La tripartite, ce faire valoir de l’exécutif Sellal !

Les tripartites sont devenues des monologues entre patronat, gouvernement et un syndicat maison, tous acquis au locataire d'El Mouradia.
Les tripartites sont devenues des monologues entre patronat, gouvernement et un syndicat maison, tous acquis au locataire d'El Mouradia.

S’inspirant de ce qui se faisait ailleurs, le Président Liamine Zeroual, en son temps, et en accord avec le défunt Abdelhak Benhamouda, Secrétaire Général de l’UGTA de l’époque, recoururent à la fameuse «table triangulaire» appelée depuis «tripartite», pour lui fixer des «compromis» nécessaires à la paix sociale.

Au fil du temps, cette tripartite qui en est à sa 17ème édition, apparait comme un rituel médiatique où les acteurs, à la fin, sont là pour parachever un document préparé à l'avance, en «haut lieu», et rédigé dans le plus pur style de langue de bois, que d’aucuns, parce qu’ils ont un intérêt certain, n’hésitent pas à présenter comme un succès :

· Le syndicat, s’approprie l’abrogation de l’article 87 bis

· Le patronat profite de l’allégement fiscal et de l’accès au crédit

· Le gouvernement bénéficie d’un "sursis", pensant qu’il a tout fait pour apaiser le front social

En réalité, et nul ne l’ignore depuis 1991, date de la tenue de la première tripartite qui s’est déroulée dans des conditions économiques et politiques particulières, les tripartites suivantes ont été organisées pour donner l’impression que chaque corporation, autant celle des patrons que celle des travailleurs, à voie au chapitre et que les acquis sont le fruit de négociations ardues.

Pourtant, et c’est un secret de Polichinelle, les décisions sont prises d’avance, ou sous la pression, pour ce qui est de la tripartite de 1991, du Fond Monétaire International (FMI). Et à chaque rencontre, l’inamovible Secrétaire Général de l’UGTA, s’approprie le premier rôle, fait son show pour éblouir des travailleurs exsangues, mais néanmoins, sensibles au moindre dinar d’augmentation agité sous leur nez ; il faut dire à ce propos, que même si le Salaire National Minimum garanti (SNMG) a triplé depuis 12 ans, passant de 6000 dinars à 18000 dinars, il est loin de confier aux travailleurs un pouvoir d’achat conséquent, en rapport avec l’inflation à deux chiffres que connait le pays. Il faut cependant rappeler que la seule fois où les choses ont été prises en compte, sérieusement, c’est le 28 mai 2011 où fut organisée une session spéciale consacrée «à la recherche des voies et moyens pour soutenir le développement de l’entreprise économique et améliorer le climat des affaires».

Discours redondant et sans effets, malheureusement, sinon comment expliquer que depuis des décennies que l’on parle d’entreprise et aussi de "la nécessité de favoriser la production nationale et de la diversifier", on est loin, très loin même des performances des pays voisins, dont on n’arrive même pas à exploiter les difficultés conjoncturelles qu’ils rencontrent, comme par exemple dans le secteur touristique.

Pourquoi n’arrive-t-on pas à mettre en place des politiques économiques viables ? Faut-il, pour autant, revenir au bon ministère de la planification, pour mettre de l’ordre dans ce «désordre» ? Si les investissements algériens ne trouvent pas intérêt à aller vers la production nationale, vers la création de l’emploi, il ne faut pas s’étonner, encore moins, s’attendre à ce que les investisseurs étrangers, qu’il y ait la règle du 51/49%, ou même l’inverse, fassent preuve de plus d’engagement !

L’entreprise, pourtant, reste au cœur de tous les discours politiques, elle est conjuguée à tous les temps, mais de mesures positives sur le terrain, point. Entre temps, les conflits à l’intérieur de l’entreprise s’intensifient et ils sont toujours perçus négativement alors qu’ils portent, en général, sur des revendications socioprofessionnelles, avérées. L’UGTA pendant ce temps là se contente d’observer les grèves, à partir du banc de touche, pendant que les syndicats, autonomes agissent et gagnent en crédibilité, même si, faut-il l’admettre l’action de certains d’entre-eux n’est pas dénuée d’arrière-pensée… politicienne.

Quant à l’adhésion du pays à l’OMC, le discours de certains ministres est tellement contradictoire que Sellal, lui-même, a dû intervenir pour mettre fin à la "cacophonie" et dire que "le pays ira à l’organisation, mais à son rythme !"

La 17e tripartite, en définitive, n’a pas été exceptionnelle par son contenu, tel qu’annoncé à savoir la relance économique, la redéfinition du SNMG et le retour au crédit à la consommation qui ont été annoncés depuis longtemps. Les discussions se sont plutôt attardées sur le fameux article 87 bis, dont le «sort» a été, pourtant, «décidé» et même «réglé», semble-t-il, lors du dernier conseil des ministres. Pourtant, il n’a été question que de cela à croire que les choses sont loin d’avoir été réglées. A ce propos, beaucoup d’analystes prédisent des conséquences macroéconomiques en chaîne, aussi bien sur le budget de fonctionnement de l’Etat, sur les entreprises du secteur économique et même sur les équilibres extérieurs du pays devenus trop fragiles.

Le coup de l’abrogation de cette mesure annoncé pour 2015, fluctue entre «9 et 11 milliards» selon Abderrahmane Mebtoul, et un risque de relèvement de «10 à 20%, voire plus de 30% de la masse salariale», selon Abdelhak Lamiri ; un secrétaire national de l’UGTA, n’hésitait pas, il y a quelques semaines, d’avancer le chiffre faramineux de «2400 milliards DA», soit plus de 24 milliards d’euros ! Ces évaluations, disparates, illustrent on ne peut mieux, la faiblesse des outils économétriques du pays, mais aussi des incertitudes qui portent sur le cadre réglementaire relatif à l’application "pratique" de l’abrogation de l’article 87 bis, ce qui a fait dire à Sidi Saïd, plus prudent, peut-être, que "même si les travailleurs ne profitent pas des augmentations prévues dès le 1er janvier 2015, ils percevront, conséquemment, un rappel depuis cette date !». Mais les conséquences ne s’arrêteront pas là, puisqu’en matière de réactions en chaîne, on annonce, d’ores et déjà, une aggravation de la facture des importations, ce qui aurait pour effet de plonger la balance des paiements, tout juste équilibrée en 2013, dans un déficit estimé entre «4 à 8 milliards de dollars» dû à l’accélération de la chute du baril de pétrole. Pendant ce temps là, on continuera, dans notre pays, à se rejeter la balle longtemps : ce n’est pas moi c’est l’autre, ou l’éternelle chicanerie du rôle de l’Etat régulateur, de la responsabilité des producteurs, de la non maîtrise des prix des matières premières qu’on ne produit pas, de l’anarchie de la consommation, de la faiblesse de l’agriculture, de l’industrie et de cette satanée facture alimentaire qui grimpe etc. On retrouvera aussi la même agitation du côté des travailleurs pour cause de pouvoir d’achat en berne, d’inflation galopante et des prix qui s’envolent, qu’on réglera à coup de subventions, ce qui ajouterait encore au désordre social et partant contribuerait à augmenter l’inflation.

La tripartite resterait un «faire valoir» de l’exécutif, sauf si en haut lieu on décide d’élargir cet "espace de concertation" au plus grand nombre d’intervenants et autres experts pour débattre de la thématique qui consisterait à plancher sur "le passage d’un économie de rentre à une économie de production seule manière de réhabiliter la notion de productivité et de relier les revenus à la production". Il y a aussi cette histoire redondante de «dépénalisation de l’acte de gestion» qui est reprise en chœur par l’exécutif, mais dont les gestionnaires continuent à en pâtir, faute de mesures claires, comme par exemple tous ces crédits sans intérêts, proposés aux jeunes chômeurs de l’Ansej et de la Cnac, qui ont suscité la crainte des banquiers, en l’absence d’ancrage réglementaire les justifiant ; différer les textes juridiques les concernant et l’impact financier en découlant, c’est embarrasser davantage les responsables de banques qui sont, pour le moins, gênés aux entournures dans ces histoires de crédits sans intérêts, distribués à la volée. Si on ajoutait le souci de l’organisation patronale la plus importante, le FCE "qui déplore le retard pris dans la concrétisation sur le terrain, de la réforme du système financier et bancaire et l’absence de prospectives pour les secteurs maritimes et portuaires, on se pose légitimement la question de savoir "à quoi a servi la dernière tripartite, en dehors des tergiversations concernant l’article 87 bis ?"

Oui à quoi, sachant que l’investissement productif en Algérie, ne représente que 2% du PIB hors hydrocarbures et hors dépenses publiques, selon le FCE. Les choses risquent d’empirer au regard du baril de pétrole qui, semble-t-il, continue sa chute inexorable depuis le mois de juin dernier, passant sous la barre des 100 dollars. L’économie nationale va, certainement, en pâtir puisque les chutes des recettes culminent à quelques 13% de manque à gagner et Youcef Yousfi n’a pas caché sa préoccupation, même s’il a depuis rectifié le tir, suivi par le Premier Ministre qui a tenu à rassurer tout le monde. Il n’en demeure pas moins que l’Algérie tire 98% de ses recettes des hydrocarbures, ce qui avait alerté même le FMI, qui avait dès 2012 déclaré que «l’orientation budgétaire expansionniste de ces dernières années a rendu le pays vulnérable aux fluctuations du prix du pétrole».

De plus, comment va-t-on aborder cette question de relance de l’investissement, alors que perdurent, encore, selon le FCE, "le blocage de l’information économique, le recours obligatoire au Credoc et l’absence d’efficacité des chambres de commerce, qui sont autant d’obstacles empêchant la relance de l’investissement".

Comment aussi vont s’y prendre tous ces défenseurs de la production nationale et à leur tête le Secrétaire Général de l’UGTA pour défendre cette idée "d’offre abondante pour se substituer à l’importation" et réduire la facture de l’importation ? Par quel artifice comptent-ils réduire la facture alimentaire qui s’élève à 6 milliards de dollars, qui à les entendre parler "est de la faute de la population qui n’arrive pas à gérer son estomac", alors que, nul ne l’ignore, le problème est à rechercher dans les facilités obtenues par tous ces profiteurs de "l’import-import" qui accèdent au matelas des devises sans problèmes ?

En conclusion, peut-on dire que la tripartite n’intéresse personne, qu’elle perd, peu à peu, de sa crédibilité ? Non bien sûr, puisque les patrons, même dispersés, trouveront toujours leurs comptes et pourront même demander davantage de facilitations et de mesures attractives, notamment, concernant le foncier.

Il restera les déçus, c’est tous ceux qui sont de l’autre côté du miroir et qui se réveilleront avec la gueule de bois, conséquemment aux titres affichés par leurs quotidiens nationaux : "La tripartite a encore une fois, accouché d’une souris", ce qui nous fait dire, à tort ou à raison peut-être que la tripartite n’est qu’un «faire valoir» de l’exécutif qui continuera à tirer les ficelles, dans l’ombre, pour domestiquer encore plus le syndicat et son chef auquel il fait miroiter un prochain mandat et le patronat auquel il consent le plus de largesses possibles !

Cherif Ali

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Commentaires (1) | Réagir ?

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yacine AITLBACHIR

D ABORD SE DEBARRASSER DE LA MAFIA POLITICOFINNANCIERE ET CORRUPTION CORRUPTEURS QUI ONT GANGRAINE L ALGERIE. ELECTION ANTICIPEE EST DE FAITE OBLIGATOIRE LALGERIE A BESOINS D UN COMMANDEMENT FORT POLITIQUEMENT ET JURIDIQUEMENT REFORMER L ECOLE OCTROYE L INDEPENDANCE A LA JUSTICE. PAS DE VOYOUS DANS LES CORPS DE SERVICES DE SECURITE. BANIR DEFFINITIVEMENT CETTE MAFIA QUI GERE LE PAYS.