Bachir Rezzoug à El-Watan : « La presse ne doit pas se soumettre au pouvoir de l’argent »

Bachir Rezzoug à El-Watan : « La presse ne doit pas se soumettre au pouvoir de l’argent »

Il a surpris même les organisateurs du prix de la Plume libre par sa présence à la cérémonie, car Bachir Rezzoug, doyen de la presse indépendante algérienne, est partiellement paralysé. A plusieurs reprises, il a écrasé des larmes, discrètement. Il parle du journalisme, sa passion, dans ce court entretien.

Vous êtes lauréat du prix Benchicou de la Plume libre 2008. Quels sont vos sentiments ?

Mes sentiments sont émotion et bonheur. Je suis très heureux. Cela fait 40 ans que je me bats pour la liberté d’expression. Je sais que c’est très dur, mais je crois que la bataille est gagnée par mes confrères. On dit que vous êtes le père de la presse indépendante en Algérie. Quel commentaire en faites-vous ? Je crois que c’est trop d’honneur. Moi, je suis un homme d’humilité. A mon sens, c’est un combat de tous les jours. Je ne crois pas qu’on puisse me porter au piédestal d’une manière aussi simple. Je ne peux pas être le père du journalisme indépendant, car il y a eu d’autres hommes avant moi. Nous ne sommes que les continuateurs de ce cheminement et les continuateurs sont là, et vous en êtes à El Watan, et vous le prouvez tous les jours.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la situation de la presse algérienne ?

Pour moi, la presse algérienne a gagné ses galons et son indépendance, et c’est la chose la plus chère. Je citais tout à l’heure la phrase de Ho Chi Minh, disant que rien n’est plus cher que la liberté et l’indépendance. Notre liberté, on l’a arrachée de haute lutte. Benchicou en est un exemple vivant et le journaliste algérien en est un exemple de tous les jours. Indépendance vis-à-vis du pouvoir qui ne fait pas de cadeau et ne vous fera jamais de cadeau, il y a aussi l’indépendance vis-à-vis du pouvoir de l’argent qui ne vous fera pas de cadeau non plus. S’il s’introduit et s’implique dans la presse, ce serait la fin de l’indépendance d’un journalisme indépendant. L’argent du privé ne fera pas de cadeau.

Vous avez dirigé des journaux à grand succès. Comment peut-on faire un bon journal ?

J’estime qu’il y a deux éléments essentiels pour la réussite. D’abord, la conviction. Il faudrait penser au lecteur. Pour faire du journalisme indépendant, il ne faudrait pas se soumettre au pouvoir politique ni subir l’asservissement et celui de l’argent. Un journal à succès est fait sans flatter les puissants, sans publier des vulgarités et tout respectant le lecteur.

Par Saïd Gada (El-Watan)

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Commentaires (8) | Réagir ?

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yalatif

Y a pas de metier plus dificile que le journalisme. dans le journalisme on n'a pas la liberté, la latitude, ou meme le sursis de frauder. pas de nuance. tout a obligation d'etre clair. la verité est une. elle est pleine et entiere. on ne peut l'amputer. quant à la traverstir c'est se condamner à l'opprobre et au mercenariat.

le journalisme est d'abord un choix, ensuite un engagement, enfin un sacrifice supreme. C'est comme le martyre. faire le metier de journaliste c'est etre conscient de porter sa croix, cad aller à la rencontre de souffrances et d'epreuves insoupçonnées. donc ce n'est pas un jeu. ni un marchandage. deuxiemement c'est faire du respect et de l'amour du lecteur sa valeur cardinale. c'est ça etre journaliste. au risque de paraitre dur, j'ai bien dit au debut de mon texte, que le journalisme est un metier difficile, mieux c'est le metier le plus difficile parceque le plus exigeant. À côté du journalisme, faire de la politique, ou diriger une entreprise ou une administration, c'est de la rigolade. Mohamed benchicou, notre frere et ami vient d'en faire le bapteme, il vient d'etre consacré vrai journaliste; bachir rezzoug, benzine et d'autres respectables hommes de la plume, comme precurseurs ont aplani le chemin. je dis bravo de tout coeur a benchicou, d'autres assurement s'y joindront. le soleil de la justice, de la liberté, de la paix et de la solidarité brillera sur l'algerie, les premiers rayons perçus ont pour noms benchicou et d'autres que je ne suis pas bien placé pour les citer. un grand merci à ceux qui aiment l'algerie et qui militent pour le bien réel du peuple algerien.

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googmeur

je crois que le journal elwatan paye sa relative neutralite vis avis des clans qui se disputent l'election de 2009, toute autres raisons invoquées n'est que couverture pour serrer l'etau et l'inflechir. en attendant la decantation finale d'avril 2009 prenez de la graine sur liberte, chourouk, ennahar.....

vous aurez toute la tranquilité du monde.

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