Kabylie : cet autre otage du pouvoir algérien

Depuis "la réconciliation", la Kabylie est devenue le principal théâtre de replis de groupes islamistes armés.
Depuis "la réconciliation", la Kabylie est devenue le principal théâtre de replis de groupes islamistes armés.

N’en déplaise aux apprentis sorciers du pouvoir algérien, cette région est la première victime de l’ignoble assassinat de cet alpiniste français.

L’irruption de l’effroyable nouvelle sème d’abord l’épouvante dans nos rangs lors même que nous sommes malheureusement habitués depuis longtemps à ce genre de tragédies perpétrées par des hordes mues par la même idéologie, la même mentalité guerrière : l’Islam totalitaire d’importation récente. Comment, au 21e siècle, des hommes peuvent sacrifier d’autres hommes pour Allah comme aux temps d’avant Abraham ? Comment un groupe, faisant sa prière cinq fois par jour se gargarisant de "ssalam aâli-kum…", peut verser le sang d’un innocent pour démontrer l’illusoire sentiment de puissance de son organisation islamique implantée par on ne sait quelle volonté politique dans une Kabylie traditionnellement laïque, tolérante, ouverte sur le monde et dont la moitié de la population vit hors de ses frontières ?

Comment cet homme, Hervé Gourdel, venu tranquillement chez nous et placé sous l’aânaya (la protection sacrée) de citoyens algériens puisse être froidement décapité et aussi facilement ? Un assassinat commis dans un élan d’orgueil pour assouvir les bas instincts d’un groupe résolu à faire plier tout le monde, à faire triompher son islam ici, ailleurs et partout et à démontrer son allégeance féodale à un Etat islamique de plus dans un Moyen-Orient déjà largement fanatisé par des monarchies ivres de leur opulence et assurées du soutien d’une Amérique sûre de son bon droit d’exportatrice d’un prêt-à-porter démocratique, une Amérique et un occident le plus souvent sourds aux appels des forces démocratiques des pays du sud et les Kabyles en connaissent un rayon !

Devant le martyre de cet homme ami des peuples de montagnes, notre tristesse est grande et cet acte odieux nous inspire compassion et solidarité envers sa famille et tous ses proches comme nous nous inclinons devant toutes les victimes innocentes d’hier et d’aujourd’hui frappées par ce genre d’actes sauvages perpétrés par le même bras armé.

Le jeune Kamel Amzal assassiné à Alger par des islamistes

Chacun sait que la Kabylie, en conflit ouvert ou larvé avec le pouvoir central d’Alger dont elle conteste la politique arabiste et islamiste sectaire et fanatique et s’insurge contre sa vassalité vis-à-vis des pays baathistes et wahhabites du Moyen-Orient, est quadrillée de façon dense et permanente par les forces de sécurité. Alors comment au cœur de cette région hyper-quadrillée, réfractaire à toute islamisation forcée, opposée à tous les courants officiels ou officieux de l’Islam politique, des groupes fanatisés peuvent frapper impunément comme ils l’ont fait depuis la décennie noire et comme ils ont enclenché leur pulsion de mort avec l’exécution de Kamal Amzal en 1984, un étudiant kabyle soucieux d’instaurer un processus démocratique dans l’élection d’un comité de cité universitaire d’Alger.

Beaucoup de questions restent sans réponse du fait d’une gestion opaque de toutes les affaires de la cité. Mais à l’évidence, l’islamisme radical trouve ses terreaux féconds dans l’idéologie servie par l’école algérienne, les médias officiels algériens, les haut-parleurs des mosquées algériennes, certains hommes politiques et religieux algériens et par le rapprochement inconditionnel de l’Algérie officielle avec les pays du Golf depuis longtemps imposés comme des pays frères.

Ce tragique événement touchant un Français invité par des citoyens algériens doit être l’occasion de repenser fondamentalement la donne politique du pays et ouvrir des débats sans complaisance sur la nature de l’Etat, sur l’école, sur la place de la religion, sur la séparation des pouvoirs, sur la régionalisation, sur les libertés individuelles, etc. C’est à ce prix que l’Algérie aura des chances d’entrevoir des voies de sortie. En faire l’impasse, c’est ruiner la cohésion sociale déjà largement mise à mal et c’est permettre à ces groupes sanguinaires de se régénérer indéfiniment et de poursuivre impunément leurs forfaitures. Poursuivre la politique d’usurpation du pouvoir menée jusqu’à maintenant depuis 1962 rejetant avec mépris toute idée d’alternance équivaudrait à dire pourquoi sortir du gouffre puisqu’on y continue encore notre chute !

En étant le théâtre d’une grave tragédie, la Kabylie est elle-même otage des idéologies sectaires et violentes prônées par les groupes intégristes soutenus directement ou indirectement par des factions politico-religieuses du pays et financées grassement par les monarchies du Golfe. Elle ne peut admettre aucun amalgame quant aux responsabilités de ce crime et de tant d’autres, elle en est le réceptacle forcé mais profondément affligé. Mais jusqu’à quand cette situation humiliante pourra durer, la coupe étant pleine ?!

Hacène Hirèche, universitaire et consultant, Paris

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Commentaires (7) | Réagir ?

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R A M E S S E S II

le Titre est

Kabylie : cet autre "otage" du pouvoir algérien.

Pour l'instant le corps de Hervé Gourdel n'est pas retrouvé même si que l'Opération "JUMELLE" est encours, "SEG GACIF AR ACIF", ils n'ont rien trouvé nos pauvres parachutistes du RPC. mais essayons d'abord de nous libérer de nos deux partis politiques le ffs et le rcd, l'un mirabeau et l'autre islamiste alrs de qui veut tu qu'on se libére, ou bein de la gazette de kabylie qui pense avec sa tête ou de notre conseiller à la présidence, la kabylie est victime de son entourage, on est "Otage" de nous même.

Même de généraux Kabyles sont contre la Kabylie alors de quoi sera fait demain, je ne sais pas, le MAK/GPK qui s'est refugié chez notre ex bourreau, ça m'étoonnerai, le salut viendra du Daesh qui va occuper le SUD, pour le pétrole, les matéraiax composites, le PAN, le marbre, l'uranium, l'or, aprés ça, nous reviendrons sur nos pas, maintenant on mange à notre FIN (faim).

RMII

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klouzazna klouzazna

Pour soulager les douleurs d'un malade qui souffre, il y'a deux façons de procéder... la première est de prendre le temps nécessaire pour comprendre la cause réelle (non fictive) de cette souffrance et pour préparer un remède efficace... Le seconde est de tuer le malade directement, c'est rapide t direct... la souffrance est stoppée et la vie du malade avec...

Rappelons que les deux méthodes visaient un même objectif, soulager une souffrance, mais aboutissent à deux résultats différents, la seconde achève le malade et la première le sauve !!!

A bon entendeur...

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