Gaz de schiste : Bouteflika IV a dit oui !

Bouteflika offre aux firmes françaises la possibilité d'explorer le gaz de schiste en Algérie. Ce dont elles n'avaient pas le droit en France.
Bouteflika offre aux firmes françaises la possibilité d'explorer le gaz de schiste en Algérie. Ce dont elles n'avaient pas le droit en France.

On dit non comme on a dit non au quatrième mandat avec l’assurance que nos vœux ne seront pas exaucés. Qui vivra polluera dira le Rais dont l’étrange bonne santé est sans doute plus liée aux contrats gazeux qu’au traitement du Val-de-Grace.

C’est que le bled Baraka caracole en tête dans les classements des richesses souterraines à défaut des autres, les conventionnelles, les transparentes. On comprend qu’il fallait remercier le ciel et ériger le Temple : la Grande mosquée. On dit non comme le condamné criant son innocence pendant que le couperet chute vers sa nuque. C’est que le maudit gaz s’attaque à la roche-mère qui fait dodo, son réveil au naturel est déjà un cauchemar millénaire. On ne compte pas nos séismes et nos morts ensevelis depuis la destruction d’Alger en 1365 à Boumerdes 2003 sans oublier la tragédie de Chlef (El Asnam) 1880. On dit non parce que tous les experts sont unanimes : ce gaz est maudit, le boum ne se fait qu’avec le déclin. Il se gave d’eau et paie fortement en pollution. En Algérie, pays africain, on manque justement d’eau et la pollution semble plus rentable sans industrie. À moins qu’il y ait diversion et solution réunies : le gaz de schiste est lancé parce que les caisses sont vides et les comptes sont faits. Entre mourir de soif et mourir empoisonné, certains n’ont pas le choix.

D’après un rapport de l’OMS 80% des personnes privées d’eau vivent en Afrique et un Africain sur deux fait 10 km par jour pour ses besoins en eau potable. Chaque jour 3000 enfants meurent à cause du manque d’eau potable. Nos autorités n’ont jamais su gérer ce problème au point où la norme internationale des besoins d’eau (1000m3 par an et par personne) est divisée par deux pour les Algériens (500) et pas toujours de bonne qualité à voir les maladies transmissibles moyenâgeuses qui ne nous ont jamais boudés. La mort est programmée au ciel, disent nos constantes religieuses. En plus notre climat est semi-aride avec des pluies diluviennes brèves et des barrages qui fonctionnent à la mode de chez nous : 50% de pertes. Sans parler des quelques stations d’épuration qui hibernent faute de stimuli. En 2025, on manquera de 1 milliard de m3 de ce liquide vital et cela sans tenir compte du phénomène « schiste ». Nous avons besoin de 70 milliards de m3 par an alors que nous disposons que de 7 milliards seulement d’après le Journal N8 de l’ENSA (Ecole nationale supérieure d’agronomie). Il appelle cela le stress hybride physique. L’Algérie est classée 163 e sur 180 pays pour la disponibilité de l’eau. Nos villes sont sales, nos routes défoncées, nos voitures roulent au carburant cancérigène, alerte rouge des résidus plastiques en mer et des plages détroussées de leur sable, notre nourriture aux OGM, les pesticides se vendent au souk, les antibiotiques pour nous et pour nos viandes, tous ces médicaments douteux qui à défaut de guérir enrichissent la profession sans oublier les animaux familiers tels que les moustiques cafards rats puces chiens galleux microbes et le cirque est complet. Si on ne sait même pas gérer nos déchets de tous les jours, nos pénuries chroniques d’eau et d’électricité comment peut-on maitriser l’exploitation d’un gaz qui déroute même les plus grands spécialistes au monde. Ces derniers sont honnêtes : il est plus facile de prédire la colère du ciel que celle des entrailles de la Terre. La seule chose dont on soit sûr c’est que le même néo-FLN qui nous a menti depuis 1962 promettant monts et merveilles est toujours là avec son pedigree incestueux et ses vicieuses méthodes.

En supposant qu’il trouve la bague de Souleiman pour que le flot béni jaillisse avec jasmin (le bon), ghaîta, bendir et youyous, il faudrait que le miracle agisse aussi sur notre méfiance génétique. C’est l’histoire du berger qui se moque de ses compatriotes en hurlant : ô loup ! Le jour où ce dernier est venu pour dévorer ses moutons, il a beau crier à l’aide, personne ne l’a cru. On dit non, parce que depuis plus d’un siècle le pays le plus nobélisé au monde, l’Amérique du Nord, a tenté l’expérience, résultat : les Américains sont les premiers pollueurs au monde et ils souffrent d’une pénurie d’eau. Mais ils peuvent compter sur le voisin canadien pour s’approvisionner de ce liquide vital puisqu’il détient 20% des réserves de la planète. Mais l’Algérie vers quel voisin un jour elle ira mendier de l’eau ? On dit non parce que la France endettée et sans énergies fossiles a interdit son exploitation sur son sol. Pourquoi nous avec notre matelas en devises, un sous-sol imbibé de pétrole et gaz conventionnels allons-nous nous jeter dans cette aventure que personne ne nie les risques : «…forages profonds de 1000 à 3000 m, puis l’injection d’un fluide composé d’eau, de sable et de détergents sous pression… Ces opérations auraient déjà causé des contaminations de nappes phréatiques outre Atlantique, à la suite d’hydrocarbures…2% à 3%...relâchés dans l’atmosphère (toujours aux Etats-Unis) …méthane( CH4) , un gaz à effet de serre considérablement plus puissant que le CO2…Environ 50 puits seraient nécessaires pour produire autant de combustible qu’un seul puits en mer du Nord…fragmentation des paysages…Enfin un forage nécessite quelque 20 millions de litres d’eau, soit la consommation quotidienne d’environ 100000 habitants…» Aujourd’hui les experts reconnaissent que les risques ont été sous-estimés, mais ce n’est pas la première fois que le profit des uns se solde par les pertes des autres. L’Oncle Sam sait exporter sa « stupidité » dit-on. Et il faut ajouter que dans ce pays de toutes les libertés, tout propriétaire possède son sous-sol, ce qui n’est pas le cas en France où le sous-sol appartient à l’Etat et le président Hollande, malgré la tentation, refuse d’endosser cette lourde responsabilité. Pourtant, l’Agence internationale de l’énergie en 2011 disait que le Bassin parisien et le sud-est pouvaient assurer 150 fois la consommation annuelle française en gaz de schiste quitte à revoir son optimisme à la baisse de 20% tellement le flou persiste autour de cet étrange élément.

L’Académie des sciences en France assure que cette exploitation n’est pas sans danger sismique, le forage horizontal et vertical en kilomètres est une vraie fabrique à failles. Les rapports de la Commission européenne sont sans appel : l’éden du gaz de schiste est un leurre, avec lui les importations de gaz se maintiendront à hauteur de 60%, le contexte européen n’est pas le contexte américain (pas d’étendues désertes et le sous-sol appartient à l’Etat), les risques sur l’environnement et la santé humaine sont réels. Travaillée par les lobbys pétroliers, elle n’interdit pas l’exploitation hydraulique, mais précise : «aussi longtemps que ces risques environnementaux et sanitaires… que les incertitudes légales n’auront pas trouvés de réponses, les inquiétudes du public persisteront.» En un mot : exploitez à condition de respecter les règles. Prudence de politiciens dont le bifteck dépend des électeurs. Bien sûr on a pensé à remplacer l’eau par la technique de fracturation au fluoropropane médiatisée par l’OPECST (office parlementaire des choix scientifiques et technologiques) contrairement au propane qui est très inflammable, le fluoropropane ne l’est pas, mais il est plus compliqué à manipuler et son coût est «onéreux» affirment les responsables. Par ailleurs l’Office précise que ce gaz n’est pas sans "danger pour le climat". Son pouvoir de réchauffement d’après l’ONU est 3000 fois supérieur au dioxyde de carbone. Son utilisation d’après l’OPECST "nécessiterait de prévenir et de contrôler les fuites susceptibles de survenir à tous les stades de la chaine de production" sans parler des engagements de l’UE pour réduire l’utilisation des gaz fluorés de 80% d’ici 2030. Rentable ni en France ni en Angleterre où il n’y a pas les espaces immenses et vierges de l’Amérique. D’après des études du cabinet AT Kearney et Bloomberg New Energy Finance ( BNEF), il faudrait des années pour acquérir l’expérience américaine et les machines de forage ne passeraient pas sur les routes européennes sans oublier la densité de la population, l’effet de serre et surtout les réglementations draconiennes, les prix instables, le manque d’eau …

D’après le New York Times (2 mars 2011), des documents confidentiels produits par l’EPA (agence de protection de l’environnement américaine) les eaux rejetées par les forages de gaz de schiste sont radioactives à des "taux qui peuvent atteindre 1000 fois les limites autorisées …les niveaux de radioactivité sont tels que les industriels ne peuvent pas les dépolluer complètement…". "Un des plus grands échecs des Etats-Unis dans la fourniture d’eau potable."

Au Texas où il y a beaucoup de forages de ce genre, le nombre d’enfants souffrant d’asthme, de cancer a fortement augmenté. Comment peut-on imaginer que les Américains qui maitrisent tellement le sujet préfèrent le délocaliser avec armes et bagages dans un pays qu’ils jugent opaque dans sa gouvernance, inquiétant avec ses milliers d’émeutes par an, instable avec son terrorisme «résiduel» et en plus au voisinage d’un Aqmi et Compagnie ? Alors qu’on sait que ce gaz est reparti dans tous les continents et l’Argentine est plus avantagée que l’Algérie pour ses réserves. Plus près des USA, faisant partie du G20, infiniment mieux gouvernée, bien fournie en fleuves et lacs avec à peu près la même superficie algérienne même densité et nombre d’habitants. Le choix de notre pays était tellement sûr que les forages ont commencé dès 2011 près de Tamanrasset en plein Printemps arabe. Les observateurs savaient que contrairement à l’Argentine, notre risque- populace est un leurre. La chute en 2013 des investissements américains provoquant la hausse des prix du gaz avec la défiance de l’opinion publique ont clos le dossier. Comment peut-on croire que si les énergies conventionnelles bien rassurantes durables ne nous ont pas profité, la délivrance viendra de celles dont tout le monde se méfie. L’endroit est idéal, 19 800 milliards de m3 de réserves, autant que les USA, 4 fois plus que pour le conventionnel et des patrons de la Sonatrach qui, à défaut de compétence et de transparence, adorent la vie de château à coups de pots-de-vin avec la bénédiction du grand Manitou. Le destin de notre pays semble scellé et pour cause, aucun des candidats à la présidence n’a parlé d’environnement d’écologie encore moins de gaz de schiste, tous se sont entendus sur les sempiternelles promesses datant de l’an 0 : bouffe et constantes nationales. Dans Business Insider, le journaliste Wolf Richter avertit sur les dangers du gaz de schiste : "L’économie de la fracturation est une économie destructive. L’extraction dévore le capital à une vitesse étonnante, laissant les exploitations sur une montagne de dettes lorsque la production s’écroule. Pour éviter que cette dégringolade n’entame leurs revenus, les compagnies doivent pomper encore et encore, en compensant les puits taris par d’autres qui le seront demain. Hélas, tôt ou tard, un tel schéma se heurte à un mur, celui de la réalité."

Il y a que l’Algérie, un pays à la santé aussi bonne que celle de son Rais, pour accepter que le grand Sud aux dunes dorées et paisibles d’antan puisse n’avoir de seigneurs que des terroristes trafiquants d’humains et de drogue et de pétroliers rapaces qui feront de lui rapidement un gigantesque gruyère vénéneux pour toujours. Pour la Régence d’Alger, le cœur ne balance pas entre Tamanrasset et Paris. "Les gens me demandent souvent si on va manquer d’eau à l’avenir à cause du changement climatique, alors que l’urgence, c’est cette moitié de l’humanité qui boit aujourd’hui de l’eau douteuse !", lance Gérard Payen, conseiller à l’ONU qui estime que 2, 4 milliards d’habitants sont privés d’eau potable. Hier, on disait que l’eau est le grand défi de l’Algérie de demain, aujourd’hui on dira grâce au gaz de schiste, demain l’eau aromatisée au radium démocratisera le cancer qui ne frappe aujourd’hui que 5% de nos enfants…

On nous dira que la consommation intérieure a explosé et que les énergies classiques ne suffisent pas pour l’importation de notre nourriture. On répliquera : avant la politique agricole désastreuse du duo autoproclamé par les armes Benbella et Boumediene, nos fellahs suaient pour s’alimenter, pour alimenter la population et pour enrichir des colons avec leurs produits à l’exportation. Personne n’avait intérêt à les liquider tellement ils étaient rentables. Dans son livre : Où va l’Algérie, Boudiaf écrit avec sa désespérante naïveté qu’on lui connait que Benbella bien avant l’Indépendance détournait une partie de l’argent des armes direction la Suisse. Le ver était déjà à l’œuvre avant le fruit. Le gaz de schiste ne vient aujourd’hui que confirmer la malédiction des faux révolutionnaires transformés en vrais maffieux dont la règle d’or est : qui survivra ne pourra vivre en Algérie que sous terre ou ailleurs.

Mimi Massiva

Références : Wikipédia, AgoraVox, Le Monde Diplomatique, Figaro, Express, El Watan, Liberté 

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Commentaires (11) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

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Lyes Boubendir

salamo 3alaykom

quand il ya un gouvernement sans peuple

quand il ya un gouvernement sans gouvernance

quand le gouvernement n'à aucun principe de vie

quand le peuple ne bouge pas

quand l'opposition ne peut avoir la confiance du peuple

le pays reste dans les mains de quelque personne qui n'ont aucune conviction

dans la vie sauf vivre comme des animaux

KARHOUNA 3AYAWNA MOUSTAKBAL MOUBHAM

ALLAH YARHAM CHOUHADA

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