Justice pour l’Argentine

L'Argentine victime des fonds spéculatifs.
L'Argentine victime des fonds spéculatifs.

Malgré deux journées de tractations de dernière minute, aucun accord n'a été conclu entre la République d'Argentine et les fonds spéculatifs qui l’attaquent devant la Loi américaine.

Le ministre argentin de l'Economie, Axel Kicillof, a dénoncé les fonds spéculatifs après leur avoir soumis en vain les mêmes termes de remboursement que ceux acceptés par les autres détenteurs de titres de dette souveraine déjà restructurés. L’Argentine se retrouve donc en situation de défaut de paiement et a légalement perdu aux mains des fonds vautours. Dans un monde idéal, la justice doit être le fondement de la loi. Comme peuvent le confirmer les citoyens qui vivent dans des dictatures et des régimes autoritaires qui détournent la loi pour leur propre profit, ce n’est pas toujours le cas.

Ce qui se passe actuellement avec l’Argentine est un des bons exemples du trou béant qui existe quelques fois entre la loi et la justice. Après avoir subit une humiliante faillite en 2001, ce pays a rebondit et s’est réinséré dans la structure financière internationale montrant sa bonne foi. Il n’a pas rejeté ses créanciers et a payé la partie de sa dette qu’il pouvait. Jusqu’à il y a quelques semaines, l’Argentine avait montré sa bonne foi et son désir d’être juste en face de ses bailleurs de fonds, compte tenu de son malheur.

Si la finance internationale est un système cohérent qui permet un transfert contrôlé des ressources entre les pays, cela ne veut pas dire qu’elle est juste. Selon la structure actuelle, les riches s’enrichissent toujours au profit des plus pauvres. C’est le fondement du prêt à intérêt. Il va sans dire que cette structure est souvent en contradiction avec la justice. Si on peut considérer juste qu’une partie de la population peut vivre des intérêts des actifs qu’il prête à l’autre, cela ne l’est pas quand cette situation mène à l’asservissement de ceux qui ne peuvent les rembourser.

Le monde idéal en est un où tous les individus ont une chance de pouvoir réussir leur vie en fonction de leur propre valeur et non de contraintes extérieures, qui les maintient en esclavage. C’est une situation qui est actuellement refusée aux Argentins. Parce qu’ils ont pu trouver la faille dans le système légal américain, des fonds vautours pensent qu’ils peuvent maintenant se créer des esclaves partout où la justice américaine peut étendre son bras. 

Il va sans dire que cette vision légaliste des relations entre les humains est à sens unique pour ceux qui peuvent voter les lois. Si vous faites voter qu’il est illégal de respirer et que vous contrôlez la police, vous pouvez faire arrêter et condamner tous vos opposants. Vous pouvez légitimement dire qu’ils ont enfreint la loi et ils ne pourront le nier. Mais est-ce juste ?

Si l'Argentine n'a pas conclu d'accord avec les fonds vautours pour lui éviter de se retrouver pour la deuxième fois en 12 ans en situation de défaut, c’est que cette situation était fondamentalement injuste pour ses citoyens. Plutôt que de s’en tenir à la lettre de la loi, les juges américains devraient relire leur constitution qui recherchait la justice face à l’Empire anglais légaliste.

Michel Gourd

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