Bouteflika en chansons, Benflis en charmeur ès FIS-tons

Djamel Allam s'est compromis dans la campagne de Bouteflika au grand désespoir de ses fans.
Djamel Allam s'est compromis dans la campagne de Bouteflika au grand désespoir de ses fans.

Décidément cette campagne électorale aura dévoilé, à elle seule, toutes les difformités et autres tares cumulées par 50 années de déficiences, habilement travesties en efficiences par l’art de la ruse et l’entourloupe, au plus haut niveau de l’Etat.

On ne se contente plus de bourrer les urnes, le jour J, mais on s’adonne à un folklore des plus carnavalesques pour faire croire au bon déroulement de la compétition en conviant des soutiens aussi insolites les uns que les autres. De Cheb Khaled à Djamel Allam, de Naïma Ababsa à Kader Japoni, de Smaïn à Kenza Farah, ils étaient venus, ils étaient tous là pour le tournage d’un clip à la gloire de fakhamatouhou tab-j’nanou. Toutes normes respectées, une palette d’artistes digne de celle qui était réunie pour l’enregistrement de "USA for Africa", cette main tendue à l’Afrique, initiée par Michael Jackson, sous forme de tube planétaire dans les années 1980. D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi les paroles de cet hymne à Bouteflika, présenté sous forme de «serment pour l’Algérie», ne sont pas plus explicites que celles diffuses qui y sont chantées, car finalement le but n’est-il pas d’affirmer haut et fort "we are his world, we are his children, we are the ones who’ll make a brighter day with Bouteflika, so let's start voting on april seventeen !" ? 

La parade à cette bouffonnerie musicale a été trouvée par le génie de la jeunesse algérienne: Donner un maximum de points «dislike» afin de pousser à son retrait de Youtube. En moins de 24h, le nombre de «dislike» vient de dépasser les 10.000 alors que le nombre de "like" peine à atteindre les 1500. C’est un peu à l’image de ce rapport like/dislike que les résultats de toutes les élections présidentielles ont été inversés pour nous faire croire à un plébiscite populaire pour les candidats du pouvoir. Nul doute que si Youtube était géré par notre ministère de l’intérieur, le rapport précédent aurait été très vite inversé par les experts-es-supercheries pour transformer l’antipathie que transpire ce monarque autoproclamé à l’égard du peuple en amour, sympathie et fidélité extrêmes. 

A lire les commentaires ça et là sur le net, la déception des jeunes de voir ainsi leurs idoles se rallier à une bande de scélérats qui les oppresse de moult façons répressives, est grande. Mais que voulez-vous, il y a parfois un fossé immense entre le talent et le discernement! Qu’attendre d’un Cheb Khaled qui ne trouve rien d’autre pour justifier son soutien à Bouteflika que d’affirmer avec son rire d’évadé d’Alcatraz «Grace à lui l’Algérie a des hôtels où les étrangers peuvent prendre un whisky » ou une autre perle dans laquelle il assure que « Bouteflika a rendu mon pays heureux! ». Le bonheur est d’ailleurs si grand qu’il déborde de nos frontières, repoussant notre King national au-delà d’Oujda pour élire domicile au royaume de sa majesté M6. C’est le seul moyen pour lui d’échapper au trop-plein de bonheur qui envahit le pays. Un peu de bonheur ça va, mais trop de joie, bonjour les dégâts, yak a Khaled ? 

Quant à Djamel Allam, il n’est pas à un écart près non plus. Je me souviens d’une réplique à une question sur canal Algérie où il formule «Je ne suis pas Kabyle, je suis Algérien!». Ah ya khouya El-Hachemi, est-on tenté de soupirer! Cela fait des années que je me torture à essayer de trouver un sens à telle affirmation, je n’y arrive point! Je voulais lui poser la question lors d’un concert au cabaret sauvage, il y a quelques années, mais j’avoue que j’avais été désarçonné par l’aura bon-enfant qu’il dégage dès que vous vous retrouvez face à lui. Je n’avais donc pas osé le déstabiliser avant le concert. A la fin du spectacle, c'était trop tard, il était parti très vite.

Sachons donc faire preuve d’indulgence envers nos idoles ! Au lieu de les rejeter ou de les condamner, octroyons-leur le bénéfice du doute quant aux motivations sous-jacentes à ce clip réalisé à la gloire de Bouteflika, et mettons tout cela sur le dos d’une grande naïveté. Après tout, un artiste n’est qu’un troubadour, un petit marchand de bonheur qui se vend au plus offrant! Comment dès lors exiger de lui qu’il ne soit pas regardant ?

Dans la barque Benflis, aucun signe ne pousse à quelconque optimisme non plus, puisque aux dernières nouvelles, il est question d’une main tendue aux Fis-tons. Abdelaziz leur a pardonné, Alilou envisage de les réhabiliter, et promet même de les inviter à la table du dialogue s’il était élu. Décidément la politique est un art de la ruse, de la volteface et de l’imprévisible à l’absolu. 

Où était Monsieur Benflis, pour ainsi vouloir réintroduire la bête immonde, quand le 30 janvier 1995, un bus bondé explosait au boulevard colonel Amirouche, déchiquetant des dizaines de civils innocents, faisant des dizaines de morts et de blessés graves, lesquels n’avaient pour seul tort que celui de se retrouver au mauvais endroit, au mauvais moment ?

Souvenons-nous que dès le lendemain, en direct sur TF1, Anouar Haddam, membre du FIS en exil, revendique sans le moindre état d’âme l’attentat en expliquant que ce qui était visé c’était le commissariat central et que si le but n’avait pas été atteint c’est à cause d’une circulation dense, déphasant ainsi le dispositif de minuterie réglé pour exploser au moment de foncer sur le portail d’accès à l’immeuble de la police.

Sans vouloir remuer le couteau dans la plaie des 10 années de barbarie perpétuée par des vandales d’un autre âge, ce simple rappel parle de lui-même et exige d'exclure définitivement et dans l’absolu les islamistes du jeu politique! Mais Monsieur Benflis ne semble pas le voir du même œil et nous propose une autre lecture des faits, allant jusqu’à affirmer "que les partisans de la thèse de l’exclusion, qui constituent une minorité, auront une place dans le dialogue national, mais qu’en aucun cas, ils seront en mesure d’imposer l’exclusion d’une telle ou telle autre partie". Énonce plus clairement, cela veut dire que ceux qui refusent le dictat islamiste ne représentent qu’une petite minorité et que l’écrasante majorité appelle et souhaite ce dictat. Sacrée convergence de vue entre le Alilou version 2014 et le Alilou crû 1990! Remarque, quelle est donc la différence de fond entre les formules de sainteté "Hallal-Harram" débitées à tout va par Ali Benflis et celles des "Yadjouze-Layadzouze" de la décennie de braises, initiée par Ali Benhadj and Co ?

A travers cette main tendue aux amis d’Anouar Haddam, que recherche exactement Ali Benflis? Gagner la base islamiste pour l’encourager à voter en sa faveur le 17 avril, ou bien cherche-t-il à la manipuler pour l’utiliser comme ultime recours afin d’envahir la rue si les urnes ne sont pas bourrées en sa faveur? Il est utile de rappeler que lors de l’élection 2004, Benflis n’avait pas hésité à menacer de faire occuper la rue par ses partisans si les résultats lui étaient défavorables. La suite on la connait, puisqu’il en a été réduit à hiberner pendant 10 ans.

Les déclarations de Benflis sont graves, très graves! Car elles remettent en cause et mettent en danger l’idée même d’un édifice républicain stable que l’écrasante majorité des algériens aspire à construire et que le monde moderne exige! C’est une question de survie pour les générations futures !

D’ailleurs, le clin d’œil à l’islamisme ne s’arrête pas là puisque M. Benflis énonce à qui veut l’entendre que l’école algérienne n’a pas formé de terroristes !? Si c’est le cas, faudrait peut-être nous donner plus de détails quant aux écoles qu’ils ont fréquentées. Cornell, Cambridge, Harvard peut-être ? De plus, affirmer cela, c’est ne pas reconnaître le drame de la faillite de notre système éducatif et donc ne pas s’engager à le réformer dans le bon sens. Si, M. Benflis, l’école algérienne n’a rien formé d’autres que des chevaliers du Coran, donc des terroristes potentiels. A cet égard, permettez que je vous rappelle que tout mal ne peut être guéri que s’il est attaqué à la racine! Et à ce que je sache, la racine du mot islamiste n’est pas à chercher ailleurs que dans les 5 premières lettres qui composent ce même mot. Il est plus que temps d’arrêter le massacre d’une éducation ténébreuse. Apprendre à nos chérubins à compter sur Allah en permanence, c’est leur couper les bras et détruire leurs neurones les plus vivaces! Dans le monde moderne, cela porte un nom, celui de génocide culturel! Evidemment, un Hadj ne peut pas comprendre cela, et c’est bien dommage.

Pour autant, est-il possible qu’un candidat sérieux aux commandes de la destinée du pays ait comme projet celui de réhabiliter le FIS, sauf à le considérer et le chérir comme son propre fis-ton ? Et c’est peut-être bien là que réside la feuille de route du candidat Benflis; appeler à tue-tête à la réhabilitation des islamistes pour nous faire peur aussi, au point de lui préférer Bouteflika. Allez donc savoir ce qui se trame dans la tête d’un Hadj ou dans la tête de ceux qui l’ont entraîné sur le terrain de la mièvrerie politique.

Dieu qu’ils sont longs, qu’ils sont loin vos chemins de grâce !

Kacem Madani

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Commentaires (22) | Réagir ?

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mohand aghedu

Mon cher Madani,

Le talent est affaire d'appréciation, vous le savez bien.

Que D. Alem soit bon compositeur, je vous l'accorde

d'autant plus volontiers que je suis, comme vous, féru de

musique.

L. F Céline était -est ?- un écrivain émérite,

ça ne l'a pas empêché d' être un parfait salaud. Mais

voilà que je me livre à des comparaisons aussi farfelues

que déplacées...

A propos, N'était-il pas question de ces chanteurs et artistes qui,

en rangs d'oignon, s'en sont allés à la soupe ?..

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karim haddad

au grand iznogoud ahmed djaber!!!

permets moi de presenter mon grade d'abord: juste un petit capitaine du drs qui veut detruire "lakabylie".... voila tu es bien eclairé mnt mister le "non stupide... je me rappelle du pouvoir de chadli qui traiter la revendication berbere et ses militans "d'agents a la solde de l'etranger... de separatistes qui veulent diviser l'algerie"... .. parce que mister chadli avec sa vaste culture ne voyaitpasque des algeriens ne comprenaient ni se reconnaissaient dans son "arabisme".. toi aussi tu refaisson remake... sache une chose c'est que les kabyles de bougie et des babords ikkettamen (pourta gouverne ile te faut lireau moun sibn khaldoun) n'ontaucune place ni a la television tv4.. ni surtout a berbere-tizi (comme elle amplementdenommée par "ces autres kabyles " qui veulent diviser!!!) ni dans la chaine 2 ni meme a la chaine locale "soumam"... on ne voit.. et n'enetend que les igawawen de tizi aqbou et tazmalt...

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