Baisse du cours du pétrole et incidences sur l’économie algérienne

Les prix du pétrole risquent de connaître d'autres baisses
Les prix du pétrole risquent de connaître d'autres baisses

Le cours du pétrole continue sa chute depuis plus de deux mois, niveau jamais atteint depuis plus de quatre années. Le 14 novembre 2014 il est coté à 77/78 dollars le Brent et 74/75 dollars le WIT américain et l’euro est de 124,60 pour un dollar.

Le prix de cession du gaz est actuellement déconnecté de celui du pétrole et est également à un niveau bas alors que l’investissement est hautement capitalistique. Pour l’Algérie le seuil de rentabilité doit être au minimum 10 dollars le MBU pour les canalisations et plus de 15 dollars pour le GNL. On peut découvrir des centaines de gisements mais non rentables, les réserves étant fonction du taux de récupération, du vecteur prix international, des différentes sources d’énergie concurrentes et des couts. Quel sont les raisons et l’impact de cette chute des cours ?

1.- Les raisons de cette chute

Premièrement. La récession de l'économie mondiale, dont le ralentissement des pays émergents, Argentine-Brésil-Inde (entre ½%), surtout la Chine 7% de taux de croissance due essentiellement au relèvement des taux d’intérêt, le BTPH contribuant à plus de 25% de son PIB et ce afin d'éviter la bulle immobilière. A cela s’ajoute la surproduction par rapport à la demande. L’OPEP lors de sa prochaine réunion prévue en cde mois de novembre 2014 maintiendra-t-elle son quota de 30 millions de barils jour en précisant que l’OPEP représente environ 35-4O% de la part commercialisée mondiale et que la part OPEP 60/65% avec l’arrivée de nombreux producteurs sur le marché qui risquent de réduire sa part de marché ? L’on devra introduire les données géostratégiques et pas seulement économiques.

Deuxièmement. De l'introduction du gaz/pétrole de schiste américain qui bouleverse toute la carte énergique mondiale, étant passé de 5 millions de barils/jour de pétrole à 8,5 actuellement étant prévu en 2015 9,5 millions de barils jour. Les Etats-Unis, toujours grand importateur actuellement, devraient devenir entre en 2015 le plus grand producteur de pétrole brut (tenant compte consommation intérieure) devant l'Arabie Saoudite et la Russie, selon Bloomberg, tout dépendant de la stratégie saoudienne où d’ailleurs les grandes compagnies américaines sont fortement implantées. Au cours du premier trimestre 2014, les USA ont produit 11 millions de barils de pétrole brut/jour, étant également devenu le plus grand producteur mondial de gaz naturel depuis 2010. 

Troisièmement. Les rivalités au niveau de l’OPEP dont certains ne respectent pas les quotas, de la rivalité Iran-Arabie Saoudite (plus de 35% de la production OPEP), qui ne veut pas perdre ses parts de marché. Avec les pays environnant du Golfe qui peuvent tenir à 75/80 dollars cela représente plus de 60% du quota OPEP. Cela rentre dans le cadre géostratégique avec l’Occident dont les USA pour affaiblir la Russie et l’Iran, qui peut avec les Emiraties le Qatar, Oman, le Koweït, se permettre un cours plancher de 75/80 dollars. L’Arabie Saoudite est le seul pays producteur au monde actuellement qui est en mesure de peser sur l'offre mondiale, et donc sur les prix. Cette baisse des prix sert les intérêts stratégiques des États-Unis et de l'Arabie saoudite", assure Thomas Friedman dans le New York Times L'éditorialiste subodore dans cette politique une "guerre par d'autres moyens" à l'encontre de Moscou et de Téhéran. Le 25 avril 2014, dans un discours prononcé à l’université de Harvard, le prince Turki al-Fayçal, ancien responsable de la principale agence de renseignement d’Arabie saoudite et actuel président du centre de recherches et d’études islamiques Roi Fayçal a déclaré que le royaume entend accroître sa production et la faire passer de 12,5 millions de barils par jour à 15 millions de barils/jour en 2020, devant passer forcément par une entente sur le prix plancher entre l’Arabie Saoudite et les USA.

Quatrièmement. La stratégie expansionniste de Gazprom, tant pour le pétrole que le gaz notamment à travers les nouvelles canalisations, le North et le South Stream approvisionnant l’Europe (125 milliards de mètres cubes gazeux), la Russie ayant besoin de financement, les tensions en Ukraine n’ayant en rien influé sur ses exportations en Europe où sa part de marché a été de 30% en 2013 et investissant récemment pour le marché asiatique à travers les canalisations. L’expérience par le passé ayant a monté que la Russie à combler les parts de marché lorsque l’OPEP diminuait ses quotas. La résolution adaptée à Bruxelles fin octobre 2014 de continuer à approvisionner l’Ukraine malgré les tensions en est la démonstration.

Cinquièmement. Du retour sur le marché de la Libye 800.000 barils/jour actuellement et pouvant aller vers 2 millions de barils/jour, de l'Irak avec 3,7 millions de barils jour (deuxième réservoir mondial à un coût de production inférieur à 20% par rapport à ses concurrents) pouvant aller vers plus de 8/9 millions et de l'Iran, 2,7 millions de barils jour pouvant aller vers plus de 5/7 millions. D’ailleurs avec les nouvelles découvertes dans le monde notamment en offshore notamment en Méditerranée orientale (20.000 milliards de mètres cubes gazeux expliquant en partie les tensions au niveau de cette région) et en Afrique dont le Mozambique qui pourrait être le troisième réservoir d’or noir en Afrique et les nouvelles technologies permettent la réduction des couts des gisements marginaux.

Sixièmement. L’efficacité énergétique dans la majorité des pays occidentaux avec une prévision de réduction de 30%( économie énergie-ciment-rond à béton) interpelant l’Algérie qui continue de construire deux millions de logements avec les anciennes méthodes de construction.

Septièmement. Les tendances sont à une nouvelle division et spécialisation internationale avec la concentration de l’industrie manufacturière forte consommatrice d’énergie en Asie qui absorbera 65% de la consommation mondiale horizon 2030, notamment l’Inde et la Chine (d’ailleurs parmi les deux premiers réservoirs mondial de gaz de schiste mais dont les importations ont dépassé celles des USA entre 2013/2014 ). Les relations clients –fournisseurs seront à leurs avantages, pour avoir des avantages comparatifs et pousseront à la baisse des prix comme le fait la Chine actuellement pour le Venezuela et l’Equateur.

Huitièmement. La spéculation des traders au niveau des marchés boursiers et l’occupation par les terroristes de champs pétroliers et gaziers notamment en Irak avec des écoulements au marché noir pour un baril entre 40/50 dollars.

Neuvièmement. Les cotations du dollar et l’euro, toute hausse du dollar, bien que n’existant pas de corrélation linéaire, comme le montre la baisse de trois à quatre dollars entre le 10 et le 14 novembre 2014, l’euro connaissant une relative stabilisation.

2.- Les conséquences

Si la majorité des tendances se confirment dans la durée, je suis d'accord avec le professeur Antoine Halff, responsable du suivi du marché pétrolier au sein de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), ancien économiste en chef au département américain de l’Energie pour qui le cours cette baisse durerait de longues années, accélérée entre 2017/2020 lorsque les nouveaux champs découverts seront opérationnels. A ce moment-là, les USA deviendront exportateurs nets, le pic étant reporté horizon 2030 du fait de l’abondance de l’offre et des énergies substituables (1). Mais il faut être prudent. A court terme, la cotation basse d’aujourd’hui permet de reconstituer les stocks durant les deux prochains mois. Comme conséquence de ces nouvelles mutations énergétiques et de cette richesse artificielle que la majorité des pays rentiers n'arrivent pas à transformer en richesse réelle, subventionnant pour acheter la paix sociale, (subventions et transferts sociaux représentent en Algérie 60 milliards de dollars soit 27/28% du PIB). L’Algérie est le pays qui subventionne le plus au monde les carburants, occasionnant un gaspillage. La consommation intérieure en gaz en Algérie à ce rythme dépassera les exportations actuelles horizon 2025/2030 qui peinent à arriver à 55 milliards de mètres cubes gazeux, puisque selon les propos du ministre algérien, elle doublera horizon 2030, pour quadrupler horizon 2040 devant penser à un nouveau modèle de consommation reposant sur un MIX énergétique.

Cette baisse des cours accroîtra les tensions budgétaires de bon nombre de pays pétroliers et risque d’éponger une grande fraction de leurs réserves de change horizon 2020. Ces pays ne peuvent continuer à dépenser sans compter permis sur la base d'un cours de pétrole de 110 dollars le baril pour les uns et entre 115/125 dollars pour d’autres, (la loi de finances 2015 pour l’Algérie étant de 125/130 dollars le baril). Ce d’autant plus que les recettes de Sonatrach sont en nette baisse : 73 milliards de dollars entre 2010/2011, 63 milliards de dollars en 2013 et 60 milliards de dollars annoncées par le ministre de l’énergie en 2014.

Selon les rapports internationaux, si le cours tourne entre 80/85 dollars le baril des pays comme la Russie, et l’Algérie ont en fonction de leurs réserves de change un répit de trois à quatre années. L’Iran risque de subir des turbulences et le Venezuela avec les pertes de marché au niveau de son espace naturel les USA, s’orientant actuellement vers la Chine avec un endettement élevé, risque d’être hypothéqué. Le cas serait encore plus dramatique en dessous de 80 dollars. Le défi donc pour ces pays afin de dépasser l'entropie actuelle est d'engager des réformes micro-économiques et institutionnelles indispensables devant s'adapter tant aux nouvelles mutations mondiales qu'aux mutations internes inséparables de l'Etat de droit, de la démocratie sociale et politique. Le défi majeur, est donc de réfléchir aux voies et moyens nécessaires de dynamiser le tissu productif, entreprises publiques et privées locales et internationales créatrices de valeur ajoutée interne, devant se fonder sur l’entreprise créatrice de richesses et l’économie de la connaissance dans le cadre des valeurs internationales. Les ajustements économiques et sociaux à venir seront douloureux.

L’Algérie qui doit d’ores déjà à penser la création d‘un comité de crise composé d’experts indépendants et non de fonctionnaires aux ordres afin d‘éviter l’expérience douloureuse de la crise de 1986 qui a eu un impact désastreux entre 1993/ (cinq années après). L’Algérie doit donc profiter d’une stabilisation financière (dette extérieure très faible) et de ses 200 milliards de dollars de réserves de change y compris les 173 tonnes d’or s pour réaliser cette transition difficile afin d’atténuer et les chocs sociaux. Cela nécessite un langage de la vérité loin du populisme dévastateur et donc une grande moralité de ceux qui dirigent la Cité si l'on veut rétablir la confiance brisée entre l'Etat et les citoyens.

Dr Abderrahmane Mebtoul, Professeur des Universités Expert International

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Commentaires (6) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

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Massinissa Umerri

Vraiment, ca ne changera jamais. L'information c'est un peu comme le petrole, une comodite', qu'il faut savoir traiter. Mais helas, ceux qui y ont meilleur acces n'ont en font pas necessairement meilleur traitement et usage.

"... L’Algérie est le pays qui subventionne le plus au monde les carburants, occasionnant un gaspillage. La consommation intérieure en gaz en Algérie à ce rythme dépassera les exportations actuelles horizon 2025/2030 qui peinent à arriver à 55 milliards de mètres cubes gazeux, puisque selon les propos du ministre algérien, elle doublera horizon 2030, pour quadrupler horizon 2040 devant penser à un nouveau modèle de consommation reposant sur un MIX énergétique... "

Si vous reduisez la consommation interne, vous reduisez la production. Pour que ce ne soit pas le cas, revient a dire que la consommation energetique interne est non-productive. La subvention du carburant n'est pas la cause de ce manque de production.

Des qu'il y a depense d'energie, il y a une production quelconque. Un peu de franchise ou plutot de courage, vous aurait fait qualifier cette production. Le mieux que vous auriez pu citer serait la symbolique Renault. Mais oseriez-vous, sachant que c'est fourriere d'assemblage et non de production.

Que produit la consommation d'energie en algerie, est la question ? (poubliez l'export, rien que pour la consommation domestique) -

5 voyagea la mosque'e et l'electricite' a longuer de temps pour cuisiner a allahiser la societe', et mille et une autres activite's qui sont toutes soumises a cette mission - incluant le foot.

Bref, ce n'est pas que ce harem de 39 millions de vierges consomme trop, elle consomment mal et leur mari gagne mal - en fait, il ne gagne rien, il brade sans arret ses avoir et ceux de tout le harem, incluant celui des nouveaux et des pas encore ne's, pour aller prettendre etre un homme au cafe' - helas, le cafe' de la finance et du petrole n'est pas maure, c'est un casino ! Et voici donc un complementa votre analyse - un dicton de Las Vegas:

What happens in Vegas, stays in Vegas, and the house (casino) always wins.

Pour vous dire que meme les lieux de debauche ontleurs sacro-saints. Ils appelent ca du divertissement pour tous, et les anegeriens appelent cela du haram.

A la place de renault - unlisence le sponsoring d'une equipe de recherche dans le solaire, a la longue, pour transformer le soleil en energie electrique et mecanique - pour acheminer, dessalir l'eau de mer, et la ou c'est possible puiser l'eau douce sous le desert pour une agriculture saine, car tout l'agro-alimentaire industriel ne fait que nourrir les cancers et enrichir les pharmaciens.

Il n'y a d'issue de sortie que l'ombition d'achever de tels projets, visant une auto-suffisance alimentaire riche et diversifie'e independante du beau temps (eau et soleil) d'ici 2020 et biensur une reforme a 200% de l'education (arabo et derive'es a 100%) ainsi que le francias, l'autre 100%. Bref, recommencer a zero. Tout cela est conditionne' par une coupure politique radicale.

Mais cela c'est de l'utopie n'est-ce pas... Pas necessairement. Parait-il qu'ici aux usa, on n'investit plus que dans de telles ide'es radicales, du moins d'apparence - car il n'y a qu'a les realiser pour cessent de l'etre - et la richesses justement, c'est dans cet effort-la. Certains preferent le voyage, d'autre la destine'e. D'ailleurs, le nain reclamr tamazight en l'arabisant. Comme ca c'est du tout pret-a-bouffer !

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