Le prix Nobel de…l’exclusion à Tazmalt

L'école algérienne a du chemin à faire pour éviter l'exclusion.
L'école algérienne a du chemin à faire pour éviter l'exclusion.

Si la jeune Pakistanaise de 17 ans (seulement) Malala Yousafzaï a obtenu et largement mérité le prestigieux Prix Nobel de la paix pour sa lutte pour le droit à l’éducation des femmes et des jeunes filles, chez nous en Algérie, certains directeurs d’écoles et de proviseurs de lycées méritent le prix Nobel de… l’exclusion.

Si ailleurs, notamment dans ces pays pauvres comme la Pakistan, l’Afghanistan l’Inde ou les pays d’Afrique noir, on lutte contre vents et marées pour scolariser les enfants, en Algérie, on se fait un malin plaisir à les chasser de l’école, parfois manu miltari par les responsables des établissements publics où l’instruction est pourtant gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans : "L’enseignement est obligatoire pour une durée de 9 ans. Tout Algérien a droit à l’éducation et à la formation. Ce droit est assuré par la généralisation de l’enseignement obligatoire d’une durée de neuf ans pour tous les enfants âgés de 6 à 16 ans révolus."[1]

Mais cela ne suffit pas. C’est le cas du CEM Boudjemaa d’Allaghène, commune de Tazmalt, wilaya de Béjaia où pas moins de quatre élèves nés tous en 1999 sont injustement et illégalement privés de la scolarisation à cause du cynisme déconcertant de leur directeur et le silence coupable de quelques enseignants zélés, et ce, au mépris des correspondances de la tutelle qui insistait pourtant sur la nécessité de repêcher tous les élèves exclus même au-delà de 16 ans. L’objectif est clair : les soustraire à la délinquance et leur donner une autre chance pour se ressaisir. Ce sont des préadolescents avant tout et c’est aux adultes de les comprendre et de les éduquer pas le contraire en dépit de l’action militante et louable de la très jeune Malala. Un exemple à méditer pour beaucoup d’éducateurs «professionnels».

Exclure ces enfants précocement c’est d’abord gonfler le taux de la déperdition scolaire et de l’analphabétisme (10 ans et plus) qui atteint, selon les statistiques de 1998, l’effarant chiffre de 31,66% (féminin : 40.33 % ; masculin : 23.11%)[2]. Un taux qui donne froid dans le dos et que ce directeur ignore royalement. C’est un chiffre trop élevé par rapport aux moyens matériels et humains dont dispose le pays.

Exclure ces élèves c’est les livrer poings et pieds liés à l’oisiveté, à la délinquance. Ils deviennent ainsi des proies faciles du "trabendisme", du banditisme et de l’islamisme qui les recyclera pour détruire à leur tour les écoles.

Le père de l’un des élèves exclus exprime son dépit et son impuissance : "C’est un souci supplémentaire. Que ferai-je pour mon fils à cet âge-là ? Il est trop jeune pour travailler et ne dispose d’aucun niveau lui permettant de suivre une formation professionnelle ! Le Directeur est autisme, il me ferme toutes les portes."

Voilà le rôle primordial de certains directeurs d’école : la chasse à l’obtention du prix Nobel de l’exclusion en déscolarisant le maximum d’enfants. Le monde à l’envers !

Djamal A.

Renvois


[1] Principes et objectifs généraux de l'éducation, consulté le 11 octobre 2014.

[2Ibidem.

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Commentaires (2) | Réagir ?

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Emiliano Zapata

Quoi qu'on dises, quoi qu'on pense il y a encore beaucoup d'enseignants et de directeurs d'établissements qui font consciencieusement leur travail malgré les programmes débiles qu'ils sont obligés d'appliquer souvent malgré eux. L'idéologisation de l'Ecole a eu un effet catastrophique sur la pédagogie et sur l'éducation des enfants en général. Les apprentis sorciers qui ont conçu et orienté l'école algérienne pour former des sujets arabo-islamistes (voir l'ordonnance du 16 Avril 1976 signée par le dictateur Boukharouba) et certainement conçue par son éminence grise de l'époque Taleb toujours vivant n'ont pas mesuré le désastre qu'ils allaient causer. Boumediène est mort sans avoir eu le temps de réparer ce désastre et ça continue de plus belle malgré la commission Benzaghou et malgré Mme Benghebrit-Remaoun. Les dégâts causés sont tellement importants qu'ils faudrait des dizaines d'années pour remettre l'école sur la route du progrés et du savoir universel qui est sa véritable vocation d'où l'on détournée les apprentis sorciers ignares qui ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez. En ce qui concerne l'exclusion des élèves, vous devez savoir qu'un élève maintenu de force dans une classe donnée, non seulement ne fait rien de bon, mais perturbe les autres élèves qui veulent travailler sans compter le fils à retordre qu'il donne continuellement à l'enseignant ou l'enseignante l'empêchant parfois de faire son travail correctement. L'enseignement et l'éducation en général, ce n'est pas une mince affaire et on voit tous les jours les dégâts causés par les caculs érronnés de politiciens avides surtout de pouvoir et de puissance pour castrer le peuple et l'empêcher de penser à son devenir.

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Quelqun EncoreQuelqun

Il eut été judicieux de faire appel aux sections RCD du coin; elles auraient certainement "milité" pour la re-scolarisation de ces pauvres malheureux. N'est-ce pas monsieur Djamel A ?

Ces directeurs dont vous parlez sont à l'image du reste; tout fout le camp, y compris le bon sens.

"Directeur" est censé donner "la Direction" ou la montrer. Or, lorsque l'on sait comment sont promus la plupart d'entre eux et d'autres (hein...), on ne peut compter QUE sur un éventuel sentiment de paternité ou de relation adulte-mineur pouvant hélas pallier les carences en matière de pédagogie et des sciences de l'Education en général.

Quoi qu'il en soit, pour une fois que quelqu'un rend compte de quelque chose qu'il connait de près, nous ne pouvons que souscrire à l'appel et demander à ces égaré (e) s du "fawdha mental" de rouvrir les portes des écoles (encore publiques j'imagine) à ces pauvres gamins.