Que sera l’Algérie dans cinq ans ?

Que laissera le clan Bouteflika aux Algériens ?
Que laissera le clan Bouteflika aux Algériens ?

Nombreux sont les citoyens algériens qui se demandent comment va évoluer notre pays non pas dans vingt ans, mais dans les cinq prochaines années car nous sommes à la croisée des chemins dans la mesure où la politique actuelle nous mène tout droit vers une crise financière d’une gravité sans précédents.

Rappelez-vous, à l’arrivée de Chadli, le prix du pétrole était à 30$/bbl. C’était l’époque du slogan "Pour une vie meilleure" pour justifier l’importation et l’endettement. La suite est connue, le pétrole chute en 1986 à moins de 10 $/bbl et la révolte s’installe dans nos rues deux ans plus tard. Tout avait été fait pour créer une crise financière majeure dans le but de mettre l’Algérie à genoux. Parallèlement, le sabotage de l’école a été pris en charge par les spécialistes des «valeurs arabo-islamiques» qui se sont attelés à cultiver intolérance et l’obscurantisme pour préparer la plateforme idéologique du terrorisme religieux.

Le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, exécute la même feuille de route : les importations massives non justifiées, la déliquescence de l’enseignement pour neutraliser toute relève salvatrice, le gaspillage de la rente pétrolière, le chômage, la corruption, la neutralisation de toute forme de démocratie, l’objectif est donc probablement le même : remettre l’Algérie entre les mains du FMI qui l’enverra rejoindre les rangs du grand califat.

La situation empire chaque jour, car nous nous sommes laissés empêtrés dans un environnement dangereusement instable sans aucune gouvernance. Un cercle de décideurs a décidé de figer la vie politique autour d’un président fantôme au moment où tout s’écroule autour de nous et que des forces internes et externes cherchent à nous basculer vers un futur horrible, selon une mise en scène inspirée des événements que nous avons déjà vus en Irak, Tunisie, Egypte, Libye, Syrie, Mali, Nigeria.

Personne ne connaît à l’avance le pourquoi et le comment de ces manœuvres paramilitaires, résultat d’une alliance sans précédent entre les pays de l’Otan, l’Arabie saoudite et son minuscule appendice qatari qui est en train de détruire plusieurs pays, certains très proches de nous. Une seule chose est sûre : le processus, qui va de la déstabilisation à l’éradication selon les cas, ne concerne que les pays non encore totalement inféodés aux Etats-Unis à qui on prête comme objectifs principaux:

- l’élargissement de leur zone d'influence dans la région pour consolider l’hégémonie d’Israël,

- la réalisation de conditions permettant d’acheminer le gaz du Moyen-Orient vers l’Europe pour tenter de contrer la position dominante de la Russie.

L’histoire a montré que l’Algérie a toujours réussi à combattre les menaces étrangères. Elle a connu durant sa guerre d’indépendance les atrocités et les déplacements massifs de ses populations. Plus récemment, la société civile a su se mobiliser pour lutter contre des hordes de «barbes rousses» formées au terrorisme en Afghanistan dans le cadre d’un programme de déstabilisation financé par la CIA et les princes wahabites. A leur retour en Algérie, le pouvoir a offert à ces afghans les mosquées pour endoctriner les adultes et l’école pour enseigner l’obscurantisme et la violence avec la bénédiction des services de sécurité. Preuve en est de leur implication, ces mêmes décideurs se sont attelés à absoudre leurs crimes et à leur assurer une protection sociale. Ces apôtres du terrorisme sont aujourd’hui protégés par la loi de la concorde civile de la honte et bénéficient d’aides financières importantes. Les plus gradés comme Abassi Madani et ses acolytes sont directement pris en charge par leurs parrains dans les pays du Golfe et en Europe. Ces criminels devenus hommes d’affaires détiennent des réseaux internationaux bien huilés d’importation de biens exemptés de droits de douanes. Financés par la rente des hydrocarbures, ils participent à la destruction du potentiel national de production en exerçant une concurrence déloyale et se tiennent prêts à reprendre du service.

Une mission du FMI s’est déplacée durant ce mois d’octobre 2014 à Alger pour prêcher que «s’il n’y a pas de changement de politique, l’Algérie risque d’ici vingt ou vingt-cinq ans de se retrouver avec une position financière extérieure négative». Quelle blague ! Le FMI, à qui Bouteflika a généreusement prêté 5 milliards de $ qu’on ne reverra jamais, nous prédit au moins vingt années de bien-être. A les entendre, on pourrait continuer à vaquer à nos occupations et attendre que nos enfants s’occupent de l’après-pétrole. Mais alors, expliquez-nous pourquoi les initiés du clan présidentiel ont déjà pris leurs dispositions pour rejoindre leur famille à l’étranger?

En fait, le plan machiavélique mis en œuvre depuis deux décennies arrive à son terme. Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, la mafia politique et les pègres régnantes ne cherchent pas à durer pour préserver et protéger leurs intérêts en Algérie. Ceux qui nous dirigent sont chargés de terminer leur mission qui consiste à détruire la nation algérienne, destruction dont le bouquet final sera un «printemps» sans surprises avec passation de pouvoir aux amis salafistes de Bernard Henri Lévy.

Avec la conjugaison d’un prix du baril de pétrole à la baisse et des exportations d’hydrocarbures en chute libre, l’argent de la rente ne suffira plus à acheter la paix sociale dans moins de cinq ans. Il est facile d’imaginer, dans quelques années, nos «chers décideurs» fiers d’avoir accompli leur mission de trahison, en train d’admirer à la télévision les images d’une Algérie ravagée à partir de leurs pays d’adoption où ils ont déjà mis à l’abri leur famille et leurs biens mal acquis.

Un ancien chef de gouvernement a déclaré que cette politique suicidaire est soutenue par un ordre secret de 2 millions d’adhérents qui ont fait allégeance au pouvoir pour bénéficier du détournement de la rente pétrolière. Les membres de cette confrérie savent qu’il n’y aura pas de places pour tous dans l’Arche de Noé qui est réservée uniquement aux éléments de la cinquième colonne, déjà munis de "papiers" dûment visés.

Les 200 000 policiers recrutés massivement pour être demain en première ligne face aux émeutes de la rue, ont été les premiers à comprendre le sort qu’on leur réserve.

En réalité, le compte à rebours de la fin de la nation algérienne a démarré avec le grand virage politique du début des années 2000, lorsque Chakib Khelil- un agent fédéral américain non inculpé à ce jour par les justices algériennes, italiennes et américaines malgré l’accumulation des preuves de corruption – a lancé le chantier du retour au régime des concessions pétrolières. La suite, tout le monde la connaît et notamment l’exfiltration de son parent Réda Hamèche qu’il avait imposé en tant que chef de cabinet à Sonatrach malgré son statut de délinquant international, preuve que la voyoucratie avait pris en main l’avenir de l’Algérie.

Tous les dossiers de justice et les enquêtes en rapport avec les membres du clan présidentiel sont gelés depuis cinq ans car il faut sauver le soldat Bouteflika et le maintenir en vie et au pouvoir coûte que coûte. Il jouera le rôle d’alibi lorsque l’Algérie sombrera dans l’anarchie et qu’on sera obligé de dévoiler la partie immergée de l’iceberg de la corruption, à savoir, la trahison des binationaux qui nous gouvernent.

Comment en est-on arrivé à ce stade ?

Pour comprendre ce qui se passe en Algérie, il faut prendre du recul car hélas, on oublie souvent que les orientations politiques fondamentales qui vont irrémédiablement conduire à la destruction du pays, ont été imposées bien avant l’arrivée de Bouteflika et que tous ceux qui ont essayé de corriger la feuille de route ont été écartés ou même supprimés. Ce sont des sujets que tout le monde connait mais qui restent tabous. On citera notamment:

La destruction de l'école : Une politique qui ne donne aucune priorité à l’éducation et à la formation des jeunes dans un pays où 70% de la population a moins de 25 ans est suicidaire. Le sabotage de l’école algérienne a déconnecté le système de formation des besoins de notre société, engendrant un chômage chez les jeunes diplômés. La formation professionnelle et l’apprentissage, exclus du système éducatif, sont pratiquement inexistants. Plutôt que de donner un balai ou une pioche à un jeune chômeur ou un véhicule (prêt sans garantie de remboursement) s’il est pistonné, il aurait été préférable de le former pour lui donner un vrai métier. Il ne faut donc pas s’étonner que nos enfants choisissent, au péril de leur vie, d’acheter une place dans une embarcation de fortune pour rejoindre l’Europe en espérant y trouver un emploi décent.

La décision d’arabiser les sciences et de sacrifier les professeurs algériens des lycées formés en français est une action de sabotage qui n’a jamais été remise en cause même lorsqu'on s’est rendu compte que les sciences ne pourront pas être arabisées au niveau de l’enseignement universitaire et de la recherche. Le pouvoir a contourné la difficulté en fixant aux écoles normales supérieures la mission de sélectionner et de former les professeurs scientifiques arabisés destinés aux lycées et les CEM avec mandat de créer des cursus décidés en dehors des circuits universitaires. Les nouveaux bacheliers formés en arabe sont versés chaque année sur les bancs des universités où les professeurs dispensent des cours scientifiques en français (ou en anglais dans certaines grandes écoles) en utilisant une terminologie qu'ils ne comprennent pas. Ce volet qui consiste à saboter l’enseignement des matières scientifiques n'est pas le plus grave. Le prosélytisme salafiste est monnaie courante. On invite dans ces écoles normales, les étudiantes au port du hidjab rigoureux. Toutefois, il faut reconnaître que de légères concessions ont été faites au niveau des livres scolaires, après l'interdiction du FIS, puisqu’on y a supprimé les photos représentant les têtes décapitées sur les pieux des soldats victorieux qui figuraient dans les livres scolaires au moment où le GIA offrait le même spectacle dans certains quartiers d'Alger. Mais la charia reste une épreuve obligatoire au Bac. Il est donc clair que l'Ecole algérienne est déjà entre les mains des salafistes qui se préparent à hériter des ruines de la Nation algérienne. Rappelez-vous, le général Lamari avait déclaré: «le terrorisme ne sera pas vaincu par les seules armes. Tant que la mosquée et l’école ne changent pas ...». Des milliers d’algériens persuadés que l’Algérie basculera dans le salafisme se sont déjà préparés à l’exode. Des centaines d’écoles et lycées privés ont été agréés pour préparer ce grand départ réservé aux nantis et aux puissants. A cet effet, saviez-vous que l’Etat prend en charge les frais de scolarité exorbitants des écoles privées pour les enfants «des gradés» de ses grandes institutions? Auront-ils droit à une place dans l’Arche ?

Le bradage du secteur de l'Energie: Le retrait de certains articles de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, suite au déplacement salvateur d’Hugo Chavez à Alger, a entraîné, probablement à titre de représailles, des actions de destruction structurelle du secteur de l’Energie qui vont se poursuivre même après le départ de Chakib Khelil. Des décisions contraires aux intérêts nationaux, tels que la réalisation d’investissements lourds dans des créneaux inappropriés et le transfert à peine déguisé de la rente gazière à des intérêts privés étrangers sont des actions qui ont nécessité un réseau de complices à plusieurs niveaux. Plusieurs analystes sont convaincus que l’objectif de toutes ces actions est d’épuiser rapidement les ressources d’hydrocarbures pour précipiter l’Algérie dans une crise financière aux conséquences catastrophiques. Preuve en est aujourd’hui, les postes de PDG et de Vice-Présidents de Sonatrach sont assurés par des intérimaires qui ne seront pas enclins à prendre et à assumer les responsabilités associées à leurs postes. Sonelgaz n’est pas en reste. Son PDG, M. Bouterfa vient d’annoncer que la dette des filiales de distribution de Sonelgaz dépasse les 1800 milliards de dinars et que les besoins d’investissement pour satisfaire la demande sur 10 ans sont de 6500 milliards de dinars. Comment peut-on gérer une société avec une pareille dette qui ne comprend pas la subvention très importante de l’Etat à travers le prix de cession très bas du gaz naturel? Sonelgaz parle d’une production de l’équivalent de 200 MW par an de panneaux photovoltaïques en 2016 en oubliant que l’important, ce n’est pas l’intégration d’une des nombreuses filières du photovoltaïque (toujours en développement) mais la croissance de son usage pour réduire la consommation d’énergie fossile. Qu’avons-nous fait pour favoriser l’installation de panneaux solaires et l’efficacité énergétique? Rien de concret et dans ce domaine, même la Tunisie est loin devant nous. Le gaspillage d’énergie est encouragé par une politique tarifaire inadaptée alors qu’il est établi que nous ne serons pas en mesure de satisfaire nos besoins en électricité dans quinze années.

Le sabordage de l'économie et des finances : On a assisté, sous Bouteflika, à la mise en place d’un environnement législatif qui encourage le développement d’une économie informelle (estimée à 40% du PIB) visant au démembrement de la production nationale et à la mise en jachère de tout notre potentiel agricole. De nombreuses mesures d’accompagnement ont pour seul but de mettre en œuvre un processus de destruction de notre économie et de nos ressources. On citera l’absence de transparence dans les finances avec une résistance farouche à toute modernisation des organes de contrôle et des banques publiques alors qu’on assiste à la multiplication des agences de banques privées étrangères, notamment françaises et arabes, créées principalement pour accompagner l’activité d’importation. Certains experts algériens considèrent que l’évasion fiscale associée aux opérations d’importation relayées par ces banques privées est abyssale. Bonnes nouvelles pour ces banques, le budget de l’Etat pour 2015 prévoit une augmentation des importations d’environ 6%.

Où est la vérité sur la rente des hydrocarbures ?

On sait d’ores et déjà que la plupart des responsables de la faillite algérienne ont transféré leurs biens mal-acquis à l’étranger (Le fisc français bien indulgent avec un ancien ministre algérien). D'ici 5 ans, Il deviendra de plus en plus difficile de cacher la vérité au peuple algérien en ce qui concerne l’épuisement rapide de la rente des hydrocarbures. Tout cela, les responsables algériens et les acteurs étrangers le savent depuis des années, mais il est très important de cacher cette vérité au peuple algérien pour bénéficier de l’effet de surprise.

L’immunité de Bouteflika qui a enrichi son clan de son vivant va continuer à les protéger de l’au-delà dans la mesure où on lui fera porter la responsabilité de tous les maux du pays et, notamment, les actes de trahison qui n’ont toujours pas fait l’objet de révélations publiques.

Les complices islamistes très actifs (et largement bénéficiaires du partage de la rente de l'import-import) sortiront alors de leurs réserve pour réclamer des élections où ils se présenteront comme la seule relève "ntègre". D'autres demanderont la partition pour échapper au salafisme.

Bref, c'est la feuille de route devenue très classique du "Printemps arabe" de l'Oncle Sam qui vise la partition des pays ciblés qui ne s'inscrivent pas dans l'axe américano-judéo-wahhabite.

Y a-t-il de l’espoir pour l’Algérie ?

Plusieurs pays riches ou pauvres ont déjà fait l’objet de manœuvres de déstabilisation qui ont été à chaque fois exécutées sans préavis, créant un effet de surprise et semant le désarroi au niveau des populations. L’un des moyens de contrer ces actions est d’instaurer une véritable démocratie, de renforcer l’Etat de droit et la transparence à tous les niveaux. Le défi majeur consistera à trouver des algériens nationalistes et performants qui sauront rapidement mettre en place une politique économique en mesure de nous préparer à l’après-pétrole. Les recommandations en ce sens relèvent du bon sens: il faut récupérer l’école et former des ressources humaines compétentes, promouvoir notre potentiel agricole, encourager le développement d’industries stratégiques et des services adéquats créateurs d’emplois et surtout redonner l’espoir à nos jeunes.

Il est urgent de sevrer le peuple de l’assistance aléatoire de la rente pétrolière et de le réveiller avant le choc créé par l’interruption brutale des importations, pour éviter l’octobre bis programmé, la guerre civile et la partition du pays. C’est un problème de sécurité nationale et de survie de l'Algérie entière.

Sid Benkaci

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Commentaires (8) | Réagir ?

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ali chemlal

Attila le roi des huns a dit " ou mon cheval est passé, l' herbe ne repoussera plus" aprés Bouteflika '"l effaceur" c' est la faillite et la misére qui s' installera dans notre pays.

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klouzazna klouzazna

Le destin des nations est entre les mains de ses citoyens... ils peuvent en faire un paradis s'ils aspirent au bonheur de leurs enfants ou un ENFER s'ils se contentent de se remplir le ventre... et après moi le déluge !!!

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