Document : Allocution de M. Soufiane Djilali à la conférence nationale pour les libertés et la transition démocratique

Document : Allocution de M. Soufiane Djilali à la conférence nationale pour les libertés et la transition démocratique

Nous publions l'allocution de M. Soufiane Djilali, Président de Jil Jadid, à la conférence nationale pour les libertés et la transition démocratique qui s'est tenue hier à Zéralda

Aujourd’hui, c’est un jour béni. Des hommes et des femmes représentant la conscience nationale se sont en effet rassembler pour se parler, s’écouter et, espérons-le, pour travailler désormais main dans la main et bâtir l’avenir de notre pays.

Peut-être faudrait-il remercier d’emblée les gouvernants actuels pour avoir transgressé à ce point toutes les règles et les usages politiques et moraux dans la conduite des affaires du pays. Ils ont ainsi permis à l’opposition de dépasser ses difficultés objectives et subjectives qui l’avaient depuis toujours divisées, et à réagir sainement face aux tentatives de dissolution de la nation.

Mais aujourd’hui, ne gâchons pas cette fête et ne parlons pas du pouvoir, de ses échecs multiples et de ses méfaits et nuisances. Parlons plutôt de l’avenir de notre pays qui a tant de défis à relever.

L’Algérie est un grand pays. Nous pouvons en être fiers. Nous ne devons avoir peur, ni des autres ni du monde. Nos décisions, en grande partie, nous appartiennent. Certes, des pans entiers de notre souveraineté ont été aliénés par des politiques irresponsables et durant trop longtemps… Mais même comme cela, nous pouvons nous en sortir. Oui, en quelques années, nous pouvons établir l’Etat de droit, libérer les énergies, et développer le pays.

Il nous faudra bien sûr et au préalable, apaiser les tensions, rétablir l’ordre et la sécurité, remettre la rigueur dans le travail, apporter motivation et espoir, et accompagner les paroles par des actes concrets.

L’Algérie a besoin d’un changement générationnel. Notre pays doit passer à une autre étape, en confortant ses acquis, son expérience et son capital symbolique, tout en inventant de nouveaux modes opératoires et de nouveaux instruments dans sa manière de penser et dans ses façons de faire.

L’Algérie appartient à tous. Alors, accordons-nous, quelques soient nos différences, sur un mot de vérité, sur un espoir légitime, sur la foi en une Algérie forte, prospère et sereine. Accordons-nous sur un rêve commun, réalisable, raisonnable et rassembleur.

Gouverner c’est prévoir dit la sagesse populaire. Mais prévoir quoi ? Avant de savoir comment conduire une nation, il faut que celle-ci sache exactement quel projet de société elle veut. Cela signifie un haut degré de conscience populaire et une élite éclairée et loyale avec son peuple. Un projet de société ne peut pas être une spéculation intellectuelle ou la projection d’une vision préfabriquée à partir de matériaux importés. Un projet de société authentique doit être l’expression d’un potentiel endogène à la nation. Le peuple algérien réunit un certain nombre d’atouts pour réaliser cette métamorphose. Cependant, des failles importantes dans son appareil culturel le bloquent dans sa phase actuelle, certaines valeurs essentielles pour un tel projet ont été négligées par le système éducatif et familial, ou même ont été détruites par une politique aveugle.

Les libertés individuelles, de pensée, de conscience, doivent être clairement défendues dans les textes fondamentaux du pays. Elles fondent la démocratie comme système de gestion de la société.

Ces valeurs pourront être d’autant mieux exprimées par notre société, que notre mémoire amazigh y est très fortement attaché. Mais à notre ancestral besoin de liberté, il nous faudra nous éduquer à intégrer dans notre culture populaire plus de sens des responsabilités, de l’anticipation, de l’innovation et de la rigueur.

Les Algériens mûrissent dans leur relation à leur patrie. Une conscience nouvelle se fraie un chemin. Leur sentiment identitaire s’est recentré sur le Maghreb. La femme algérienne a pour sa part, gagné sa place dans l’espace public. L’islam devient un élément identitaire et spirituel agissant dans le sens de la solidarité et de la cohésion sociale.

Le peuple algérien s’apaise, raffermi ses repères et prend confiance en lui-même.
C’est à la lumière de ces données que notre société doit se réformer. Nous avons besoin de plus de justice, de plus d’égalité, de plus de respect entre nous en tant que citoyens, entre forts et faibles, entre hommes et femmes mais aussi entre gouvernants et gouvernés. Les Algériens doivent se sentir profondément citoyens, copropriétaires de leur nation et non pas des sujets réduits par des pouvoirs tricheurs et corrompus, à de simples individus sans conscience, sans volonté propre ni ambition légitime.

A l’ombre d’une liberté politique en voie d’être gagnée, nous devons nous atteler très sérieusement à construire l’Etat de droit, pierre angulaire de l’œuvre à réaliser. Il faut également s’atteler à construire la démocratie et les contre-pouvoirs nécessaires à son fonctionnement.

«Si Dieu ne repoussait pas les hommes les uns par les autres, la terre en serait gâtée» (Sourate 2 V 251).

Quels que soient leurs défauts, les hommes et les partis politiques, sont nécessaires à la vitalité et à l’évolution de la société. Rétablir l’image de la politique en général en tant qu’instrument au service de la Nation, créer le sentiment du devoir envers l’intérêt public, organiser le débat d’idées, établir et respecter les règles du jeu politique, enfin bâtir de véritables institutions avec les contre-pouvoirs nécessaires, voilà la voie à emprunter !

La presse doit être libre et critique, les partis politiques vigoureux et en bonne santé, l’élite autonome, la société civile active, les syndicats efficaces. Nous avons besoin de citoyenneté, d’ordre, de sécurité, d’autorité, de régulation, de présence de l’Etat, de prise en charge effective des besoins d’une société en plein développement !
Notre peuple a besoin d’une vie collective ordonnée, simple et paisible. Il a également besoin d’une morale publique.

En ces temps de crise mondiale, nul ne peut se croire à l’abri. Le monde a entamé une métamorphose civilisationnelle qui sera longue et douloureuse. La crise économique, financière et monétaire est globale. Des difficultés majeures peuvent surgir brutalement. L’Algérie ne s’est pas préparée à affronter ces situations. Comment affrontera t- elle ces défis majeurs ? Face à ces bouleversements mondiaux, comment le pays se comportera-t-il ? Aura-t-il les moyens de s’inscrire dans une nouvelle vision mondiale qui lui assurera sa sécurité et sa stabilité ? Pourra-t-il remédier à ses propres carences internes en vue de se déployer face à l’extérieur ?

Le pays doit rapidement mettre à l’abri ses richesses et se mettre en même temps dans un nouvel état d’esprit où l’anticipation et l’action doivent être portées par une volonté nationale puissante.

Il est capital de reconvertir nos réflexes de rentiers en une attitude nouvelle donnant la primauté à la production, l’innovation, et l’échange équilibré.

Au plan économique le pays est toujours à la recherche de sa voie. Les gouvernements successifs ont été incapables de mettre en place une stratégie économique. Ni imagination ni créativité ne sont à l’œuvre. Le prévisible déclin de la production des hydrocarbures, la faiblesse structurelle de la production agricole, le marasme industriel et les déficiences dans les services, restent tous, pour le moment, sans solution. Nous sommes encore pieds et poings liés à la rente des hydrocarbures. A cela, il faut rajouter les contraintes démographiques, sociales et culturelles qui sont autant de facteurs qui accablent les velléités de développement. Faut-il encore faire allusion à la gangrène de la corruption ? Elle est en train de dissoudre la Nation !

Par ailleurs, l’Algérie doit redonner un sens à son action dans le monde. Une période complexe, difficile et probablement trouble, s’ouvre devant nous. Des difficultés majeures déstabilisent nos voisins. Une passivité naïve de notre part ne nous prémunira pas des débordements probables des conflits des autres sur notre territoire. Une main amicale doit être tendue à ces pays pour les aider à se reconstruire. Notre paix à l’intérieure dépend aussi de la paix dans ces contrées.

Nous devons aussi défendre nos intérêts fondamentaux face à tous nos partenaires majeurs. La politique craintive et servile menée jusqu’à présent a entamé lourdement notre crédibilité. Les puissances mondiales ont aussi intérêt à trouver en nous des partenaires responsables, compétents et actifs. L’Algérie doit être un facteur de paix, de stabilité et quand il le faut, d’intermédiation et non pas un pays sur la défensive, offrant ses intérêts aux puissants en contrepartie d’un soutien au régime contre la volonté de son peuple.

A plus long terme, c’est toute la conception du développement qui devra être réévaluée. Il faut réfléchir sur les probables contours que prendra la «nouvelle» civilisation humaine en gestation (énergies renouvelables, transports, organisation du territoire, agriculture etc.…). Au fond, il s’agit d’aider à faire accélérer l’évolution des mentalités.

C’est là que la volonté de la Nation doit intervenir. Comme en 1954, le peuple devra être interpellé, mis au courant de ses affaires, préparé à affronter les dures réalités.

Cela suppose une volonté collective puissante, maîtresse d’elle-même, dépassant ses conditionnements, ses peurs et ses contradictions.

Maintenant, c’est aux élites de se mettre au diapason du peuple. Il est impératif d’avoir une nouvelle classe politique, un nouveau régime politique. Il est vital d’engager une action adaptée au monde post- moderne qui se profile. Les hommes politiques ou ceux qui aspirent à l’être devront dès lors renouveler avec le peuple un contrat moral qui ne peut être fondé que sur la légitimité et la confiance.

Alger le : 10 Juin 2014
Soufiane Djilali

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Commentaires (10) | Réagir ?

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Amnay Djennadi

kfan lehdur

ya plus rien à dire. comme on dit en kabyle MOUH !!!

mais c’est qui ce djilalli ? quen je pense qu'il ose dire " Au fond, il s’agit d’aider à faire accélérer l’évolution des mentalités" ! mais, mais, mais la palme d'or de la trahison revient à said sadi et à son doublon de mauvaise facture, mohcine bellabes! trahir à ce point le sang des victimes, y compris celui de ses propres militants est une infamie sans nom !!!

Vivement l'indépendance de la kabylie, sans said sadi et sa meute de hyènes, des charognards qui se nourrissent des cadavres des suppliciés de leur ami si djeddi !!!

Une bande de Rxass, voilà ce que c'est que cette CLTD

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sarah sadim

Le navire coule, sauve qui peut, trop tard pas de chaloupes à bord, alors crevez tous, le Fis c'est de la cimére, seuls les kalachnikovs d'autres (inconnus pour le moment) parleront, alors y en a marre de ces salons boudoirs entre pouvoir et pseudo opposition.

Il faut leur fermer la "gueule" et taire définitivement leur "clapet perfide", le reste est spéculation sur les cométes et masturbation des esprits.

Au diable l'algérie que ca brule

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