La Turquie ouvre sa frontière à des milliers de Kurdes syriens fuyant l'EI

La Turquie a ouvert vendredi sa frontière à quelque 4.000 Kurdes syriens fuyant la poussée des jihadistes dans le nord-est de la Syrie, a annoncé son Premier ministre Ahmet Davutoglu.

Des centaines de déplacés s'étaient massés depuis jeudi à la frontière de la Turquie qui dans un premier temps avait refusé d'accueillir les réfugiés, préférant leur porter assistance en sol syrien, ont rapporté en direct les chaînes de télévision turques.

Mais l'offensive persistante des extrémistes sunnites du groupe Etat islamique vers des zones proches de la frontière turque a sans doute poussé la Turquie à reconsidérer sa politique et à ouvrir ses portes.

"Nous avons ouvert notre frontière. Nous allons évidemment porter assistance à ces gens qui sont, selon les dernières informations dont nous disposons, au nombre de 4.000", a déclaré M. Davutoglu à la presse à Bakou, où il se trouvait pour une visite de travail.

"Nous allons aider tous les déplacés avec tout nos moyens mais notre objectif principal est de les aider, si possible, dans les limites des frontières syriennes", a-t-il ajouté.

Suite à cette décision, des centaines de personnes, principalement des femmes, des personnes âgées et des enfants mais aussi des handicapés transportés difficilement par leurs proches, se sont ruées à la frontière pour entrer en Turquie sous l'oeil vigilant des forces de sécurité et des caméras de télévision, ont montré en direct les chaînes de télévision turques.

"Merci à la Turquie"

"Merci à la Turquie que Dieu vous bénisse. Je suis parvenue malgré tout à sauver mes deux enfants", disait une jeune femme en pleurs en Kurde sur la chaîne Haber Türk. Une autre déplacée a expliqué sur la même chaîne que les jihadistes tuent sans discrimination dans les villages dont ils se sont emparés et "persécutent" surtout les femmes, évoquant des viols.

Alors que des explosions d'obus étaient entendus au loin, les déplacés qui portaient sur le dos quelques objets personnels emportés en hâte de leurs foyers montraient pour la plupart des signes de grande fatigue et une femme s'est évanouie en entrant sur le territoire turc avant d'être soignée par les équipes de santé dépêchées sur place.

Les soldats turcs ainsi que des kurdes de Turquie qui ont de la famille parmi les déplacés, aidaient les réfugiés à passer la frontière, leur offrant de l'eau et de la nourriture avant de les diriger vers les installations de premiers soins.

Les forces de sécurité turques ont fait usage dans la matinée de gaz lacrymogènes et de canons à eau sur le territoire turc pour disperser une centaine de manifestants qui protestaient contre le refus initial des autorités d'Ankara de les accueillir.

Pendant plus de 24 heures, la Turquie a refusé d'accueillir les déplacés massés le long des barbelés qui séparent les deux pays à proximité de la localité turque de Dikmetas (sud-est). Ces déplacés ont commencé jeudi à quitter le secteur de la localité de Aïn al-Arab (Kobané en langue kurde), encerclée par les combattants du groupe de l'Etat islamique (EI) qui se sont emparés de plusieurs villages des alentours, selon une ONG syrienne.

La Turquie accueille depuis le début du conflit en Syrie, en 2011, environ 1,5 million de réfugiés syriens et ses capacités d'accueil sont saturées depuis longtemps. Elle a décidé de ce fait d'accueillir les réfugiés à la lisière de ses frontières.

AFP

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