Bu Bournous El Djazaïri raconte : y a-t-il une mort après la mort ?

Un cimetière.
Un cimetière.

Connaissez-vous, chers lecteurs, un village du nom d’El araba ? Non ? Et si je vous dis qu’il se trouve à sept kilomètres de Bethioua ? Non plus ? Et si maintenant je vous dis qu’il se trouve à une trentaine de kilomètres à l’est d’Oran ? Je pense que vous y voyez plus claire.

Mais tout d’abord, permettez-moi de me présenter. Je suis «Boubernous el djazairi», c’est le surnom que je me suis choisi de donner. Algérien et fier de l’être, je porte toujours un bernouse, un vrai de vrai de chez nous. Pour moi c’est l’un des emblèmes de notre cher pays.

Assez parlé de moi pour aujourd’hui et revenant sur l’histoire de notre village. El araba est une localité rattachée administrativement à la commune de Bethioua. Mais pas seulement administrativement, car ce village dépend totalement du chef lieu. Dépourvue de toute infrastructure permettant une vie digne à ses habitants, ces derniers vivent un vrai calvaire. Comme c’est le cas pour le secteur sanitaire avec un seul centre de soin érigé depuis 1982 et manquant de tout équipement. Ceci oblige les habitants à ce déplacer jusqu'à Bethioua ou à l’hôpital d’El Mohgoun pour se faire traiter.

Entre le chômage, le transport et la santé, entre autres, les vivants ou survivants d’El araba essuient leur souffrance et la crient en silence. Chaque jour que Dieu fait, ils maudissent leur vie infernale.

Vous me diriez que ce n’est pas nouveau, que c’est le cas de beaucoup d’autres villages surtout dans le tiers monde où nous vivons. Ce n’est ni plus ni moins qu’une autre histoire d’un autre village dont les habitants vivent l’enfer. C’est donc une histoire banale qui ne suscite aucun intérêt. Cependant, ce n’est pas des habitants vivants, qui meurent lentement mais surement, dont il s’agit mais de ceux qui sont déjà morts et enterrés. Eh oui, à El araba même les morts ne peuvent fuirent leur destin infernal. La malédiction tombé sur le village suit les habitants jusqu’à leurs tombe.

Sinon, comment peut-on expliquer le fait que le cimetière, ce lieu sacré et respecté de tous, soit inondé par les eaux usées que déversent le rejet à juste quelques mètres des tombes. Le cimetière, qui est supposé être la dernière et éternelle demeure des morts, est devenu par la force du temps un autre enfer.

Les tombes se dégradent sous le regard des proches qui ne peuvent plus y accéder. Une mère ayant perdu un fils, une autre épouse qui pleure son mari, et toute personne luttant contre le mal de la séparation doivent également prendre un autre mal en patience, celui de voir les tombes où reposent ceux qui aiment se partent en morceaux sans pouvoir rien y faire.

A moins que quelque chose soit fait pour ces pauvres morts, ils mourront une deuxième fois car quoi de plus pénible que de se séparer d’un proche même dans sa tombe. Alors la question que je me pose est : "y a-t-il une mort après la mort ?" A bon entendeur…

Mohamed Benotman

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Commentaires (3) | Réagir ?

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cherif cherfaoui

En democratie chacun peut donner son avis, seulement il y a certaines personnes qui pensent autrement..... malheureusement.

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cherif cherfaoui

Je trouve que c'est un sujet grave qui merite attention. Par contre en quoi cet article est une histoire idiote?

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