Bouteflika de nouveau hospitalisé: que va-t-on dire maintenant aux Algériens ?

Bouteflika lors de son hospitalisation à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce.
Bouteflika lors de son hospitalisation à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce.

Le chef de l’Etat est hospitalisé depuis jeudi dans un service de cardiologie et maladie vasculaire de la clinique d’Alembert, qui fait partie du Groupe hospitalier mutualiste de Grenoble.

Par Hassane Zerrouky

Selon Le Dauphiné Libéré, le journal local, tout un étage de la clinique lui serait réservé pour des raisons de sécurité. Le journal indique que les forces de l'ordre se sont déployées autour de la clinique. Depuis sa première hospitalisation en novembre 2005 au Val-de-Grâce, à Paris, officiellement pour un ulcère à l'estomac, de nouvelles hospitalisations, à Paris, avaient suivi en 2006, 2011 et 2013, année où il a été victime d'«une petite attaque cérébrale» et début 2014. Au total – les lecteurs corrigeront – il a été évacué vers la France au moins à six reprises. Et ce, sans compter, affirme-t-on à Alger, les brefs séjours effectués en Suisse.

Hier le journal de 20 heures de l’ENTV n’en a soufflé mot. Mais les Algériens ont eu droit à la lecture d’un message du chef de l’Etat adressé à Mahmoud Abbas ! Quant à l’APS, l’agence officielle, RAS ! Mais comme on est dans un monde où on ne peut rien cacher – il n’y a que nos gouvernants qui font encore mine de ne pas le savoir – les Algériens sont déjà au courant de cette hospitalisation. Abdelmalek Sellal, en visite au Caire, où il vient de signer quelques 16 accords de coopération, a-t-il été informé de cette hospitalisation ? Sans doute que non. Sinon, il aurait écourté sa visite. Et comme la présidence algérienne ne communique pas – il semblerait qu’elle va le faire en soirée – les spéculations et les rumeurs vont bon train dans la maison Algérie.

En résumé, voilà de nouveau tout un pays suspendu au bulletin de santé du chef de l’Etat. En effet, les Algériens ne sont pas dupes. Ils voient bien qu’il est malade et qu’il est dans l’incapacité de gouverner, de prendre les décisions qui s’imposent au regard de la gravité de la situation, pas seulement au niveau régional mais surtout au niveau socio-économique et financier.

A l’instar du chef de l’Etat, l’Algérie n’est pas tout à fait en bonne santé. Les propos rassurants et commodes de certains ministres et de certains thuriféraires sur la santé économique du pays frisent le comique. Or, avec la chute continue du prix du baril de pétrole (moins de 80 dollars), les finances sont dans le rouge. Alors que les dépenses projetées en 2014 se situeront autour de 112 milliards de dollars, les recettes escomptées – l’Algérie étant un pays mono-exportateur – se situeraient autour de 60 milliards de dollars, soit un manque à gagner de 50 milliards de dollars. Pour atteindre l’équilibre budgétaire – pour aller vite pour que les recettes soient égales aux dépenses - il faudrait que le prix du baril soit égal ou supérieur à 140 dollars ! Autrement, il faudra puiser dans les réserves de change (pour l’heure elles se situeraient autour de 200 milliards de dollars) pour financer ce déficit. Autrement dit, à ce rythme (au rythme des importations actuelles), les réserves de change risquent de s’épuiser dans trois ans. Le plus grave dans cette affaire : au lieu d’informer les algériens sur la réalité de la situation financière, on continue de leur cacher la réalité et de les rassurer. Et comme il n’y a personne au sommet de l’Etat pour dire "stop, on arrête et on rectifie le tir", "on met fin à l’économie de la rente"…. On y reviendra.

H. Z.

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Commentaires (7) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

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khelaf hellal

Lorsque Dieu et le dopage intensif ne répondent pas; lorsque la rokia et les incantations de charlatans n'y peuvent plus rien , alors on se tourne vers la médecine moderne au pays des lumières. On s'accroche enfin à la seule bouée de sauvetage qui est la SCIENCE en lettres majuscules, celle qui a fait ses preuves à travers les temps pendant que d'autres offraient et faisaient croire à tout un monde d'illusions et de fausse béatitude.

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