Zimbabwe: le vieux Mugabe nomme un vice-président et prépare sa succession

Robert Mugabe prépare sa succession.
Robert Mugabe prépare sa succession.

Le vieux président zimbabwéen Robert Mugabe a nommé mercredi vice-président le ministre de la Justice Emmerson Mnangagwa, plaçant en position de favori pour lui succéder cet homme qui, par le passé, fut en charge de la police secrète.

Robert Mugabe fait le ménage dans l'entourage de son pouvoir. M. Mnangagwa a été nommé vice-président du parti au pouvoir, la ZANU-PF, et donc automatiquement de l'Etat. S'exprimant à Harare au siège du parti, avec lequel il gouverne depuis l'indépendance en 1980, le président Mugabe, 90 ans, a annoncé: Il y a deux vice-présidents. Pour l'ancienne ZANU (l'une de deux composantes historiques du parti), nous avons Emmerson Mnangagwa.

Déclenchant un tonnerre d'applaudissements, il a ajouté: "Nous le félicitons. J'ai assuré le président, je veux assurer le parti et sa direction que je resterai loyal et engagé dans la ligne correcte de la révolution", a déclaré peu après M. Mnangagwa, prenant sa nomination comme un honneur.

Robert Mugagbe a ensuite indiqué que Phelekezela Mphoko, un ancien diplomate, avait été choisi pour le second poste de vice-président, au rôle plus symbolique. Emmerson Mnangagwa, 68 ans, serait l'un des hommes les plus riches du régime ,avec notamment des intérêts dans les mines d'or.

Surnommé Ngwena (le crocodile), il est aussi connu pour sa rudesse et son franc-parler. Il a su servir le président Mugabe à plusieurs reprises dans la répression de ses opposants, des années 1980 aux dernières élections de 2008. Sa nomination constitue le point d'orgue de plusieurs semaines de guerre de succession et une purge dans les rangs du parti, en congrès annuel la semaine dernière.

Grace Mugabe, 49 ans, l'épouse du président, est l'autre grande gagnante, avec M. Mnangagwa, 68 ans, de cette séquence politique qui pourrait s'avérer cruciale pour la succession du chef de l'Etat. Mme Mugabe préside officiellement depuis samedi la puissante Ligue des femmes du parti. Selon les analystes, M. Mugabe se soucie énormément de mettre à l'abri sa famille pour le jour où il décèdera ou quittera le pouvoir.

Il se murmurait même ces derniers temps à Harare que celle qu'on surnommait la reine des emplettes serait nommée vice-présidente, d'autres commentateurs la jugeant toutefois encore trop novice. Ces derniers mois, elle a été utilisée par le président Mugabe pour attaquer Joice Mujuru, qui était la vice-présidente du Zimbabwe jusqu'à mardi, et qui fut un temps considérée comme son héritière politique. Elle a été limogée mardi avec huit ministres proches d'elle.

Ce limogeage est intervenu après une campagne pour isoler politiquement Mme Mujuru, veuve d'un général respecté décédé dans un mystérieux incendie en 2011. Mme Mujuru a été accusée d'affairisme, d'incompétence et de complot pour assassiner le chef de l'Etat.

De nouveaux ministres ne devraient pas tarder à être nommés. Mais les vice-présidents sont en fonction. Je voudrais qu'ils prêtent serment vendredi, a déclaré M. Mugabe. Cependant, selon un analyste du groupe Interhorizon Securities (IHS), basé à Londres, les derniers développements pourraient couper en deux la ZANU-PF.

La ZANU-PF est menacée d'une fracture potentielle en 2015, les alliés de Mujuru pouvant former un nouveau parti afin de garder leurs soutiens politiques et dans les affaires, estime Robert Besseling, cet analyste d'IHS.

Cette féroce lutte pour le pouvoir intervient en plein délabrement de l'économie zimbabwéenne, sous perfusion chinoise. Les investisseurs n'apprécient guère la politique d'indigénisation menée par Robert Mugabe, qui consiste à transférer la propriété économique à des Zimbabwéens noirs, parfois proches du pouvoir.

Avec AFP

Plus d'articles de : L'actu en Algérie et ailleurs

Commentaires (0) | Réagir ?