Mali / Azawad : chronique d'un massacre annoncé* ?

Un Touareg du MNLA. La paix armée dans l'Azawad.
Un Touareg du MNLA. La paix armée dans l'Azawad.

Nous ne connaissons pas encore le contenu des accords conclus à Alger entre le gouvernement malien et les organisations politiques armées représentant les populations de l'Azawad.

Les quelques éléments donnés par la presse internationale (pas d'autonomie, pas d'indépendance de l'Azawad), le refus de signer des intéressés eux-mêmes et les manifestations dénonçant ces accords par les populations de l'Azawad montrent qu'on est revenu à la case départ, celles des années noires de 1960.

Les conflits armés reprendront plus tôt qu'on ne le pense, mais cette fois-ci les dégâts humains seront encore plus importants : l'armée malienne, armée et entraînée par les forces françaises et européennes, causera encore plus de morts et de destructions dans l'Azawad.

Au lieu de chercher une solution durable qui assurera la paix et la sécurité des populations dans la région de l'Azawad et des autres régions du Mali, par des adaptations et évolutions nécessaires de l’État jacobin malien (autonomie des régions, fédération, etc.), l'Algérie et la France imposent au gouvernement malien, très affaibli, leur modèle d’État jacobin afin de réduire toute contestation pour l'émancipation des populations africaines.

Alger a contribué à la fin des revendications de l'Azawad. Ici Ramtane Lamamra avec Bilal Ag Cherif, SG du MNLA.

Ces partisans du statuquo utilisent habilement «le principe d'intangibilité des frontières» établi par l'organisation de l'unité africaine (OUA) dans les années 1960, pour étouffer toute contestation et volonté d'émancipation des peuples africains, victimes des découpages au cordon des frontières par les Etats coloniaux, suite aux accords de Berlin de 1885.

Cette position, qui peut sembler a priori recevable, est battue en brèche par la récente partition du Soudan et l'indépendance du Soudan du Sud. Y a-t-il donc pour l'Afrique application du principe de «deux poids, deux mesures» ?

Par ce diktat imposé à Alger aux négociateurs des deux parties (gouvernement malien et insurgés azawadiens), les tuteurs de ces accords veulent maintenir le Mali sous domination et punir simultanément le mouvement de libération de l'Azawad pour avoir conclu une alliance tactique avec des islamistes pour chasser les forces maliennes de l'Azawad en 2012.

Cette position est contre-productive et fortement dommageable pour les populations maliennes et celles de la région sahélienne et africaine. Ce n'est pas en confinant un conflit du type identitaire, national et territorial dans les schémas conservateurs du passé colonial que l'on s'opposera à l'expansion du mouvement islamiste/salafiste en Afrique. C'est en aidant le mouvement laïque et démocratique azawadien pour stabiliser cette région stratégique que l'on évitera le pire pour l'Afrique.

La leçon du Kurdistan ne semble pas inspirer les tuteurs d'Alger (Algérie, France et Europe…). Il n'y a pas si longtemps, les kurdes étaient infréquentables, condamnés par tous car… ils défendaient leur territoire, leur culture et leur langue et revendiquaient un minimum d'autonomie régionale; ils étaient considérés commes les pires ennemis de la "nation Arabe" et gazés par un Irak dominant. Ils étaient toujours "les méchants" dans le langage cinématographique.

Voilà qu'à l'apparition du mouvement islamiste expansionniste pour un califat islamique (El-Qaïda, EI, Daech et autres appellations), les Kurdes deviennent fréquentables ; on les armes et on leur assure un soutien militaire et financier importants… pour sauver la nation arabe !

Pourquoi la communauté internationale ne s'affranchirait-elle pas de la tutelle néfaste de la "France-Algérie" pour régler définitivement le problème malien par une autonomie de l'Azawad, assurer une zone stable et garantir un rempart durable à l'expansion de l'islamisme salafiste en Afrique ?

Les temps ont changé et nous ne sommes plus au temps de la "France-Afrique".

Toutes les tergiversations actuelles ne font que retarder l'émergence de cette solution de bon sens et donc… l'avènement de massacres nouveaux des populations touaregs par les soudards armés et entrainés par la France, «patrie des droits de l'Homme» !

Aumer U Lamara

(*) Allusion au célèbre roman de Gabriel Garcia Marquez, "Chronique d'une mort annoncée" (publié en 1981).

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Commentaires (6) | Réagir ?

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numide numedia

le jour ou "L’Algérie et la France" tomberont, ce jour la l’Afrique et la moitié de l'Asie vivront en paix

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moh arwal

aux algeriens de juger qui est qui ? men 3oua hizb firança ???

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