Amazighie (Maroc) : réponse à Al Idrissi Rachid

L'identité amazigh au Maroc est une réalité millénaire.
L'identité amazigh au Maroc est une réalité millénaire.

Le peuple amazigh est un peuple autochtone reconnu par les Nations unies. L’Etat marocain a ratifié la Déclaration des Peuples Autochtones de 2007. Et le "Dahir" dit "berbère" est un "mensonge historique"(1)

Par Ali Khadaoui

Alors que l’on croyait avoir tordu le coup au plus grand mensonge de l’histoire contemporaine du Maroc, à savoir le fameux Dahir dit "berbère", M. Rachid Al Idrissi le remet sur le tapis (voir Hespress du 13 mai 2014, en arabe), dans une tentative malheureuse de dénier au peuple amazigh ses droits sur la terre de ses ancêtres.

Rappelons que le peuple amazigh où qu’il se trouve, a été reconnu comme "Peuple autochtone" par les instances compétentes des Nations unies, que l’Etat marocain a ratifié la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones de 2007, et qu’imazighen disposent de représentants officiels auprès des instances internationales concernées. En 2013, ces représentants à la 6e session du Mécanisme des Experts pour les droits des peuples autochtones (MEDPA) étaient les suivants : Karima N’Ait Said, Mohamed Bouchdoug et Belkacem Lounès, en plus des représentants permanents qui sont Zhor Bougrine et Khalid Zerrari.

Pour les lecteurs, ces vérités sont suffisantes pour voir à quel point ce M. Al Idrissi est à côté du débat sur la question amazighe, ou qu’il n’est que la voix de mains invisibles qui cherchent à torpiller les décisions de l’Etat en réponse à la question amazighe, réponses jugées encore insuffisantes par le Mouvement Amazigh.

De prime abord, M. Al Idrissi pose la question de savoir si le peuple amazigh est un peuple "autochtone". De deux choses l’une : ou Monsieur Al Idrissi ignore que les instances internationales compétentes en la matière ont reconnu le peuple amazigh comme peuple "autochtone", que l’Etat marocain a ratifié la Déclaration des droits des peuples autochtones de 2007, et dans tel cas, ses allégations sont à mettre sur le dos de l’ignorance, ce qui est grave pour un professeur universitaire. Dans tel cas aussi, si Monsieur Al Idrissi cherchait à se faire un nom sur le dos des droits amazigh, c’est raté. 

Ou bien M. Al Idrissi connaît parfaitement ces vérités, et alors, s’imposent des remarques d’une grande gravité : la première, est que Monsieur Al Idrissi se croit plus compétent en la matière que les instances des Nations-Unies qui ont travaillé plus de trente ans sur le dossier des Peuples Autochtones et de leurs Droits, travail qui a abouti à la Déclaration de 2007. Cette prétention est à elle seule la preuve que ce Monsieur n’est nullement animé par un sentiment patriotique, ni par le souci de la cohésion sociale, et encore moins par le souci de défendre les droits des imazighen comme il le laisse entendre, mais qu’il est bel et bien animé par un sentiment politique douteux, à défaut d’être tout simplement raciste et à visée paternaliste, pour ne pas dire colonialiste.

La manipulation du concept "peuple autochtone" par M. Al Idrissi

Dans une tentative de vider le concept «autochtone» du sens que lui donne la Déclaration de 2007, l’auteur recourt comme les manipulateurs du «Dahir dit Berbère» à la falsification et au mensonge. Alors que la déclaration des Droits des Peuples Autochtones peut être consultée sur internet, Monsieur Al Idrissi n’a pas honte d’en dénaturer le sens et de l’utiliser à des fins politicienne et idéologique. Comme les concepteurs et manipulateurs du Dahir dit «berbère» dont il se sert à faire vomir, Monsieur Al Idrissi met en avant l’unité nationale, les intérêts de la nation, etc…Il ne lui manque que le «allatif» pour rester fidèle aux initiateurs du Mouvement dit National, alors qu’il n’a rien de national, puisque c’est ce Mouvement qui a exclu et planifié le génocide culturel de l’identité amazighe du Maroc, qui occulte et ignore jusqu’à ce jour les 700000(sept cents mille) martyrs de la résistance armée populaire contre le colonialisme français, essentiellement amazighs, au même moment où les collabos sont devenus résistants et occupent les postes clés de l’Etat.

D’autre part, alors que le Mouvement Amazigh n’a jamais posé la question amazighe en termes de race mais en terme de culture et d’identité culturelle que confère la terre où on est né, Monsieur Al Idrissi, dévoilant ses véritables motivations, présente le peuple marocain comme une mosaïque de races, pour justifier son hostilité au peuple amazigh en tant que peuple autochtone. Alors que les données historiques et anthropologiques et même linguistiques attestent que la quasi-totalité des marocains sont amazighs (qu’ils soient amazighophones, darijophones, musulmans, chrétiens, juifs ou autres), Mr Al Idrissi limite sa haine aux amazighophones, dans une tentative manifeste de dénigrement et de mise au banc de la société, comme au temps du Dahir dit «berbère».

Mais là où M. Al Idrissi met le paquet de sa haine de l’amazigh, c’est quand il remet en question tous les acquis du Mouvement Amazigh et les décisions de l’Etat, en réponse à une demande sociale pressante : l’alphabet tifinagh est déclaré «phénicien», l’officialisation de la langue amazighe est présentée comme un danger de séparatisme, et, comble de l’insolence, ce «Professeur» de la dernière minute s’en prend à Mohamed Chafik, imminent académicien et patriote, respecté par tous au Maroc et dans le monde pour ses positions objectives et modérées, qu’il accuse simplement d’être un séparatiste, donc, implicitement un traître !!!

Encore une fois, Mr Al Idrissi appelle le Dahir de ses grands-parents à la rescousse, dans un sursaut désespérant et désespéré, il met en garde contre les divisions, parle d’unité nationale et de trahison…A court d’arguments valables, il recourt aux mêmes recettes que le Parti de l’Istiqlal et autres chantres du racisme et de l’exclusion… oubliant que les temps ont changé, qu’imazighen d’aujourd’hui ne sont plus ceux d’hier, qu’ils connaissent parfaitement l’histoire, et, surtout, qu’ils n’ont de leçon à recevoir de personne, et encore moins de ceux qui ont pactisé avec le colonialisme, comme les protégés(2), encore omniprésents dans les institutions de l’Etat dit indépendant, et auxquels se réfère cet «imminent» universitaire qui croit que le diplôme confère l’autorité intellectuelle !

A.K.

(1) Mohamed Mounib, "Le Dahir berbère, la plus grande supercherie de l’histoire du Maroc contemporain", éd. Bouregreg, Rabat, 2002, 188p.

(2) Mohammed Kenbib, Les Protégés. Contribution à l’histoire contemporaine du Maroc, Rabat, Publications de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines, Série Thèses et Mémoires, 1996,389p.

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Commentaires (1) | Réagir ?

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michel michel michel

ya bouguelb, la majorité berbère du Maroc est sous le joug de la minorité arabe et on en est encore au stade de la revendication!

innayayes a vava ewetnagh, inna yes ammi aaqelnagh! ce qui veut dire approximativement: mon père ils nous ont frappés; mon fils ils nous (re) connaissent!