Faut-il détester la coupe du monde ? 2. L'affaire des émirs et de l'argent

Faut-il détester la coupe du monde ? 2. L'affaire des émirs et de l'argent

I. L’économie. Là, les avis divergent :

1) Selon certains experts, il existerait des retombées positives sur l’économie du pays organisateur en cas de victoire finale. Celle-ci, sans être une conséquence systématique peut, aussi, être un facteur important, comme en France, par exemple, où le P.I.B (produit intérieur brut) a maintenu une progression de manière confortable en 1998 (3,5%) et 1999 (3%), après la victoire des Bleus.

Cela s’expliquerait par :
• l’afflux des étrangers dans le pays durant le mois de la coupe du monde et également les périodes qui s’en suivent, ainsi qu’ une manne touristique qui profiterait au commerce tous secteurs confondus
• la victoire en finale, du club local stimule le moral de la population et accélère la consommation et partant améliore la production dans tous les secteurs

2) Pour d’autres, il n’existerait pas de corrélation et l’exemple de l’Espagne, champion d’Europe et champion du monde est là pour le démontrer ; le pays n’est pas sorti de la récession économique et connait un taux de chômage supérieur à 25% malgré les succès footballistiques de son équipe nationale.

3) Certains, plus pessimistes, comme Marc Touati, du cabinet AC Défi, ne voient même pas «l’effet coupe du monde» et prétendent que certains secteurs vont profiter du mondial et cela va impacter, temporairement, sur le moral des ménages, mais la réalité restera la même partout, avec comme en France en 1998, un chômage élevé, une croissance atone, une pression fiscale élevée ; il y a un petit répit pour le gouvernement, sans plus.

II. La politique ? oui, certainement, l’organisation d’une coupe du monde permet au gouvernement concerné de souffler et de faire oublier ses erreurs de gestion, voire même le peu de cas qu’il fait de la bonne gouvernance ou de la démocratie en temps normal. Ce même gouvernement promet à la population de «raser gratis» le temps de la compétition et affiche les meilleures dispositions pour passer aux yeux des étrangers qui séjournent chez lui, comme un gouvernement modèle. Badigeonnage et bricolage ! Ce sont ses deux mamelles pourvu que les quartiers «livrés» aux étrangers, le temps de la compétition, apparaissent comme des havres de paix où il fait bon vivre.

Il ne lésinera pas sur les budgets, notamment celui de la publicité, la sienne en fait, et au passage, il ne manquera pas d’arroser sa clientèle.

III. Le monde des affaires ? Il est plus qu’intéressé, à l’exemple de l’argent des sponsors qui coule à flot pendant la coupe du monde. Et le retour sur investissement qui s’en suit ne profite pas aux citoyens ! Comme dit l’adage, dans le fond, le football ressemble à l’économie, donc aux affaires ; une majorité de personnes assiste au spectacle, souvent en se privant de choses essentielles, mais seulement une minorité commerçante et agissante en profite et perçoit les dividendes.

Et en chef d’orchestre, règne la FIFA et la longévité du règne de ses présidents : Blatter, par exemple, 76ans est à son 5ème mandat, alors qu’en comparaison, le Secrétaire Général de l’ONU n’en fait que deux !

En matière de rififi, la FIFA n’est pas en reste ; l’exemple le plus frappant nous vient, peut être, du Qatar qui aurait «acheté son mondial» selon le Sunday Tunis, ce journal londonien dans lequel on a pu lire des révélations fracassantes sur ce pays qui a décroché, à la surprise générale, l’organisation de la coupe du monde en 2024.

On a ainsi appris que Mohamed Bin Hammam, ancien haut responsable du football de ce pays, suspendu de ses fonctions depuis, aurait versé 5 millions de dollars pour obtenir le soutien de quelques 30 représentants de la puissante FIFA ; quelques 200 000 dollars auraient été versées, à partir de caisses noires, à des associations sportives plus 1,6 million au président de la CONCACAF et ex-vice président de la FIFA pour avoir leur soutien. Le Qatar, malgré ses avatars et sauf rebondissements de dernière minute, organisera le mondial 2024, en hiver ; aujourd’hui Sepp Blatter qui avoue que cela a été une erreur de confier le mondial à ce pays du Golf, n’est pas crédible, lui qui a été jusqu’à autoriser le port du voile et du turban dans les stades, pour faire plaisir aux émirs ; il a été aussi jusqu’à fermer les yeux concernant les dures conditions de travail auxquelles sont soumis les ouvriers asiatiques employés dans les chantiers qataris.
Et qu'en est-il chez nous ?

Cherif Ali

Prochaine partie : 3. «One, two, three, viva qui ?»

Lire la précédente partie :
Faut-il détester la coupe du monde ? 1. L'impopularité

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