L'Algérie le 18 avril : après le traumatisme, la souffrance….

Rappelons-nous : Medelci, président du Conseil constitutionnel, a avalisé la candidature d'un  Bouteflika malade.
Rappelons-nous : Medelci, président du Conseil constitutionnel, a avalisé la candidature d'un Bouteflika malade.

Apprenant le 18 que c'est une nouvelle Algérie qui démarre avec un nouveau dirigeant, mort ou vif peu importe. Encore une fois, le système a eu la capacité de muter et de s'imposer à travers un interlocuteur ‘‘conventionnel’’.

Mais dans le conscient collectif nous vivons le déclic qui nous fait basculer dans la spirale infernale de l’impossible. Il est compris que le pouvoir a opté pour l’un des pires un acte criminel. Il provoque un choc traumatique insoutenable pour le conscient collectif. Commence alors, contre tout espoir l’insupportable fardeau d’une vie mortifère.

Les plus optimistes se disent qu'avec ce dangereux pouvoir cacique, il faut s'attendre à un ‘‘hypothétique dix ans de carnage’’. Mais en réalité, nous savons tous que la fin est déterminée par la chute des recettes d’hydrocarbures.

L'année des vérités : la dérive

D’une part, la transition énergétique, dans laquelle le monde s'est engagé depuis plus de 30 ans, commence à avoir des répercussions économiques manifestes. D’autre part, l'arrivée des hydrocarbures non conventionnels, avec l'effet de courroie de transmission du charbon, fait qu'il n'y ait aucune chance de voir le prix du baril frôler les 145 $, à court terme, à moins d'un miraculeux miracle.

Nous avons déjà fini 2013 sans arriver à joindre les deux bouts, avec un déficit 29 milliards de dollars puisés dans le Fonds de Régulation des Recettes (FRR).

Conscients du fait que c'est l'ultime chance pour réaliser une transition économique. Nous sommes conscients aussi qu’elle ne peut se faire sans une véritable légitimité politique qui implique un changement radical du système de gouvernance. Le défi que doivent relever les Algériens ne peut se faire sous la contrainte mais uniquement par une forte volonté populaire collective, inscrite dans un programme socioéconomique consensuel. Aucun gouvernement ne peut mener une politique d'austérité ni appliquer des mesures restrictives, si le contrat social ne le permet pas. Dans ce cas, l'impasse politique à laquelle nous mène cette oligarchie est inévitablement une déflagration de la société.

La pression de plus en plus insoutenable des revendications sociales ne peut pas être maîtrisée éternellement, du fait de l'amenuisement des recettes des hydrocarbures…. La suite ne sera qu'une conséquence que l'on connaît peut-être trop, une spirale infernale de déchirements et de luttes fratricides, le cauchemar continu pour devenir réalité.

L’ère de la torture

On fait ce calcul comme s'il s'agissait d'un match que l'on a abandonné et où l'adversaire impose de prolonger la partie, il procède au lynchage. L'abstention ou l’interdiction de jouer devenues la réponse du peuple, ne sont rien d'autre qu'un refus d'obéissance pacifique. L’Algérie est devenue un pays dont on a honte, l'Algérien ne l'aime plus, il y perd sa dignité. Il a opté pour l'absence politique, marqué par le vide de soumission, tout de suite occupé par la frange immorale de la société qui ne connaît pas l’interdit de conscience, l’éthique,… nous plongeant dans une anomie où règne des déviances qui défient la mémoire des sociétés et des peuples.

Avec un échec vécu comme une injustice, les règles étant celles de l'adversaire. Après un pillage inassouvi d'un demi-siècle de totalitarisme, le pouvoir s'acharne plus que jamais sur le peuple. Il est ligoté par l’illettrisme institutionnalisé, au bord de l’obscurantisme, politiquement mort, vidé de substance existentielle. Sous la violence exercée par la cupidité, la cohésion sociale est désintégrée, le peuple offre spontanément son cadavre pulvérisé à l’avidité de charognards. Comme s’il était étranger à ce corps inerte, mais toujours vivant il assiste son extinction, dans l’indifférence absolue.

Essayer d'établir une prospective optimiste sur l'avenir serait trop naïf, les indicateurs socioéconomiques nous interdisent tout faux espoir. Dans un pays où tout a été détruit où le système se résume à l'armée-pouvoir et le pétrole.

Inutile de se faire la moindre des illusions, tant qu'il y aura un semblant d'école nos enfants feront semblant d'y aller,.. et nous continuerons tous à faire semblant de vivre, jusqu'à ce que les derniers pans de la société s'écroulent dans un suicide collectif. Sur la route nous en sommes, à un mort toute les deux heures, nous avons inventé le front du goudron. Nous en sommes à un suicide toute les douze heures, à plus de quatre millions de diabétiques, plus de deux millions de handicapés mentaux, plus de neuf millions atteints de maladie cardiovasculaires, plus six cent milles harrag (dont des universitaires), plus d’un millions de cadres en exil... Et encore un quart d’algériens vit avec moins de un dollars/jour, soit l’équivalent d’un kilogramme de pomme de terre….

Jusque-là, on peut dire que le pouvoir a bel et bien gagné la bataille contre le peuple. Que faut-il de plus pour atteindre le point de rupture de ce contrat social ?

Et pourtant, nous savons que les crises autour du contrôle du pouvoir n'ont pas pour vertu la résolution des problèmes de la population. Ces restructurations périodiques des forces des groupes sont destinées à renforcer le système dans son ensemble.

Leur dénouement ne résout en rien les problèmes des Algériens, bien au contraire. Le régime s’en sortira encore plus fort si le montant de la rente le lui permet. Ne pouvant résister à la poussée de la dialectique naturelle de l’évolution, il se prépare à partir se délestant d’un peuple et d’un pays dont il n’a plus besoin pour entretenir son mensonge.

Il nous aura tous mis, y compris nos enfants, dans le même panier, celui de la recherche de la survie, mais est-elle encore à notre portée ?

Avons-nous développé cette capacité exceptionnelle à endurer cette souffrance, avec pour seul objectif l’espoir d’être les futurs survivants de l’Algérie ?

Sofiane Benadjila

Ingénieur agronome, militant de la LADDH

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Commentaires (4) | Réagir ?

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sarah sadim

Seule une grave détérioration du prix du pétrole et assez durable, et, une guerre à nos frontiéres (Marocaine la plus probable) ou lybienne feront chuter comme un chateau de sables et détruire le pouvoir de Bouteflika rapidement.

Cela semble programmé et à la politique de la terre brulé des "Marocains d'Alger" une guerre avec le véritable Maroc sera " le coup de bélier" aux portes de la citadelle du régime Bouteflikiste. Le roi du maroc au pied du mur, face à l'acharnement diplomatique algérien à coups de millions de dollards pour acheter un peu partout en Afrique et ailleurs, l'entetement du régime d'Alger d'abord à renverser par écroulement la monarchie marocaine en lui otant le sahara occidental, ne laisse que l'aventure d'une guerre frontaliére pour modifier complétement les données géostratégiques en afrique du nord. Que fera le roi du maroc de ses 250 000 soldats du sahara (risque d'un nouveau Skhirrat comme du temps de son pére et du général Medbouh) , autrement le trone ne survivra pas longtemps avec l'indépendance du sahara occidental, et la fracturation marocaine sera inévitable. Là aussi, il serait interessant de voir si les "Marocains d'alger" accepteront ils des centaines de milliers de réfugiés marocains à nos frontiéres, car la configuration archi tribale du Maroc est bien connue des experts de ce pays et de tous les sociologues, pire qu'en Algérie.

Cela n'est ni un scénario "d'apocalypse now" ni une fantaisie d'analyse, le risque existe et est réel, à voir Bruxelles et l'union Européenne qui s'inquiéte des agissements troubles et imprévisibles du roi du maroc (insultes directes au pouvoir d'alger, ajournement de sa visite en chine car ce pays refuse par pricipe de céder sur le sahara occidental ect...), cette union Européenne qui déclare officiellement par ses "Gorges profondes" de voir bientot passer les provocations contre l'algérie à un autre stade,... ?

Le pétrole descendra sans discontinuer jusqu'à un prix qui permettra aux USA et Occident de relancer leurs économies, dans les environs des 55 à 60 dollars par Baril, cause déjà exécutée par le Golfe et entérinée pour 2015 et 2016.

C'est juste la durée pour faire crouler les "Bas de laine" de Bouteflika et plonger l'Algérie dans l'enfer de la banqueroute financiére, alors quel rival voisin ne guettera t il pas le moment opportun de faiblesse totale pour donner le coup de grace ou du moins le "coup de bélier" pour défoncer la citadelle algérie des "Marocains d'alger".

L'histoire est là, 1963 et Ben bella, la guerre des sables algéro-marocaine n'a été ni la premiére ni la derniére guerre, alors attendons encore un peu, tout juste quelques mois et on verra.

De toute maniére, le Golfe Arabe, les USA, Israel et la France (avec bientot le départ de Hollande) le choix du Maroc pays allié et fidéle ami est un choix fait depuis longtemps, aucune espérance de ce coté pour ces "Roturiers d'alger d'origine marocaine" face à un Roi du maroc, et, l'Algérie dans tout cela : Elle se trouve ou?

A Gaid Salah, Toufik, et les autres d'assumer et de s'assumer, meme dans leur lacheté, car personne n'échappera au prochain "Storm" de force 7

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klouzazna klouzazna

Bien vu... il y'a en plus de la chutte du prix du baril de pétrole, l'innondation du marché des énergies par le gaz du schiste américian ce qui certainement va faire baisser encore plus les prix... sans parler de la mise sur le marché des nouvelles générations de véhciles à moteurs électriques et surtout à Hydrogène qui peuvent plomber le tout !!!

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