L’accord Algérie/UE reste confiné dans l’abstrait (1re partie)

L’accord Algérie/UE reste confiné dans l’abstrait (1re partie)

Les deux derniers rounds de l’association entre l’Union européenne (UE) et l’Algérie n’ont pas du tout fait avancer les choses et se sont passés aux yeux de la presse internationale voire même nationale venue en force comme un non événement.

En effet, la session du 6 décembre 2012 et celle du 13 mai 2014 n’ont pas réussi à approfondir les négociations entre les deux parties. Les points discutés semblent être maintenus dans un espace très restreint et selon les propres propos du chef de la délégation algérienne, en l’occurrence le ministre des affaires étrangères : "Les questions essentielles n’ont pas avancés d’un iota" (1) de quelle dignité et de quelles avancées démocratiques parle t-on ?. Aujourd’hui l’intérêt des nations est au dessus de tout. Face à la crise qui sévit en Europe, les Algériens veulent rester chez eux et donc attendent d’un tel accord une amélioration des conditions économiques de leur pays pour y travailler. De l’autre côté, les relations entre l’Algérie et l’UE ne sont pas trop développées parce que l’Europe a une approche libérale et veut un accord d’association qui vise la libéralisation des échanges des secteurs comme l’industrie, les produits agricoles, les services financiers, alors que l’Algérie, pour des raisons particulières, n’a pas l’option de développement d’un partenariat global et de relations privilégiées avec l’Europe comme le fait le Maroc. Elle est restée sur des relations bilatérales traditionnelles. La coopération entre l’UE et l’Algérie qui devrait permettre d’accompagner le pays dans ses réformes en vue d’un changement structurel de son économie doublé d’une «réforme politique» semble en tout cas buter sur des divergences d’approche entre les deux parties.

Quel est pour rappel le contenu de cet accord ? La démarche économique de l’Algérie est-elle compatible avec les objectifs de cet accord ? Que devra rechercher l’Algérie dans cet accord ?

1- Du contenu de l’accord

Il faut souligner que l’Algérie depuis le redressement de sa démarche socio-politique et économique en 1965 n’arrête pas de revendiquer le leadership de ses voisins immédiats de l’Afrique du Nord mais avec eux un grand rendez-vous devait être raté : celui de l’édification du grand Maghreb. Ces pays ont été victimes de leur position de principe au détriment de l’avenir de leurs générations futures. Pendant ce temps, se dessinait et se construisait une triade solide autour de trois piliers : Les Etats-Unis, l’Union européenne, et l’axe asiatique conduit par le Japon. Ce trio est devenu avec la chute du mûr de Berlin un atome politique autour duquel ont commencé à graviter les pays en fonction de leur niveau économique. Il y va des moins avancés à ceux dits émergents en passant par ceux dont la situation était très dégradée. L’Algérie avait la chance de disposer des potentialités énormes : richesse naturelles, une forte jeunesse, un démarrage cohérent etc. Il se trouve que pour des raisons particulières (2), ces potentialités n’ont pas réussi à faire décoller son économie pour un réel développement. Il fallait attendre le 27 et le 28 novembre 1995 pour que se déclenche à l’initiative des pays riverains de la méditerrané le "processus de Barcelone". Cette conférence visait une préparation d’un terrain propice pour mettre sur pieds une zone de libre-échange euro- méditerranéenne et des accords d’association que l’UE signera séparément avec des pays riverains en fonction de leur situation d’abord politique ensuite économique et puis sociale. Ce processus entend ainsi fonctionner comme un club qui met des barrières à l’entrée à ses adhérents s’ils ne respectent pas les règles de jeu arrêtées par la rive nantie.

Durant cette même période, l’Algérie sous perfusion à l’hôpital du FMI n’avait aucune maîtrise de ses indicateurs macro-économiques. Elle était même au bord de la cessation de paiement. Sa forte dépendance des hydrocarbures et les difficultés que lui pose une adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) l’a contraint de forcer une diversification de son économie de se jeter sans réfléchir sur un accord d’association qu’elle devait signer en 2005. En quoi consiste en bref cet accord ? Il s’agit de libéraliser ses produits industriels et agricoles moyennant des mesures d’accompagnement au préalable pour mettre à niveau ces deux secteurs. Ces mesures d’accompagnement sont financées par l’UE, un espèce de plan Marchal pour une perspective de redynamiser cette fois-ci le commerce européen. Ces financements sont donnés par étape (MEDA1 et MEDA2 etc.) afin de permettre aux voisins du Sud de compenser les pertes éventuelles et surtout de rendre leurs entreprises et produits plus compétitifs. D’autres mesures comme les règles d’origine, anti-dumping, la libre circulation des capitaux et des citoyens etc. et qui étaient accessoires sont devenues aujourd’hui l’essence même de l’accord faute bien entendu d’une avancée dans l’ossature même de cet accord. Il n’y a pas encore un bilan exhaustif et chiffré de cet accord voilà presque une décennie mais à en juger par ses effets attendus, ils ne semblent pas du tout probants.

La mise à niveau des entreprises traîne lorsqu’elle n’existe même pas dans la majorité des entreprises. De nombreux cadres du secteur privé la considèrent comme une perte de temps parce qu’elle ne se manifeste pas sous forme d’une aide tangible et matérielle. Près d’une dizaine d’année, les coûts n’ont pas évolués et donc la compétitivité des entreprises est totalement absente. Les entreprises non performantes continue de bénéficier de la perfusion de l’Etat en ignorant les règles de la concurrence. L’avantage comparatif n’a pas réussi à jouer son rôle de régulateur. On constate une mauvaise réallocation des facteurs vers des secteurs parfois non productifs mais uniquement pour éviter des licenciement et entretenir un climat social. Aucune entreprise ne cherche la compétitivité pour affronter une concurrence interne mais celles qui se considèrent comme championnes recherche plutôt des placements en dehors de l’Algérie pour viser avec son partenaire les consommateurs Algériens. L’exemple de Cevital avec ses nouvelles acquisitions d’entreprises européennes est édifiant. A chaque rencontre se sont des sujets «bateaux» qui prédominent comme la démocratie, la dignité. Cette attitude politiquement correcte arrange bien les affaires des européens qui savent où ils vont mais certainement pas celles de l’Algérie qui risque de perdre sa manne financière sans voir le bout du tunnel un jour. Pourquoi justement ? A suivre 

Rabah Reghis, consultant et Economiste Pétrolier

Lire la suite : L’accord Algérie/UE reste confiné dans l’abstrait (2e partie)

Renvois :

(1) Lire la correspondance de Lila Haddad sur le matin.dz sous le titre «la démocratie et l’économie au menu»

(2) Lire les détails dans notre article "Algérie : croissance et développement" paru au quotidien d’Oran du 28 avril 2014

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Commentaires (2) | Réagir ?

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adil ahmed

merci

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Massinissa Umerri

Comment pourrais-je lire votre machin Mr. Reghis, aussi tot et pres de "je ne sais plus comment l'appeler du 17 Avril", avec toutes les saloperies qui l'auront precede'. Je note, le "a continuer" en gras en fin du texte, et je lirais si cette continuation serait une dissertation sur l'assumption de votre truc, que "Algerie " veut dire "boutefliglia" et visa-versa. Comme support a cela, je vous informe que durant votre absence "De Service", l'Algerie a eteviole' et violente'e plus d'une fois par votre bouteflika, et que la VAAAAAAAAASTE majorite' des Algeriens ne reconnaissent pas bouteflika, encore moins son Algerianite'-Celle-ci n'etant ni un produit a marchandable ou un secret transferrable, etc. Ce n'est meme pas une intelligeance ou un heritage, mais juste un minimum d'orgueuil, semblable a celui des million et demi, de Martyrs, reconnus et respecte's d'a travers le monde, tout le monde.