Algérie: derrière le voile des élections...

L'élection ou l'illusion d'un changement.
L'élection ou l'illusion d'un changement.

Les élections présidentielles focalisent toutes les attentions et les inquiétudes. Les médias en amplifient l'intérêt au delà des enjeux qui sont en œuvre derrière les discours et les positionnements politiques des uns et des autres.

Par Mokrane Gacem

Certains nous promettent le miracle d'un système prédateur qui renoncerait à ses appétits, d'autres nous prévoient un cataclysme à travers les petites guéguerres de circonstance que se livrent les clans du pouvoir. Puis, il y a ceux qui s'engouffrent tête baissée dans l'illusion d'un changement démocratique et pacifique sous couvert d'une entente sacrée (par quelle alchimie?) entre des bourreaux et des victimes. Enfin, un soulèvement "populaire" spontané et salvateur est attendu, comme on attend Godot, par nombre d'incantateurs qui prennent leurs lubies pour des réalités, oubliant que la faiblesse politique de la société est une évidence qui l'expose déjà à toutes les manipulations et à tous les alignements contraires à ses intérêts car orpheline d'une avant-garde organique et déterminée.

L'alternative démocratique et patriotique ne peut se construire en adhérant au brouhaha qui entoure ces élections. Les forces dominantes ont déjà profilé les tendances lourdes qui composeront l'espace politique algérien après le scrutin du 17 avril. Les démocrates et les patriotes n'y ont pas leur place ou au mieux tiendront-ils le rôle de figurants et de caution qui légitimera encore une fois, un système consolidé dans ses fondamentaux par ses deux pôles principaux: les tenants du pouvoir et la fameuse opposition de façade incarnée par Benflis et consorts. Les islamistes, quant à eux, se déploient sur tous les terrains et se préparent à la grande offensive pour instaurer leur régime théocratique. Contrairement à ceux qui croient à leur soudaine conversion aux idéaux démocratiques, ils sont toujours mobilisés et en ordre de bataille pour nous renvoyer au XIVe siècle. Un quatrième larron est embusqué derrière le mouvement des "printemps arabes", il instrumentalise, lui aussi, tous les mécontentements pour faire avancer ses pions. Il s'agit bien évidemment de l'OTAN, cette tête de bélier du Nouvel Ordre Mondial qui vise pas moins que les autres, à dépouiller l'Algérie de ses richesses et les Algériens de leur conscience, en leur proposant un simulacre de démocratie qui ne permet ni aux libertés fondamentales de s'épanouir ni au progrès social et économique de s'accomplir.

Le tableau n'invite pas au pessimisme mais aux efforts de construction qu'exige de nous cette triste réalité. Travailler pour une alternative autonome en rupture radicale avec le système et les lobbys étrangers qui constituent par ailleurs ses soutiens les plus sûrs. Toutes les combinaisons politiques et tactiques avec eux, reposeraient-elles sur les meilleures intentions, sont vouées à l'échec.

Les appels à la transition ou à la constituante, dès lors qu'elles associent les tenants du pouvoir et les islamistes reconduiront au mieux le statu quo qui ne change rien au final, au pire notre neutralisation légale pour des décennies. La force militaire, celle de l'argent et de l'administration, le soutien des puissances étrangères, la dépolitisation des larges couches populaires et les penchants opportunistes qui gangrènent une partie de l'opposition travaillent pour eux.

L'Algérie est grosse d'une révolution en l'absence de révolutionnaires capables de la faire accoucher sans douleur et sans compromission. Il est temps pour nous de quitter les sentiers battus qui nous ont mené à l'impasse et d'œuvrer à un travail de conscientisation en profondeur dans la société afin de construire cette force vitale, à même de constituer dans le sens démocratique et d'assurer l'indépendance du pays.

Comme nous l'avions déjà dit dans ces mêmes colonnes, la question nationale n'est pas encore réglée. Elle est au centre des enjeux. Elle met en confrontation des patriotes et des traîtres à la nation.

M.G.

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Commentaires (1) | Réagir ?

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adil ahmed

merci