Ban Ki-moon appelle à un cessez-le-feu et incite au dialogue en Libye

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé samedi à la fin des hostilités en Libye, au cours d'une visite éclair destinée à donner un coup de pouce au dialogue politique lancé en septembre pour tenter de mettre fin à l'anarchie.

"Soyons clairs: sans un arrêt immédiat des affrontements violents et sans le rétablissement d'une paix durable, prospérité et vie meilleure seront un rêve lointain", a dit M. Ban, dont la visite n'avait pas été annoncée. Il s'exprimait à l'ouverture d'une réunion de dialogue entre députés rivaux du nouveau Parlement, en présence de la ministre italienne des Affaires étrangères Federica Mogherini ainsi que d'émissaires français, britannique, maltais et italien.

Plusieurs élus boycottent les réunions du Parlement, reconnu par la communauté internationale mais contesté par Fajr Libya, une coalition de milices qui contrôle Tripoli, et de puissants groupes islamistes qui ont pris la deuxième ville de Libye, Benghazi (est). 

L'émissaire spécial de l'ONU Bernardino Leon était en effet parvenu le 29 septembre à réunir pour la première fois des députés rivaux à Ghadamès, dans l'ouest libyen. "C'était une première étape courageuse sur laquelle nous allons construire. Je suis ici pour soutenir le processus qui a été lancé en Ghadamès", a-t-il dit. "Il n'y a pas d'alternative au dialogue", a insisté M. Ban, reconnaissant cependant que "le chemin sera long et difficile".

Selon lui, l'objectif du dialogue serait dans un premier temps de mettre un terme à la crise institutionnelle. "Le pays ne peut pas se permettre d'être divisé politiquement pour une si longue période. La Libye a besoin d'un parlement qui représente tous les Libyens", a-t-il dit.

"Un gouvernement fort"

M. Ban a appelé à renforcer la légitimité du Parlement élu le 25 juin, qui a dû s'exiler à Tobrouk, à 1.600 km à l'est de Tripoli, pour échapper à la pression des milices. Il s'est déclaré aussi pour la formation d'un cabinet d'union nationale, un "gouvernement fort capable de mettre en oeuvre les décisions".

Les Libyens font face en effet à une situation inédite avec deux Parlements et deux gouvernements en place, compliquant la difficile transition politique dans un pays sous la coupe des milices.

Fajr Libya avait pris le contrôle de Tripoli après avoir conquis fin août l'aéroport aux dépens des milices pro-gouvernementales de la ville de Zenten (au sud-ouest de la capitale).

Forte de son succès militaire, Fajr Libya a formé un gouvernement parallèle à Tripoli, tandis que le Congrès général national (CGN, le Parlement sortant dominé par les islamistes et des députés de Misrata), dont le mandat a expiré théoriquement avec l'élection du nouveau Parlement, a repris ses travaux, compliquant davantage la situation.

Après Tripoli, Fajr Libya a élargi ses opérations militaires à l'ouest de la capitale, dans la région de Ouercheffana alliée des Zentanis, et accusée d'abriter des fidèles de l'ancien régime. Théâtre de violences quotidiennes, Benghazi est tombée par ailleurs cet été entre les mains de milices islamistes, dont Ansar Asharia, un groupe jihadiste classé organisation terroriste par Washington, après avoir chassé de la ville des forces militaires loyales au général à la retraite Khalifa Haftar.

"Nous demandons à tous les groupes de cesser les combats", a dit M. Ban, appelant aussi toutes les milices à "se retirer des villes et des bâtiments officiels". Un colonel de l'armée, Ahmed al-Seiti, a été tué vendredi dans de nouveaux combats à Benghazi, portant le bilan à 130 militaires tués en deux mois, a indiqué samedi à l'AFP un responsable militaire.

Accusé par ses détracteurs de mener un coup d'Etat, le général Khalifa Haftar, avait annoncé en mai le lancement d'une opération anti-terroriste à Benghazi, une opération qui n'a pas remporté un franc succès et qui a provoqué une flambée de violences. 

Depuis la chute du régime Kadhafi en 2011 à l'issue d'un conflit de huit mois, les différentes milices l'ayant combattu font la loi dans un pays plongé dans le chaos et où aucune autorité n'a réussi à rétablir l'ordre.

AFP

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