Syrie, le groupe djihadiste Ahrar Cham décapité

Hassan Abboud, émir d'Ahrar Cham.
Hassan Abboud, émir d'Ahrar Cham.

C’est un coup très dur porté à la mouvance islamiste syrienne armée.

Par Hassane Zerrouky

Ahrar Cham - plus de 10 000 combattants, principal groupe salafiste djihadiste au sein du Front islamique syrien, coalition regroupant plusieurs organisations islamistes armés en lutte contre le régime de Bachar al-Assad - a été décapité par un attentat mardi à Idleb près de la frontière turque. Une bombe, placée dans le couloir conduisant à une cave où était réunie une cinquantaine de chefs religieux et militaires, soit la totalité de la direction de Ahrar Cham, a fait 47 morts dont celle de l’émir du groupe Hassan Abboud, connu sous le nom d'Abou Abdallah al-Hamawi. L'explosion de mardi n'a pas été revendiquée mais certains partisans de l'Etat Islamique (EI) qui a établi un califat à cheval sur l’Irak et la Syrie, se sont félicités sur les réseaux sociaux de la mort de Hassan Aboud, qui était récemment parvenu à les chasser de la province d'Idlib.

Ahrar Cham, dont l’objectif est l’établissement d’un Etat islamiste en Syrie, était financé par des groupes islamistes du Golfe, notamment le prêcheur salafiste koweïtien Hajjaj al-Ajami mais aussi par le Qatar, dont il est réputé proche. Six mois après sa création fin 2011, il était devenu le plus grand groupe d’insurgés islamistes, rassemblant des cadres aguerris et réussissant à agglomérer plusieurs groupes armés locaux sous sa bannière. Et ce, avant que le Front al Nosra, la branche syrienne d’al Qaida et l’Etat islamique ne deviennent les forces dominantes de l’islamisme radicale syrien.

Toutefois, affaibli par les coups portés par l’armée syrienne mais aussi par l’Etat islamique qui lui disputait l’hégémonie au sein de la mouvance islamiste, puis par la disparition de sa direction politico-religieuse et militaire, Ahrar Cham risque de voir ses combattants, sans direction militaire, rejoindre le Front al Nosra ou l’Etat islamique. Et ce, bien qu’il ait annoncé par vidéo avoir nommé comme nouveau chef Hachem al-Cheikh, connu sous le nom d'Abou Jaber, et comme commandant militaire Abou Saleh Tahane dans le but de parer aux probables défections dans ses rangs.

S’il est difficile d’affirmer que la décapitation de ce mouvement pourrait changer la donne en Syrie, il n’en reste pas moins qu’elle fait l’affaire du régime de Bachar et de l’Etat islamique (EI). "L'EI est le principal bénéficiaire de ces meurtres car Ahrar al-Cham est la plus importante composante des forces rebelles à lui être hostiles dans le nord syrien. Il va donc tenter d'exploiter tout effilochage de cette coalition", assure Noah Bonsey, un analyste d'International Crisis Group. Quant au régime syrien, l'affaiblissement d’un des groupes les mieux organisés, est un souci en moins dans sa guerre contre l’opposition islamiste armée, notamment celle bénéficiant de l’appui des monarchies du Golfe et des capitales occidentales.

H. Z.

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Commentaires (3) | Réagir ?

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laid baiid

Eh? Nous avons aussi décapité la mouvance Islamique en Algérie en balayant Belkhadem, alors?

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khelaf hellal

En promettant l'enfer aux autres on finit par périr soi-même dans l'enfer.

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