Libye : combats à Tripoli, risque d'une nouvelle guerre

La Libye n'en a pas fini avec la loi des milices.
La Libye n'en a pas fini avec la loi des milices.

Les combats qui opposent depuis dimanche des groupes armés rivaux autour de l'aéroport de Tripoli, risquent de plonger la Libye dans la guerre civile, face à des autorités dépassées par les évènements et qui envisagent désormais de demander l'aide d'une force internationale.

Le Secrétaire d'Etat américain John Kerry a d'ailleurs estimé que la violence en Libye était "dangereuse" et devait cesser. "Nous travaillons très dur afin de trouver une cohésion politique", a déclaré M. Kerry lors d'une conférence de presse à Vienne. Le gouvernement libyen a annoncé dans la nuit de lundi à mardi qu'il envisageait de faire appel à des forces internationales pour l'aider à rétablir la sécurité dans le pays où l'aéroport de la capitale a été la cible lundi soir d'une pluie de roquettes, endommageant considérablement ses installations et plus d'une dizaine d'avions libyens. Les hostilités entre groupes armés rivaux ont débuté dimanche par une attaque menée contre l'aéroport par des milices islamistes considérées comme le bras armé du courant islamiste dans le pays.

L'aéroport de Tripoli est en effet contrôlé depuis 2011 par les brigades anti-islamistes de Zenten, accusées par leurs rivaux d'être la force militaire du mouvement national (libéral). Des milices de la ville de Misrata, alliées aux islamistes sont aussi impliquées dans les hostilités. Une lutte d'influence dans la capitale oppose en effet Misrata à Zenten, deux villes de l'ouest libyen ayant participé activement à la rébellion de 2011 contre le régime de Mouammar Kadhafi.

Les ex-rebelles de Zenten contrôlent l'aéroport et plusieurs sites militaires et civils se trouvant sur la route de 25 km qui mène à l'aéroport, dans le sud de la capitale. Certains observateurs estiment que les récents affrontements sont liés aux résultats préliminaires des élections législatives du 25 juin, annoncés le 6 juillet. Les listes politiques ayant été bannies, seuls des "candidats individuels" --mais pas forcément indépendants-- avaient pu se présenter. Mais selon des observateurs, le courant national aurait obtenu une majorité confortable, devant les islamistes.

Lutte d'influence

"Il est désormais clair que l'attaque sur l'aéroport est liée directement avec les résultats des élections", a estimé Othmane Ben Sassi, ancien membre du Conseil national de transition (CNT), bras politique de la rébellion de 2011. "Ces combats s'inscrivent dans le cadre d'une lutte d'influence politique", a-t-il dit à l'AFP. "Il y a une partie qui a perdu les élections et qui tente de gagner en influence autrement", a-t-il ajouté, en allusion aux islamistes. Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, des milices font en effet la loi dans le pays, en proie au chaos face à la faiblesse des autorités.

Dans ce contexte, le gouvernement a indiqué dans la nuit de lundi à mardi qu'il examinait "la possibilité de faire appel à des forces internationales sur le terrain pour rétablir la sécurité et aider le gouvernement à imposer son autorité". Paradoxalement, le gouvernement a fait cette annonce peu après le départ de la mission de l'ONU en Libye (Unsmil) qui a annoncé lundi le "retrait temporaire de son personnel de Libye pour des raisons de sécurité". "Si le gouvernement a échoué il vaut mieux qu'il démissionne au lieu de demander une intervention étrangère", a déclaré M. Ben Sassi.

"Nous devons trouver des solutions localement. Une intervention étrangère ne résoudra pas le problème", a-t-il poursuivi. "Il faut mettre fin rapidement à ce conflit sinon le pays se dirige tout droit vers la guerre civile", selon M. Ben Sassi. L'aéroport de Tripoli a été fermé dimanche pour trois jours en raison des violences, mais les vols ne pourraient reprendre que "dans quelques semaines, voire mois", selon une source aéroportuaire. En effet, l'aéroport a été gravement endommagé lundi soir, après avoir été la cible de dizaines de roquettes, qui ont notamment endommagé sa tour de contrôle. Selon le gouvernement, 90% des avions qui étaient sur le tarmac ont été touchés.

Après la fermeture de l'aéroport de Tripoli, celui de Misrata (ouest) a été contraint aussi de suspendre les vols, dans la mesure où il est lié à la tour de contrôle de la capitale. Il n'y a désormais plus que deux aéroports en service. Ceux des villes d'Al-Baida et Tobrouk, dans l'est de la Libye. Selon l'agence libyenne Lana, les compagnies aériennes libyennes tentaient de trouver une solution pour permettre le retour de 6.000 passagers bloqués dans plusieurs aéroports dans le monde. 

Dans l'est du pays, de violents combats ont opposé des forces de sécurité à des groupes islamistes pour le contrôle de l'hôpital al-Jala, tenu depuis plusieurs semaines par des islamistes radicaux, selon des témoins. Une source hospitalière a fait état de 7 morts et 49 blessés, selon un bilan arrêté lundi soir.Benghazi, chef-lieu de l'est libyen, est par ailleurs le théâtre de combats quotidiens entre les islamistes et des forces paramilitaires du général dissident Khalifa Haftar qui avait annoncé le 16 mai le lancement d'une opération militaire contre les "groupes terroristes".

AFP

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Commentaires (1) | Réagir ?

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sarah sadim

Ca chauffe en lybie, aucune aide internationnale ne peut etre opérationnelle au vu de la situation actuelle.

Par contre la division chaotique de l'état lybien est en voie trés avancée, la bataille de Tripoli est tout simplement: Ejecter les milices Zenten de tripoli, et, leur remplacement par les milices islamistes.

Les zenten une fois de retour chez eux, c'est à dire à nos frontiéres, devront trouver un autre Job, clair et explicite pour le pouvoir d'alger.

La zone de tripoli proche des frontiéres égyptiennes passera sous l'influence directe du Caire avec Haftar and co.

Le reste versera dans les débordements transfrontaliers, vers l'Algérie (qui fera son bapteme de feu) et la tunisie en renfort vers les monts Chambis.

La cerise sur la créme chantilly sera l'Azawad, touaregs comme les zenten et les notres, à nos frontiéres extreme sud, que notre idiot ministre des affaires étrangéres croit ramener à la raison.

Bonjour ou bonsoir, les dégats sont là Fakhamatouhou, à force de "Machiaveliser" et de diviser, à votre tour d'etre découpé.