Comment gagner la guerre contre le terrorisme ?

Les djihadistes et leur terrorisme ne doivent pas justifier les actions répressives des pouvoirs.
Les djihadistes et leur terrorisme ne doivent pas justifier les actions répressives des pouvoirs.

Pour éliminer le terrorisme, il serait utile de voir comment ce concept justifie des agressions de grande ampleur contre les droits de l'homme. Cela pourrait recentrer l'analyse de l’assassinat d’Hervé Gourdel.

Malgré le fait que la première tentative de définition internationale du terrorisme remonte à 1937, il n’en existe toujours pas une qui fait consensus à travers le monde. Prenant la relève de la Société des Nations qui s’est cassé les dents sur le concept, l'ONU en a proposé une ébauche en 2004. Selon l'organisme, c'est "toute action qui a pour intention de causer la mort ou de graves blessures corporelles à des civils ou à des non-combattants, lorsque le but d'un tel acte est de par sa nature ou son contexte, d'intimider une population, ou de forcer un gouvernement ou une organisation internationale à prendre une quelque mesure ou à s'en abstenir."

Le fait qu’il n’existe aucune définition commune permet aux États d’utiliser ce terme fourre-tout pour légitimer les pires actions. Il existe donc une centaine de manières de décrire le terrorisme. Elles servent à régler des problèmes spécifiques en utilisant ce mot qui semble tout permettre. Le terrorisme crée une catégorie d’ennemis contre laquelle on peut utiliser un grand éventail d’actions violentes. Il pointe des acteurs qui remettent en cause l’État ou une de ses formes de pouvoir. La guerre au terrorisme est un nouvel outil de répression des libertés d'expression, d'association et de réunion.

Parmi les définitions les plus larges se trouve le Terrorism Act britannique voté au début du siècle. Il considère le terrorisme comme une action visant à influencer le gouvernement ou à intimider tout où une partit du public et qui a pour objectif de promouvoir une cause politique, religieuse ou idéologique. Une énoncée si large qu’elle permet de criminaliser tout moyen de contestation politique et sociale même légèrement violent. Les États-Unis utilisent une définition encore plus large qui intègre l'enlèvement, l'utilisation d'armes biologiques, chimiques ou nucléaires et naturellement le détournement d'avion. Ces définitions servent donc aux États pour diffamer un organisme contre lequel ils ont un grief et leur permettent de poser des actions qui sont souvent des centaines de fois plus destructives que l’acte terroriste qu’ils sont supposés vengés. Cela peut emmener aux plus impressionnantes dérives. Le ministre canadien de la Sécurité publique, Vic Toews, rendait public en février 2012, un document de 46 pages qui faisaient l'inventaire des responsabilités des ministères fédéraux engagés dans la lutte contre le terrorisme. Les environnementalistes qui vilipendent les sables bitumineux et les pipelines qui transportent le pétrole qui en est extrait y étaient mentionnés alors que les pires actions qu’ils avaient entreprises n’avaient causé aucune mort humaine et très peu de dommage matériel. Les écologistes sont donc classés au Canada parmi les menaces à surveiller et inscrits dans la stratégie antiterroriste du gouvernement Harper. Il y a aussi en Tunisie où un rapport a été publié par Human Rights Watch le 7 juillet 2014 pour dénoncer le projet de loi antiterroriste déposé le 28 janvier dernier par l’ancien gouvernement d’Ali Laârayedh. Il est considéré comme non conforme aux chartes internationales à cause d’une définition trop floue du terrorisme.

Plusieurs de ces définitions ne reconnaissent pas la possibilité de l'utilisation légitime de la violence par des civils. Tous les mouvements de résistance peuvent donc être considérés comme des groupes terroristes. L’inverse est aussi possible. Dans le cas de la Syrie, les membres d’Al-Qaëda qui sont considérés ailleurs par l'Occident comme des terroristes y sont devenus des combattants pour la liberté. Il y a donc plusieurs listes des organisations terroristes. Tant l’Europe que l’ONU, les États-Unis et le Canada ont la leur et y mettent les groupes qu’il veut bien y voir. Les combattants révolutionnaires des uns sont les terroristes des autres. Ce sont les médias qui construisent un discours sur le terrorisme et l'associent systématiquement au djihadisme. Dans beaucoup des groupes terroristes où elle est présente, la religion est surtout instrumentale, servant entre autres à justifier des actes inhumains. L’attrait de cette couverture médiatique entraîne souvent des actions de déséquilibrer rebaptisé loups solitaires pour qui la violence n'est pas un moyen, mais une finalité.

Comment éliminer le terrorisme ? On pourrait commencer par ne plus utiliser ce terme péjoratif et fourre-tout. Le terrorisme n'existera plus quand on n'en parlera plus. Si cela est vrai au sens propre, ça l'est presque au figuré puisque c'est la publicité qui est la première motivation de ces actes. Chaque situation devrait plutôt être considérée comme un cas isolé qui mérite une analyse séparée et des réactions proportionnées. Recentrer ainsi l'analyse de l’assassinat d’Hervé Gourdel permettrait de voir que c'était un acte criminel et inhumain posé dans une Algérie géré par les tout puissants services de renseignements et l'armée. Il n'a pas terrorisé la majorité des Algériens. Ce sont les soldats d'Abdelaziz Bouteflika qui l'ont fait. Si les criminels qui ont décapité ce Français doivent absolument être pris, cela ne doit pas servir d'excuse pour violenter la population algérienne qui n'a pas la même opinion que son gouvernement.

Michel Gourd

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Commentaires (9) | Réagir ?

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elvez Elbaz

Pour gagner la guerre contre LA VERMINE WAHHABITE ARABO-ISLAMIQUE ou ISLAMISTE, virus destructeur qui a pénétré l algérie à cause de vecteurs de contamination tels les arabosalafistes belhaj, madani, mezrag, zitout, et les nationalistes panarabistes tels les amazighophobes en col blanc dehbi, l'ambigu benchenouf...... Il faut surtout ne PLUS appliquer le concept stérile et dangeureux de LA GUERRE PEDAGOGIQUE si chére au kgb, CIA, FBI, DST, DRS.....

Il faut juste mener un combat sans relâche contre cette ce faschisme araboislamique, en s aidant de toutes les forces éprises de paix, de démocartie et de justice qui SONT les fondements de L ALGERIE ALGERIENNE.

La justice du combat contre cette extrémisme est plus efficace que la dangereuse justice du concept de la guerre pédagogique!

La guerre pédagogique est juste une victoire à court terme;surtout lorsque, sous l euphorie de cette victoire, on laisse complaisemment le champs libre aux racines de ce faschisme arabowahabite repousser dans un autre terreau en kamis, en col blanc et en treillis, ENCORE PLUS DANGEREUX ET ENCORE PLUS DESTRUCTEUR !

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karim Aït Aïssa

La politique est prise en otage par les lobbys qui eux n’obéissent qu’à la logique du profit et à la loi de l’argent, son seul et unique dieu.

On l’observe presque partout dans notre monde actuel : il y a un fossé qui sépare le gouvernant du gouverné et qui fait s’entrevoir deux réalités parallèles l’une de l’autre ; c’est que le premier continue de parler au nom du second qui lui, ne se reconnait pas comme étant le centre de l’intérêt de la chose politique mais prend plutôt conscience qu’il n’est qu’une vulgaire pièce d’un immense jeu qu’on manipule pour des intérêts strictement privés.

Des fouilles ont étaient lancées en Irak à l’apogée de l’époque coloniale, au 19ème siècle, et des vestiges témoignant des premières civilisations sortent peu à peu, au fil des années dites de progrès, des ténèbres de l’oubli vers la lumière de la connaissance pour être brutalement interrompu par la première guerre du Golfe au lendemain de la chute du Mur.

D’abord ce sont des sites archéologiques majeurs qui sont détruit au premier lâcher de bombes, ensuite c’était au tour des grands musées qui seront littéralement dépouillés, le marché de l’Art étant cinquième au rang des activités génératrice... de profit.

Depuis, tout va mal au berceau des civilisations...

Si Babylone pose un sérieux problème au Lobby, c’est que l’Histoire de cette Cité est, à mon humble avis, susceptible de remettre au goût du jour cette lancinante est non moins fondamentale question qui ne cesse de tarauder l’Ëtre humain :

Qui suis-je ?

Daech n’est que pure manifestation d’une douleur humaine. La guérison est dans la délivrance de la Politique, toute la Politique, des griffes du Lobby. Principale combat citoyen du XXIème siècle. ck

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