Les 17 nouvelles wilayas : pourquoi faire ? 3. Rationnaliser plutôt les dépenses

Les 17 nouvelles wilayas : pourquoi faire ? 3. Rationnaliser plutôt les dépenses

Au moment où dans la majorité des pays, la rationalisation des choix budgétaires se généralise, l’Algérie continue à créer des emplois rentes-administratifs en accroissant la dépense publique par la création de nouveaux ministères et de nouvelles wilayas.

Si l’on prend l’exemple récent français, à l’instar d’autres pays, il y aura dès 2015 réduction des structures des collectivités locales par des regroupements régionaux. Le budget des collectivités locales est d’environ 338 milliards de dollars (250 milliards d’euros) au cours actuel entre le dollar et l’euro- soit 60% supérieur au PIB algérien de 2013, il était prévu au départ une économie annuelle entre 16 et 33 milliards de dollars graduellement. La fourchette décidée par le gouvernement français, le 03 juin 2014, à été de 10 milliards d’euros soit 13,5 milliards de dollars. D’où l’urgence pour l’Algérie aussi, de rationaliser la dépense publique en prévision d’une chute des cours des hydrocarbures entre 2017/2020. La croissance passe donc par une plus grande efficacité des dépenses publiques en ayant une vision à moyen terme de la maîtrise des dépenses Le cadrage pluriannuel des finances publiques constitue un instrument essentiel pour la mise en œuvre d’une politique de maîtrise des dépenses publiques et de procéder à une évaluation approfondie de l’efficacité des dépenses fiscales et sociales dont le montant dépasse un certain seuil. Cela doit entrer dans le cadre d’une réelle volonté politique de décentralisation, à ne pas confondre avec la déconcentration. Les transferts de compétences de l’État vers les collectivités territoriales doivent être accompagnés d’un abandon effectif de la mission correspondante par les services de l’État, et du redéploiement de l’intégralité des agents de l’État concernés, pour éviter les doublons entre les actions de l’État et des collectivités territoriales. L’on pourrait imaginer une véritable régionalisation économique, à ne pas confondre avec l’avatar négatif du régionalisme, autour de grands pôles régionaux où la commune doit se préparer à une mutation radicale devant faire passer du stade de collectivités locales providences à celui de collectivités entreprises responsables de l’aménagement du développement et du marketing de son territoire. C’est pourquoi la fonction de Wali- dont le rôle essentiel est celui d’animation et de coordination des communes, ne doit plus répondre aux critères actuels où l’administratif prime mais à des hommes managers d’un niveau intellectuel élevé et d’une haute moralité. Les expériences nous enseignent que les technopoles sont de véritables moteurs de croissance pour les pays, si tant est que les décideurs réalisent le bon choix de modèle en fonction du contexte du pays. Mais la réussite implique une action coordonnée comme suit : Premièrement, impliquer les acteurs clés. Pour créer les conditions qui permettront à la fois d’attirer les investissements, de créer de l’emploi et de stimuler les innovations, la technopole doit être soutenue à la fois par les acteurs publics notamment dans le domaine des incitations fiscales, des subventions temporaires, du foncier avec toutes les utilités et commodités (Etat, banques publiques, universités…) et privés (entreprises, banques privées, chambre de commerce, syndicats patronaux. Dans ce cadre, l’on peut dynamiser l’entrepreneuriat féminin actuellement marginalisé. Deuxièmement, l’efficacité doit reposer un modèle opérationnel performant et une gouvernance efficace. En matière de gouvernance, la pérennité de la technopole repose sur une autonomie de gestion et une autonomie financière qui lui permettent, de dynamiser la recherche de clients entreprises et pour des partenariats avec des entreprises externes. Pour contribuer durablement à la création d’emplois dans le pays, la technopole doit s’inscrire dans le cadre d’une politique d’innovation nationale définissant les secteurs prioritaires (industrie, énergie, agroalimentaire, services, etc.) en matière d’innovation, sur le long terme. Troisièmement, adapter le modèle de financement. Le modèle de financement et d’exploitation de la technopole doit être construit en y associant plusieurs partenaires dans le cadre d’un partenariat public-privé. Un cadre réglementaire incitatif doit être mis en place en matière d’investissements pour faciliter le financement des jeunes entreprises innovantes et en matière de fiscalité. Quatrièmement, les technopoles doivent s’insérer dans le cadre de la concurrence internationale. Il s’agit de faire le marketing de l’offre en matière de prestations offertes aux entreprises (centres de conférences, bibliothèque, salles de réunions, helpdesk…).

Conclusion

Comme nous le préconisons déjà en 1983 (il ya de cela 31 années) avec Majid AIT HABOUCHE, devenu professeur et dirigeant un important laboratoire de recherche dans ce domaine, qui a soutenu brillamment une thèse de magister sous ma direction, (équivalente au doctorat de maintenant) sur les pôles régionaux, dans le cadre d’une politique réfléchie de la réforme du territoire, il ya urgence d’un espace plus équilibré et solidaire tout en n’omettant pas l’efficience économique reposant sur des managers locaux de hauts niveaux. Or, la rente des hydrocarbures en Algérie, diffusion du «syndrome hollandais» génère plusieurs effets pervers, la facilité de dépenser sans compter et la facilité d’importation tant de biens (55 milliards de dollars en 2013) que des services extérieurs au lieu d’entreprendre et valoriser le savoir. Pour preuve le poste services est passé de 2 milliards de dollars en 2002 à 12 milliards de dollars fin 2013. L’utilisation de la manne pétrolière a différé les réformes structurelles, le cadre macro-économique étant stabilisé artificiellement grâce à cette rente. Or, comme j’ai eu à le souligner lors de la conférence que j’ai donnée au parlement européen (Bruxelles 2013), et au Sénat français (janvier 2014) la bataille de la relance économique future de l’Algérie et notre place dans la compétition mondiale se remportera grâce à la bonne gouvernance, notre capacité à innover au sein du grand Maghreb, pont entre l’Europe et l’Afrique.

Professeur des Universités Expert International Dr Abderrahmane MEBTOUL
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Lire 1re partie : 1. Un caprice coûteux

Lire 2e partie : 2. Le piège des micro-wilaya

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Khalida targui

l'Etat a bezaf le flouss et il a des potes pour la bone gouvernance monsieur dans un koursi maskoun par des djinns il est elu, mouhdjizates el djazair, lire coment les potes roumis aident notre bled viva le petrole et le gaz djilnahttp://www. courrierinternational. com/article/2014/06/06/l-armee-algerienne-intervient-dans-l-ouest-libyen