Gracias "Pépé", merci Monsieur le Président !

José Mujica, dirige l'Uruguay, est le président le plus pauvre du monde.
José Mujica, dirige l'Uruguay, est le président le plus pauvre du monde.

Le train de vie et le salaire des présidents, font l’objet, de par le monde d’interminables débats, une partie des citoyens estimant que les avantages matériels de ceux qui sont à la tête de l’Etat les rendent complètement déconnectés de la vie quotidienne.

Mais, s’il y a un pays où ce débat n’a pas lieu d’être, c’est bien l’Uruguay, et son président José Mujica Cordanon, surnommé "Pépé Mujica" ; élu président de la République 29 novembre 2009, avec 52,9% des voies, il est investi, officiellement, le 1er mars 2010.

Il n’est pas un personnage comme les autres, car il se singularise par une indépendance vis-à-vis de l’addiction à l’argent, contrairement à l’immense majorité de tous les autres potentats, notamment arabes. Déjà, il a refusé de changer de style de vie, préférant rester dans sa ferme située en banlieue de Montevideo, plutôt que de s’installer dans le palais présidentiel.

Il a fait le choix de vivre avec le salaire mensuel de son pays, l’équivalent de 680 euros par mois ; il a fait don de 90% du salaire qu’il reçoit pour sa fonction de président de la République et commandant en chef de l’armée, soit 9300 euros, à des organisations caritatives d’aides au logement et à l’éducation notamment.

Peu porté sur les limousines et autres bolides, ce président se déplace toujours dans sa coccinelle Volkswagen achetée en 1987, sauf pour les déplacements officiels. Sur la déclaration de patrimoine, ses seules possessions outre sa vieille voiture, sont la ferme dans laquelle il vit et qui appartient à sa femme ainsi que deux tracteurs et du matériel agricole. Ce président ne possède ni dettes, ni comptes bancaires.

Tout comme ce dernier, mais sur un autre continent, Madiba restera pour l'éternité celui qui débarrassa l'Afrique du Sud de l'infâme politique de l'apartheid ; à la fin de son «unique» mandat il estima qu'il était temps pour lui de se retirer et de passer le témoin à Thabo M'béké,

Beaucoup des grands de ce monde sont fascinés par son parcours, son œuvre et les obsèques mondiales auxquelles il a eu droit à sa mort.

Les potentats d’Afrique et du monde arabe rêvent d’une carrière à "la Mandela" ou à "la Pépé Mujica". Ils pensent que l’histoire retiendra leurs noms en «messies» qu’ils n’étaient pas en fait ! Et ce qui est rapporté ci-dessous, n'est qu'un résumé très succinct des présidents, de quelques-uns parmi eux, qui ont connu des fortunes diverses lorsqu'ils étaient à la barre de leur pays respectif.

1. Il y a tout d'abord ceux qui, malades, n'ont pu terminer leur mandat :

- George Pompidou, président de la République Française est décédé en avril 1974 pendant son premier mandat, de ce qu'on appelle pudiquement, une longue maladie.

- Félix Houphouët-Boigny, le premier président de la Côte-D'ivoire est décédé le 7 décembre 1993. Il était à la tête du pays depuis de nombreuses années déjà.

- Le roi Hassen II du Maroc, décédé le 23 juillet 1999, en plein règne.

- Le général Gnassingbé Eyadema du Togo, mort le 5 février 2005, alors qu'il était au pouvoir.

- Lansana Conté de la Guinée. Conakry ne terminera pas son mandat et décède le 22 décembre 2008.

- Levy Mwanawassa qui présidait aux destinées de la Zambie, décède le 19 août 2008, à 59 ans. Il était au pouvoir depuis 2002.

- mar Bongo Ondimba du Gabon meurt le 8 juin 2009 alors qu'il présidait encore aux destinées de son pays.

- Umaru Musa Yar Adua du Nigeria, meurt le 5 mai 2010 en plein mandat de président de la République. Il avait 59 ans lui aussi.

- Malam Bacai Samhà de Guinée-Bissau décède d'une maladie en 2009 en plein mandat.

-Yasser Arafat et Houari Boumediene eux aussi morts prématurément, en pleine force de l'âge.

A ce jour, la maladie est rarement prise en compte comme un facteur déterminant pour confier des responsabilités à tout homme politique, a fortiori candidat à l'élection présidentielle. Aujourd'hui, c'est le débat de l'heure, beaucoup plus de personnes souhaitent que les mandats des chefs d'état soient désormais limités à deux et que les candidats à la magistrature suprême prouvent, certificat à l'appui, qu'ils sont en parfaite santé.

2. Il y a ensuite ceux, dont le mandat a été entaché de scandale et terni par des poursuites et des condamnations judiciaires :

- Félix Faure, président de la République Française est mort, victime d'une crise d'apoplexie dans les bras de sa maitresse qu'il recevait dans un salon a l'Elysée.

- Philipe Pétain avait été jugé en tant qu'ex chef d'état français et condamné à mort pour haute trahison, une peine commuée à un emprisonnement à perpétuité.

- Carlos Menem, au pouvoir en Argentine de 199-1999, a été condamné pour trafic d'armes à destination de l'Equateur et de la Croatie ; sénateur, il reste cependant protégé jusqu'à la fin de son mandat en 2017.

- Moshé Katsav, président Israélien a été condamné pour viol, harcèlement sexuel, obstruction à la justice et menace contre témoins.

- Ezer Weizman, son successeur, a été contraint lui aussi de démissionner en 2000, trois ans avant l'expiration de son second mandat, à la suite d'un scandale de corruption.

- Richard Nixon, président des U.S.A, sera victime d'une procédure «d'impeachment » qui le forcera à démissionner en août 1974, suite à l'affaire du « Watergate ».

- Charles Taylor, président de la Servie Leone a été condamné à 50 ans de prison, le TPI l'estimant responsable de la guerre civile qui a fait près de 150 000 morts.

- Bill Clinton, président des U.S.A dont le mandat a été terni par le scandale du Monicagate relatif à l'affaire Lewinsky (1999).

-Mohamed Moubarak, 84 ans, emporté par le printemps arabe,

- Zine El Abidine Ben Ali, président déchu, « dégagé » par la rue tunisienne ; il a fuit son pays en emportant les bijoux de la République ; il vit, depuis, dans un harem en Arabie Saoudite.

- Christian Wulff, président Allemand, démissionné de son poste le 17 décembre 2012 car soupçonné de « prévarication ».

3. Il y a, aussi, ceux qui n'ont pas su mettre un terme à leur carrière de dictateurs et qui y ont laissé leur vie !

- Mussolini, l'Italien, mort suspendu comme une bête à l'équarrissage.

- Najibullah, le président Afghan, a été pendu et son cadavre souillé.

- Ali Bhutto, quatrième président de la République Islamique du Pakistan, victime d'un coup d'Etat, condamné à mort « pour conspiration de meurtre » ; il est pendu le 4 avril 1979.

- Saddam Hussein, l'irakien arrêté dans une cave est jugé un an plus tard, par un tribunal spécial Irakien qui le déclare coupable de génocide, crime contre l'humanité et crime de guerre. Il est exécuté par pendaison, le 30 décembre 2006, lors de la célébration de l'aïd-el-kébir, jour sacré pour les musulmans.

- Mouammar Kadhafi, président de la Libye, ensanglanté, bouffi, dénudé, brutalisé par des mains vengeresses. Achevé enfin et enterré, anonymement dans un coin perdu, à jamais, dans le désert libyen.

La chute des dictateurs est souvent pénible et la mémoire populaire ne retient d'eux, en définitive, que les images de leur agonie ou de leur exécution. La violence qui leur est appliquée, n'est que le choc en retour, de leur incroyable brutalité quand ils dominaient le pays et asservissaient le peuple.

4. Il y a, enfin, ce Robert Mugabé, qui vient de fêter ses 91 ans et dont l’extravagance des fêtes d’anniversaire sont un sujet de controverse annuelle au Zimbabwe, alors que le pays connait des graves difficultés économiques. Il faut dire que ce doyen des chefs d’Etat africains ne veut pas lâcher le pouvoir, s’y cramponnant depuis 1987.

Il s’inscrit, bien évidemment, aux antipodes de José Mujica de l’Uruguay et de la foule qui scande son nom à coup de «gracias pépé» au moment même où il s’apprêtait ce 28 février 2015 à quitter le pouvoir ; fidèle à son style, il est arrivé dans sa vieille coccinelle bleue ciel, au siège de la présidence à Montevideo, en costume sans cravate, pour signer les passations avec son successeur Vasquez Tabaré, sous les vivats du peuple reconnaissant, car faut-il le dire, autant le rentrant que le sortant ont constitué des bons gouvernements, en regardant vers les plus pauvres et notamment ceux qui ont eu le plus besoin.

C’est ce désintéressement et ce détachement du pouvoir qui interpellent et laissent admiratifs les citoyens d’ici et d’ailleurs ! Et le "gracias pépé" prend ici tout son sens ; ça n’a pas été le cas de Blaise Campaoré, qui a été démissionné après 27 ans de dictature et sur pression de la rue, après avoir tenté, en vain, de "tripatouiller" la constitution du pays, pour s’offrir un "énième mandat". Le mandat de trop !

En Algérie, Mohamed Boudiaf aurait pu être l’alter ego de "Pépé Mujica", lui qui souhaitait vivre simplement son mandat de président ; il avait refusé, par exemple, de porter des costumes de marque "smalto"» leur préférant ceux de Sonitex. Il avait juré de débarrasser le pays de toutes les maffias : il avait été assassiné quelques mois à peine de son investiture. Il a été pleuré ! Encore aujourd’hui, le peuple se souvient de lui et le remercie des moments d’espoir qu’il lui a donnés.

On dit aussi que Houari Boumediene mourut sans rien, son héritage consistait en un compte en banque où il y avait à peine, 600 dinars et une voiture sur cales. Les gens se souviennent encore de ses discours, notamment celui du 24 février 1971. Beaucoup de gens en viennent à regretter son époque, et n’hésitent pas à le remercier des moments de fierté qui leur à procurés.

Aujourd’hui, pour l’auteur du fameux et non moins mémorable discours de Sétif de 2012, l’exercice présidentiel semble se compliquer avec cette affaire de gaz de schiste, qui n’en finit pas de soulever les passions. Le risque est grand, écrivait un chroniqueur, affirmant «qu’il suffit d’un murmure pour qu’Al Jazeera dépoussière ses studios et tourne ses scènes favorites d’un soulèvement en 3D à partir d’In Salah, ou toute autre partie du territoire".

Et le décor commence à se mettre en place, avec déjà, l’entrée en scène d’un certain José Bové, député français au parlement européen, altermondialiste connu pour son combat contre les OGM, qui a déclaré au journal électronique TSA : "(…) avec la répression qu’il y a eu ces dernières 48 heures à In-Salah, il faudrait peut-être qu’on passe à un stade supérieur (…)".

A moins que le président de la République ne décide d’un "moratoire" sur ce gaz de schiste dont l’exploitation ne peut s’effectuer que dans 10 ans ou plus. Ou plus encore, qu’il n’envisage de soumettre la question à "référendum", n’en déplaise aux constitutionalistes ! A ce moment-là, on pourra lui dire : "Merci, monsieur le Président !" et on gardera de lui, outre l’image de l’homme qui a ramené la paix civile dans le pays, celle aussi d’un président qui aura respecté la volonté populaire.

Cherif Ali

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Commentaires (3) | Réagir ?

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kamel addoun

"" on gardera de lui, outre l’image de l’homme qui a ramené la paix civile dans le pays, celle aussi d’un président qui aura respecté la volonté populaire "" ??????

Plutôt l'homme qui à hypothéqué l'avenir de plusieurs generations, l'homme qui à bradé nos richesses, l'homme qui permet à des quataris et émiratis de venir nous narguer chez nous, l'homme qui n'aime pas son pays.......

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Guel Dring

" A moins que le président de la République ne décide d’un "moratoire" sur ce gaz de schiste dont l’exploitation ne peut s’effectuer que dans 10 ans ou plus. Ou plus encore, qu’il n’envisage de soumettre la question à "référendum", n’en déplaise aux constitutionnalistes ! ".

Il faut seulement être sûr que le départ de Bouteflika est on ne peut plus certain. A ce moment mes louanges iront à Dieu qui nous aura débarrassé par sa grâce. Certains diront que c'est encore "nous" de Talaie Al houriates, c'est le peuple ce héros, sans prendre conscience que depuis quelques temps les événements qui ne surviennent que sur Décrets Divins poussent la "compagnie" vers la sortie, bon gré, mal gré.

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