Benflis : les propositions de révision constitutionnelle sont "un non sens politique"

Ali Benflis.
Ali Benflis.

Ali Benflis est le premier à ouvrir le feu contre les propositions de révision constitutionnelle.

L’examen des propositions de révision constitutionnelle n’invite qu’à une conclusion et une seule : il s’agit d’un non-sens politique absolu. Leurs auteurs y manifestent clairement une perte du sens des réalités, une attitude de déni et le choix de la fuite en avant.

Leur but n’est pas d’apporter une réponse à la crise politique et à l’impasse institutionnelle critiques auxquelles le pays est confronté. Il n’est pas non plus de résorber le grave déficit démocratique dont l’Algérie continue à payer le prix le plus lourd en termes d’accumulation des retards politiques, économiques et sociaux.

Ces propositions constitutionnelles sont manifestement le produit des préoccupations étroites du régime en place et certainement pas celui d’un peuple en attente du changement. Elles ne servent que les intérêts des gouvernants du moment au mépris des intérêts véritables des gouvernés. Qu’il s’agisse de l’approche adoptée, de la méthode utilisée ou de leur contenu même, ces propositions constitutionnelles, révèlent un haut degré d’indécision, d’approximation et d’improvisation.

Et de fait, l’approche adoptée exprime comme jamais auparavant l’attachement du régime en place au traitement unilatéral et autoritaire des problèmes les plus sensibles qui concernent toute la nation. C’est seul qu’il fixe le cap, pose les limites est préempte les choix.

La méthode utilisée est, elle aussi, symptomatique des vieux réflexes dont le régime en place n’arrive toujours pas à se départir : ce régime ne veut pas de partenaires, il cherche des cautions ; la recherche consensuelle des solutions véritables n’est pas son premier souci, il n’aspire qu’à trouver des alibis.

Quant au contenu des propositions constitutionnelles elles-mêmes, les analyses les plus sereines, les plus objectives et même les plus accommandantes envers le régime en place n’y trouveraient que motifs à étonnement et à incrédulité quant à son décalage et à son ignorance des graves défis du moment.

Le contenu de ces propositions apparait décalé et hors de propos dans la mesure où il évite soigneusement de prendre en charge les dimensions réelles de la crise politique et de l’impasse institutionnelle actuelles. Il ignore les grands enjeux pour le pays car son objectif qu’il n’arrive même plus à dissimuler est de faire diversion.

L’Algérie est toujours en attente d’un ordre démocratique, d’un Etat de droit et d’une gouvernance effective et performante. Les propositions constitutionnelles du régime en place sont loin de la rapprocher de ce rendez-vous inéluctable. La crise politique actuelle a un nom, c’est celui de l’illégitimité des institutions. L’impasse institutionnelle a ses évidences et ses manifestations, ce sont celles d’institutions républicaines qui n’assument plus leurs missions constitutionnelles. Quant au déficit démocratique, il demeure entier.

Régler le problème de la légitimité des institutions, les remettre en état de fonctionnement et, d’une manière plus large, faire entrer le pays dans l’ère du changement démocratique, voilà les taches nationales dont la solution presse et que le peuple algérien attend. De ce point de vue, la révision constitutionnelle telle qu’envisagée et dictée ne participe en aucune manière d’une volonté sincère et d’un engagement résolu à les prendre véritablement en charge.

Des tâches nationales d’une telle ampleur et d’une telle complexité requièrent l’ouverture d’un processus politique global et non le recours à des mesures de circonstances partielles, parcellaires et sans effet. Elles exigent aussi la clarté de l’objectif recherché : l’Algérie démocratique à bâtir et non la pérennité et la survie du régime à assurer. Elles nécessitent, en outre, le recours à un partenariat politique authentique et non la vaine recherche de légitimation, de cautions ou d’alibis. Elles devraient, enfin, procéder d’un consensus national réel et non d’approches, de visions et de choix réducteurs imposés.

En conséquence, les propositions de révision constitutionnelle doivent être prises pour ce qu’elle sont : une fuite en avant et une diversion.

Le règlement de la crise de régime qui perdure dans sa double forme de crise de légitimité et d’impasse institutionnelle ne peut être la résultante de ces propositions. S’inscrire dans la logique de ces dernières et en cautionner la démarche et le contenu reviendrait, au bout du compte, à accepter ou à se résigner au différé du changement auquel l’Algérie, comme peuple et comme Nation, aspire légitimement, ce à quoi je ne peux me résoudre ni aujourd’hui ni demain.

Alger le, 18 mai 2014

Ali Benflis

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Commentaires (4) | Réagir ?

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Atala Atlale

M. Benflis, vous avez donné beaucoup d'espoir à une grande majorité d'Algériens, le résultat des élections n'était pas ce que nous attendions, on vous prête l'intention de constituer un parti pour arriver à El Mouradia. Il vous reste une possibilité de vous rattraper c'est de mobiliser une nouvelle fois le peuple pour un changement à court terme, sinon si c'est pour attendre encore cinq autres années encore, cela n'est plus nécessaire. Honnêtement.

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oziris dzeus

Soyez Honnête avec vous-même, envers les algériens et envers les martyrs de la guerre de libération, en demandant le retour à la constitution de 1996 et basta.

La constitution de 1996 devait réglé tous les problèmes de l’Algérie, mais boutef et son clan avait décidé autrement.

Vous avez trompé les algériens en 1998 en soutenant boutef à prendre elmouradia. Vous avez remis le FLN au service de boutef et son clan, car avec seulement le Bensal et aboujer c'était impossible.

Vous avez participé à la mise à l'écart de Zeroual en l'isolant politiquement.

Vous courrez dans tous les sens, pour rien. Vous continuez a joué votre rôle à merveille. Vous soutenez toujours votre maitre.

Après vos mises en scène de 1999, 2004 et 2014, vous devriez faire vos comptes et votre bilan et vous mettre aux vers.

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