Canada : un soldat vaut plus que 509 femmes autochtones

Le gouvernement canadien a profité de cette attaque terroriste pour revoir la législation sur la liberté.
Le gouvernement canadien a profité de cette attaque terroriste pour revoir la législation sur la liberté.

Le premier ministre du Canada a montré la semaine dernière qu’il y a un double standard dans son pays en ce qui concerne le traitement des morts violentes. Il s'apprête à déposer un projet de loi pour donner davantage de pouvoirs à ses services de renseignements à la suite du décès de deux de ses soldats alors qu’il n’a rien fait face à l’assassinat ou la disparition de 1017 femmes autochtones.

Malgré le fait que de nombreux organismes internationaux incluant l’ONU ont émis des rapports demandant au Canada de tenir une enquête publique nationale pour en arriver à endiguer la violence faite aux femmes autochtones, le gouvernement a opposé une fin de non-recevoir à toute intervention fédérale dans ce domaine. Pourtant, des données officielles de la GRC publiée en mai ont montré qu’au moins 1017 femmes et filles autochtones ont disparu ou été assassinées de 1980 a 2012. Le meurtre très médiatisé en août de Tina Fontaine, une Ojibwée de 15 ans dont le corps a été retrouvé dans un sac dans la rivière Rouge à Winnipeg ne l’a même pas ébranlé. Le gouvernement fédéral permettait seulement le 15 septembre dernier l’élaboration de plans de sécurité communautaire dans les réserves et à l’extérieur de celles-ci.

On n’a cependant pas vu cette résistance à l’action lors de la mort de deux soldats canadiens la semaine dernière. En réponse à l’assassinat d’un militaire à Saint-Jean-sur-Richelieu au Québec le 20 octobre, puis d’un autre sur la Colline parlementaire à Ottawa le 22 octobre, les conservateurs fédéraux veulent légiférer dans les prochains jours pour donner davantage de pouvoirs aux services de renseignements du pays. Cette urgence s’installe malgré le fait que le rôle de ces services est encore mal connu dans ce dossier et qu’au moins un de ces deux individus, Michael Joseph Zehaf-Bibeau, aurait pu agir en réaction aux actions d’agents fédéraux qui lui auraient confisqué son passeport pour éviter qu'il ne se rende à l'étranger. La définition même de terrorisme pour décrire ces meurtres peut être remise en cause. Quand Pauline Marois nouvellement élue première ministre du Québec subissait un attentat de Richard Bain au Métropolis il y a quelques années, celui-ci n’avait pas été qualifié d’acte terroriste même si l’homme qui avait des dessins politiques, l’avait commis avec une arme à feu et avait causé la mort d’un individu. On ne peut pas dire non plus que les actions du gouvernement visent à assurer la sécurité des citoyens de son pays. Les 47 décès causés l’année dernière par l’explosion d’un wagon DOT-111 rempli de pétrole en plein centre-ville de Lac Mégantic n’ont pas empêché le gouvernement de Stephen Harper de laisser rouler des trains de 120 wagons au travers une bonne partie des villes du pays pour transporter le produit des sables bitumineux de l’Alberta.

Comme cette législation à venir du gouvernement fédéral ne répond pas à un souci humanitaire ni même de sécurité, il faut se demander ce qui la motive. Il est évident que le gouvernement tente d’utiliser la mort tragique de deux soldats pour proposer un projet de loi plus autoritaire qu’il n’aurait pu le faire avant ces événements. Le chef libéral, Justin Trudeau, a eu beau rappeler aux Communes la nécessité de trouver un juste équilibre entre la sécurité des citoyens et la protection de leurs droits fondamentaux, cela n’a pas changé la décision du gouvernement.

La demande du chef du NPD, Thomas Mulcair, de ne pas basculer vers un État policier, n’a pas eu non plus une réponse positive. Le gouvernement conservateur de Stephen Harper s’apprête à suivre l’exemple d’autres gouvernements qui ont utilisé l’excuse d’un attentat terroriste pour faire passer des lois liberticides qui les ont maintenus au pouvoir. C’est donc maintenant au tour du Canada d’utiliser l’excuse d’une attaque terroriste pour réduire la liberté et les droits de ses citoyens. Il montre du même coup que la mort de deux soldats est plus importante pour lui que celles de 1017 femmes autochtones.

Michel Gourd

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Commentaires (2) | Réagir ?

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zwen

Voici un autre article bidon. Mais, le rapport entre la mort des femmes autochtones et des actes de terrorismes religieux. il est ou?????

Parce que vous accusez les islamistes d'avoir tuer ses pauvres femmes autochtones?

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uchan lakhla

L'occident dont fait partie la France officielle a ouvert les portes de l'enfer, chacun de ses pays aura son patriot act, à présent dansez.