L’art de pêcher en eaux troubles en Algérie

Qu'a fait la justice algérienne après les révélations touchant Amar Saadani ? Que dalle !
Qu'a fait la justice algérienne après les révélations touchant Amar Saadani ? Que dalle !

"Il faut avoir vu une réunion d’actionnaires au lendemain d’un désastre, il faut avoir vu les poings crispés, les faces convulsées, les yeux hors de la tête et les lèvres frangées d’écume, pour savoir à quelles contorsions épileptiques la rancune de l’argent réduit des hommes assemblés." La pêche en eau trouble [Émile Gaboriau]

Occupant la très reluisante 94e place sur les 177 nations les plus corrompus au monde, l’Algérie, notre pays est en passe de devenir une grande école dans l’art de pêcher en eaux troubles. Comment en serait-il en être autrement ? Lorsque l’on sait que bon nombre de citoyens, fort de leurs bon droit se font âne et s’étonnent que les autres leur montent dessus, en payant la "qahawtou" à un véreux fonctionnaire pour un extrait de naissance, un repas de 2000 Dinars pour un PV d’infraction automobile d’une valeur de 200 dinars à un flic ou un gendarme ripoux, en offrant téléphone et Ipad à des douaniers voraces pour "un cache moi donc ce sein que je ne saurai voir" sur des cabas suspects… Ce sont là quelques exemples de vénalité de charges. Quoique formellement interdite, cette vénalité d’abord privée, c’est-à-dire limitée aux échanges entre particuliers, s’est singulièrement généralisée et démocratisée depuis une quinzaine d’années. Ne voilà-t-il pas qu’elle se manifeste, en toute impudence, en hauts-lieux, se donnant même en spectacle avec ses hérauts et ses lampistes, tour à tour, l’affaire du sucre avarié, BCR, la Khalifa connection, Sonatrach I &II, l’autoroute Est-Ouest et tout dernièrement, le désormais voisin de Nicholas Sarkozy, Amar Saadani, ses 2 cossues appartements parisiens et un compte en banque de 300 millions d’euros, que le journal électronique MondAfrique a démasqué, histoire de faire la nique à ceux qui n’ont pas cru en lui : "Jusqu’où peut te mener une derbouka !". Et Dieu seul sait ce que ça nous en coûtera, demain, en surcoûts de la construction de la grande mosquée à 2 milliards d’euros d’Alger. Les modi operandi des corrupteurs et corrompus sont fort connus,sans pour autant emmener nos fins limiers des services de sécurité à procéder au profilage criminel et prémunir le peuple de ces puissances d’argent mal acquis. Le slogan creux, pompeusement lancé par le gouvernement, il y a quelques années :"Min ayna laka hada ?" s’apparente à une montagne qui a accouché d’une souris.

Bien sûr des lampistes en ont trinqué et continuent de l’être, jetés en pâture dans les fosses des lions, pour leur faire payer leur indélicatesse financière : "2000 affaires de corruption ont été instruites en 2013, on ne peut pas nous reprocher de ne pas lutter contre la corruption" répliquera M. Abdelmalek Sellal, l’ex- et désormais nouveau premier ministre…Menu fretin, serions-nous tentés de dire, les gros poissons, les Chakib Khalil et compères, les grands criminels en col blanc, eux continuent de jouir de l’estime des hypocrites, leurs semblables, leur procurant protection et bénédiction pour échapper aux mailles de la justice. Une justice que la vox populi pointe du doigt parce que, rendue, selon que l’on soit puissant ou misérable. Dans la prestation de serment du président Bouteflika de ce lundi, nul signe précurseur ne présage le moindre bouleversement, un quinquennat déjà entachée, par le pavé Saidani jeté dans une mare Parisienne et par le handicap physique de notre impotent chef de la magistrature suprême. Aurait-il suffisamment de pouvoir et de courage, de dénoncer les injustices et les offenses, faites 3 quinquennats durant, aux sans-voix, aux sans-logis, aux sans-le-sou, aux sans-illusions et leur dire tout haut : "Messieurs, voilà vos droits et votre dignité", fini le temps des pêcheurs en eaux troubles, ils sont politiciens, cadres supérieurs sans identifications, hauts gradés, flics ou gendarmes sans numéro de badge, ils ont le droit de connaitre votre identité mais pas la leur pour ne pas être légalement poursuivis, spoliateurs en force anonymes des terres, des titres et de la rente. Ils sont l’arrogance, en bons commandeurs et du haut de leurs trônes, se partagent butins et fortunes d’un peuple abusé et malmené depuis 1962 à ce jour.

La vérité est si imposante, et paix sociale oblige ! Le laisser-aller de la société civile, le largage à vau-l’eau des institutions étatiques, les textes de lois jetés et foulés au pied par ceux-là même censés les implémenter, l’ignorance criarde des élus, la complaisance du peuple et de sa jeunesse, soudoyés quelque part par les prêts bancaires, de l’Ansej et le gain facile, l’absence du devoir citoyen, bref, autant de ferments d’imposteurs et de tromperies pour troubler tout eau limpide et clair, et permettre par ricochet aux pêcheurs impénitent de s’en mettre encore plus dans les poches les 5 années à venir.

La vénalité est arrivée à s’incruster dans le jour puis à s’imposer aux jours, à l’année et aux quinquennats, passés et futurs, et insensiblement poursuivra son cours sans plus jamais offusquer personne, puisque, elle est dans l’air vicié du temps de 15 années sombres passées. C’est tout dire !

Brahim Ferhat

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elvez Elbaz

http://mondafrique. com/lire/bakchich/2014/05/01/algerie-mondafrique-repond-au-patron-du-fln-amar-saadani