) pour péreniser des postes et des privligèges en cédant petit à petit des prérogatives !!!

A force de rajouter à chaque occasion des strates et des postes adminsitratifs à ceux déjà existants, les compétences sont dévoyéss, les appétits sont accentuées, les responsabiltés sont diluées (au point même ou une vache ne retrouverait pas son veau), les prérogatives éparpillées, les missions émiettés, et personne ne comprend rien au grand foutoir généré !!! C'est une hérésie que de demander aux gens de gérer un désordre dans lequel on les a installé... au lieu de le corriger...

Comble du ridicule, Un conseil d'une univervité de l'est vient de confirmer au journal el Watan-étudiant de la semaine passé qu'il tolérait 30% de plagiat... sachant que sur le principe de celui qui vole un oeuf vole un boeuf, celui qui ose 30% de plagiat va le dépasser dans très peu de temps... Et la question qui se pose d'elle même est quelle technique utilise ce conseil pour s'assurer que les 30% aient été atteient ou non !!! Le plagiat est la conséquence direct d'un total relachement de l'encadrement et d'une course derrière des co-tutelles et des publications n'ayant aucun impact ni sur le savoir ni sur les besoins du pays mais qui servent plutôt à gonfler des CV's et arracher des promotions !!! Si le diplôme tue le savoir, le carrièrisme l'enterre !!!

Dans un monde qui suit le chemin de la décentralisation, du management, de l'encouragement de l'initiative personnelle, de la reconnaissance des compétences, des commis "par decrêt" serviles ont opté pour le chemin inverse... pour la voie de l'echec avéré !!!