Embuscade d'Iboudrarène (Kabylie) : des responsabilités politiques

Embuscade d'Iboudrarène (Kabylie) : des responsabilités politiques

La répression de la marche du 20 avril et les exactions policières relevées lors de cette dramatique circonstance ont "fait de l’ombre" à un autre évènement dramatique survenu le même jour.

À proximité de Tassaft Ouguemoune, des djounouds ont trouvé la mort dans des circonstances révoltantes. Ils ont été piégés dans un bus communal qui, manifestement, n’a subi aucun aménagement pour servir comme véhicule de transport de troupes dans une aussi dangereuse région.

Depuis le début de la présence des islamistes armés en haute Kabylie, ce lieu a toujours été l’un des points les plus chauds de la région. Très longtemps, il est revenu au "groupe de patriotes" [1] de Tassaft de traiter cette zone. Ils y multipliaient les embuscades de sorte que les voies de passage perdaient de leur sureté pour les islamistes armés. Connaisseurs du terrain et républicains convaincus, les camarades de Djaafar Ouahioune et de Kamel Ait Hamouda [2] s’acquittaient avec un réel succès de leurs tâches. Un jour l’Histoire relatera leurs faits et leur bravoure.

Mais, depuis, de nouvelles doctrines politiques se sont imposées. "Pardon" à des criminels qui n’en réclamaient aucun. "Réconciliation" avec des assassins qui ne regrettent rien et, henni à la barbe, revendiquent leur djihad sans sourcilier. Bouteflika qui avoua du haut de la chefferie de l’État que s’il en avait l’âge il serait au maquis tourna la victoire militaire sur l’islamisme armé en débâcle politique du front républicain. Les patriotes, les gardes communaux, les rappelés de la mobilisation[3]… paient à ce jour les orientations du Bouteflikisme. Marginalisés, délaissés, traités comme s’ils avaient été des mercenaires, «les pardonnés» les narguent du haut de leur immunité.

Ce sont, à n’en pas douter, ces politiques qui se trouvent à l’origine de l’assassinat des djounouds en ce 20 avril 2014. Sinon comment expliquer qu’une relève soit transportée dans un bus communal ? Comment expliquer une telle désinvolture, un tel manque de responsabilité ? Les faits sont d’une telle gravité que les conséquences doivent être portées par les responsables politiques, à commencer par le vice-ministre de la Défense dont l’aveuglement pour la réélection de Bouteflika a couté de nombreuses vies juvéniles. Voilà une tâche pour le fameux CIMO. Comité interministériel pour l’opérationnel, qui semble être devenu le barycentre sécuritaire du pays. Mais, dans ce système, il est vain d’attendre que ces messieurs assument des responsabilités qui ne vont pas avec le poste.

Plus grave encore. Il semble qu’il faille s’interroger sur un possible impact de ce drame sur le comportement des forces de sécurité face aux manifestants à Tizi-Ouzou. Des observateurs n’écartent pas l’hypothèse. Si tel est le cas, il faut relever que les défaillances qui ont amené le dramatique bilan de l’embuscade d’Ibourdrarène, sont aussi celles qui font naître des possibilités d’embrasement de la Kabylie. Ce sont donc des défaillances doublement criminelles qui resteront, c’est dans la nature du système, impunies.

Mohand Bakir

Renvois

[1] Citoyens Volontaires Armés, engagés dans la lutte anti-terroriste aux côtés des unités de l’ANP et des services de sécurités.

[2] Assassinés le 10 mai 1997 au lycée d’Ath Yanni.

[3] Des réservistes rappelés au service d’active, officier, sous-officiers et Djounouds.

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Commentaires (6) | Réagir ?

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uchan lakhla

Le terrorisme résiduel cher à Hmimed est nu à présent ! En plus aucun d'entre eux n'a osé présenté ses condoléances aux familles des victimes, quelle bande de lâche et de voyous, remarque, c'est normal, leurs rejetons sont ailleurs à profiter de la vie grâce l'argent du contribuable algérien.

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Idir Ait Mohanbd

Au-delà de tout ce qui été dit à propos des militaires tués dans cet accrochage, j’ai noté une seule chose qui me taraude l’esprit : cinq militaires parmi les victimes, gravement blessés, avaient été évacués vers l’hôpital d’Ain-El-Hammam avant d’être redirigés sur l’hôpital de Bordj Ménaiel. Les cinq militaires étaient nés entre 1989 et 1990 et le moins touché avait reçu trois impacts de balles. Ce qui me semble bizarre dans tout cela, c’est que les cinq militaires portaient des tenues civiles, je dis bien civiles ? Allez comprendre !

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