OTAN : bonnes intentions, mais mauvais ennemis

Les résultats du sommet de l'OTAN au Pays-de-Galles soulèvent plus de questions qu’ils n’en répondent
Les résultats du sommet de l'OTAN au Pays-de-Galles soulèvent plus de questions qu’ils n’en répondent

La réunion du Conseil de l’Organisation du traité de l'Atlantique nord qui a eu lieu au pays de Galles les 4 et 5 septembre est loin d'avoir été un moment charnière pour la sécurité euro-atlantique. Motivée par des objectifs désuets, l'OTAN est passée à côté de ce qui menace vraiment ses pays membres au XXIe siècle et encore plus loin des dangers planétaires actuels.

Les résultats du sommet de l'OTAN au Pays-de-Galles soulèvent plus de questions qu’ils n’en répondent. Les pays membres y ont affirmé leur détermination à défendre leurs populations, territoire, souveraineté, valeurs communes et à répondre aux défis et aux menaces. Pourtant, le sommet le plus hostile à la Russie de ces 20 dernières années n'en a eu que pour l'Ukraine et l’ISIS, oubliant l’Ebola et les changements climatiques. Une gestion à courte vue qui montre que cette structure est totalement désuète et a peu de chance de devenir un élément important de la sécurité mondiale. Si le financement des armées membres de l'OTAN diminue dans les dernières décennies, c'est possiblement parce qu'elles sont de moins en moins adaptées aux défis du 21e siècle. En 2012, la Banque mondiale prédisait déjà un cataclysme climatique pour 2060. Les derniers rapports scientifiques montrent que cette prévision est en voie de se réaliser encore plus rapidement qu'estimé. Dans un monde où les changements de températures ouvrent la voie à de nouvelles maladies pour aller décimer des populations qui n'en sont pas protégées, les défis qu'auront à affronter les soldats viennent moins des hommes que des cataclysmes qu'ils auront engendrés. Une bonne partie de leur travail est déjà d'aider les survivants des Ouragans, tornades, cyclones, inondations et pandémies comme l'Ebola. Les militaires ont mieux à faire que de tenter de ressusciter la dernière guerre froide pour récupérer leurs budgets.

Les résultats de ce sommet sont quand même un peu encourageants. La création d’une force de réaction rapide, capable de déplacer des milliers d’hommes en quelques heures à peine est une grande amélioration sur ce qui existe actuellement. Il est cependant hilarant que l'OTAN considère maintenant une attaque informatique comme une agression digne d'action militaire. Les événements des derniers mois ont amplement montré que tous ces pays s'espionnent, se nuisent et se volent des renseignements l'un l'autre. De plus, les risques de se tromper de cible face à un crime exécuté avec l'aide d'ordinateurs interconnectés sont très grands. L'invasion de l'Irak pour se débarrasser de ses armes de destruction massive montre que les renseignements militaires sont rarement à la hauteur des affirmations de leurs dirigeants. Sous sa forme actuelle, l’Alliance atlantique est donc anachronique et confond les tâches urgentes avec celles qui sont importantes à accomplir. Battre le tambour contre les exactions commises par les terroristes de l'État islamique en Irak peut sauver la face de l'OTAN un certain temps. Il faudra cependant créer des structures communes pour répondre à tous les défis à venir et mettre en place une défense collective pour apporter des réponses globales à des scénarios sociaux complexes.

Les participants à cette rencontre ont aussi totalement ignoré le défi stratégique que les pays en voie de développement amènent. L’émergence des BRICS signale l'entrée réelle dans une nouvelle structure planétaire et la lente érosion de l'ancienne dont fait partie l'OTAN. Alors que les économies occidentales périclitent, le Brésil a ajouté 40 millions de personnes à sa classe moyenne durant les sept dernières années. La population de l'Inde dépassera sous peu celle de la Chine, qui pour sa part, est en bonne voie de supplanter les États-Unis au point de vue économique. Les dépenses militaires de cette Chine et d'autres pays en développement sont d'ailleurs en forte progression. Les dangers d'une expansion de la Russie qui a été l'objet d'une bonne partie des conversations à ce sommet sont bien peu de choses face à la domination militaire des pays du BRICS dans les prochaines décennies. L'OTAN doit être prête à affronter un monde qui sera dominé par un yuan fort et où la flotte vieillissante des navires marchands occidentaux coulera en affrontant des vagues trop grosses pour ses vieux standards. Dans quelques décennies seulement, les pays membres de l'OTAN seront confrontés à des problèmes de sécurité dus aux changements climatiques si importants que leurs armées doivent dès maintenant commencer à s'y préparer. Si elles ne le font pas, ils devront se résigner à appeler les pays du BRICS pour être secourus.

Michel Gourd

Plus d'articles de : Analyse

Commentaires (4) | Réagir ?

avatar
adil ahmed

merci

avatar
Ahmed Reggab

Je m'excuse, monsieur Gourd, mais vous faites des « confondaisons » comme dirait Bérurier, vous savez cet inséparable du commissaire San-Antonio.

Jusqu'à nouvel ordre, « OTAN » veut dire « Organisation du Traité de l'Atlantique Nord ». C'est une alliance militaire et la réunion était donc bien dans son sujet. Mais vous, vous voudriez lui faire faire le travail du « G8 » ou de la « Conférence de Rio » !

Ahmed Reggab

visualisation: 2 / 4