10e anniversaire de Bouteflika une imposture algérienne, la peur d’un livre

Bouteflika
Bouteflika

Il y a dix ans, à pareille époque, c’est-à-dire une époque marquée par cette même espèce de fureur scélérate au moyen de laquelle forbans et mercenaires s’apprêtaient à reconduire le prince – alors, en meilleure forme – pour un deuxième mandat, paraissait en Algérie et en France ce livre dont, à vrai dire, je ne me doutais pas qu’il pût être, à ce point, un écrit de l’augure, dont je ne soupçonnais rien de l’empreinte qu’il allait rageusement apposer sur le temps et, je l’avoue, dont je m’attendais pas qu’il suscite un tel désarroi au sein du pouvoir.

Par Mohamed Benchicou

Deux années de prison et un journal démoli. Ce pouvoir illégitime a peur d’un livre ! C’est ce que me rappelle le dixième anniversaire de «Bouteflika une imposture algérienne», à l’occasion duquel je lève un verre à la santé de ceux qui préservent un peu de notre honneur, qu’ils soient de «Barakat !» ou des groupes citoyens révoltés moins médiatisés.

Derrière les ricanements mercenaires entourant aujourd’hui la résistance au quatrième mandat, derrière l’ironie du légionnaire Amara Benyounès raillant "le microcosme d’Alger" et les sarcasmes du sergent-supplétif Abdelmalek Sellal moquant grassement le mouvement Barakat !, se profile un régime trouillard, effrayé par tout ce qui s’agite, tenaillé par une peur médiévale, la peur d’un livre. Peur d’un mot, d’une lueur dans la nuit.

Bouteflika une imposture algérienne, je l’avais voulu simple bouteille à la mer : huit mille exemplaires, avions-nous demandé à l’imprimeur. Il nous aura fallu tirer dix fois plus, sans arriver à satisfaire la demande ! On le dit plus grand succès de librairie depuis l’indépendance. Je n’en sais rien. En France, Bouteflika une imposture algérienne figura longtemps dans de prestigieux palmarès comme celui de l’Express RTL, du Point ou de l’Hebdo des livres, devant des ouvrages de journalistes réputés comme l’Autre d’Eric Zemmour ou le Roman du Kremlin de Vladimir Vedorowski, se frayant une place dans le box-office parisien, derrière des monstres de la littérature et de l’essai tels Jean d’Ormesson, David Servan-Schreiber, François de Closets ou des succès de librairie comme Le Document de soeur Emmanuelle ou De Gaulle, mon père écrit par le fils du général et qui tenait le haut de l’affiche depuis des semaines.

On estime à trois millions le nombre de personnes qui l’ont téléchargé sur internet. Possible. Bouteflika une imposture algérienne, c’est le succès d’une société anonyme contre une société secrète. Ils étaient venus de toutes parts, de ce pays profond que découvre aujourd’hui Amara Benyounès à bord de sa limousine, pour un exemplaire, bravant le gourdin du pathétique Zerhouni, se faisant conduire au poste de police puis devant le juge, pour un livre, juste un livre. Nous qui prétendons écrire, ne savons rien de ce que nous devons à ceux qui nous lisent dans l’inconfort des patries muselées.

Le dispositif policier mis en place par le ministre de l’Intérieur autour du siège du journal Le Matin était censé dissuader les lecteurs. C’était mal les connaître : près de deux mille personnes étaient venues ce jour-là acheter leur livre dédicacé, parfois après plus de trois heures d’attente ! Surpris et furieux de les voir sortir avec le brûlot tant décrié, et derrière lequel ils ont passé leur temps à courir, les flics se vengèrent par des exactions inqualifiables sur les citoyens.

Ils matraquaient à tout va, à commencer par les journalistes du Matin dont ils embarquèrent une bonne dizaine ! Les personnes surprises en possession de l’ouvrage furent conduites sans ménagement au commissariat où elles subirent un interrogatoire et où leurs livres furent saisis. Certaines furent molestées, d’autres carrément jetées à terre et piétinées. Parmi elles, beaucoup de figures célèbres de la politique, de la presse ou des arts, comme Ali Dilem, le caricaturiste, brutalisé et conduit de force au commissariat.

Les esclandres se multiplièrent alors : un ancien Premier ministre, malmené par les flics, leur rendit coup pour coup ; une ancienne maquisarde, conduite au commissariat, alerta des personnalités du gouvernement qui la firent relâcher ; une autre à qui on venait de saisir les livres, en acheta immédiatement de nouveaux qu’elle plaça dans son corsage avec ce cri provocateur à l’intention des flics : "Venez les prendre d’entre mes seins, maintenant !"

En dépit du cordon répressif, les lecteurs continuaient à affluer. La séance de vente-dédicace dura cinq heures, jusqu’à épuisement du premier stock. Devant cette affluence incontrôlable, des renforts de police furent dépêchés, mais en vain : les gens continuaient de former une file interminable devant le siège du journal.

La police de Zerhouni se donnait en spectacle sous l’œil des photographes et la presse n’a pas manqué de la brocarder le lendemain : les brutalités policières étaient à la «une» de tous les journaux. Reporters sans frontières, dénonçant l’interpellation de nos journalistes et du caricaturiste Ali Dilem pour "détention du livre de Mohamed Benchicou", exigea des autorités algériennes de "ne plus créer d’entraves pour les médias qui souhaiteraient se procurer ce livre et en rendre compte librement."

Oui, je lève un verre à la mémoire du poète.

Deux années de prison et un journal démoli. Oui, j’avoue avoir fêté ce dixième anniversaire en relisant Kabbani : "Le jour où ils m’ont de la tribu chassé Parce qu’à l’entrée de la tente j’ai déposé Un poème L’heure de la déchéance a sonné."

À suivre

M. B.

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Commentaires (5) | Réagir ?

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mourad nabil

Ce ne sont pas les poètes ni les romanciers qui ont inventé l’écriture : ce sont les hommes du courage, de l'honneur et des principes ;que même (parfois) l'incompréhension des complexités n'arrive point à nous séparer. Et c'est le cas de ces Algériens de talent, d'honneur et de principes, dont fait partie Messieurs Bentchicou, Saïd Sadi et tant d'autres... !

La personnalité des grands hommes est donc faite de leurs incompréhensions ; j’aimerai bien croire André Gide, mais-là, j’avoue ne pas vouloir le croire, car le croire c'est comme donner raison à ceux qui ont rédigé cette lettre surréaliste et prêtée faussement (comme celles qui suivront) au Président Boutefilka.

Que les auteurs de cet épistolaire surréaliste sachent qu'ils sont méprisés même de ceux qui les subornent! ;qu'en sera-il de moi, ici et maintenant, diriez-vous à la face de l'indicible souffrance humiliante que font subir les auteurs de cette lettre au peuple Algérien.

Ceux qui ont rédigé cette lettre (qui n'a rien d'élise et de beethovien) sous les directives de Monsieur Saïd Bouteflika et de son clan disent, et je les cite:

Vous êtes nombreux à vouloir que je continue à conduire l’œuvre de

redressement national qui a permis d’importantes avancées depuis que j’ai pris en charge les destinées de notre pays, en 1999. Les difficultés liées à ma santé physique actuelle ne semblent pas me disqualifier à vos yeux ou plaider en faveur de ma décharge des lourdes responsabilités qui ont eu raison d’une bonne partie de mes capacités. Vous tenez à ce que je voue mes dernières forces au parachèvement de la réalisation du programme pour lequel vous m’avez, à chaque fois, donné mandat. Fin de citation.

donc, on est nombreux, à désirer comme président, un homme malade et inapte physiquement et intellectuellement à diriger l'Algérie par le biais d'un quatrième mandat, quand bien même, le verdict sentencieux des bilans interposés et passifs ne plaide pas en sa faveur. Rien Que ça!!!

Ah!! ces Gens-là, qui se sont accaparés L'Algérie par le viol et le vol ne connaissent décidément pas la honte, mais ils puent horriblement de mensonge, d'illégalité, de trahison et de corruption. Tout ça, pour faire passer leur vice-président et garant à El Mouradia!

Mais que sont ces gens-là devenus? et que nous autres Algériens rejetions et sommes-là à boycotter et pour des raisons malheureusement autres que celles pour lesquelles, Jacques Brel ne put les aimer dans un jour de refrain. Ah Ces Gens-Là!!!

Rien que ça !!donc, on est nombreux à vouloir comme président, un homme malade et inapte physiquement et intellectuellement à diriger l'Algérie par le biais d'un quatrième mandat.

Et comment comptez-vous convaincre le Peuple qu'il pourra réaliser, assis et paralysé intellectuellement, mentalement et corporellement ce qu'il n'a pu faire quinze ans debout, plus jeune et avec toutes ses facultés mentales, intellectuelles et physiques et sachant que d'envergure, d'aptitude et de légitimité il n'est pas Franklin Delano Roosevelt du traité de l'atlantique et sur sa chaise roulante.

Quant à la pseudo-stabilité que vous vantez tant, sachez messieurs, que Ghardaïa et l'éclatement de L'Algérie indivisible sous l'impact cataclysmique des haines et des divisions régionalistes attisées par les prétoriens Kimilsungistes et mafieux ne sont pas un facteur de stabilité et de sécurité à exporter;serai-je tenté de dire à l'adresse du ministre des affaires Ô combien étranges et étrangères à nos esprits novembristes!

Donc, selon vous, sans un quatrième mandat pour un homme inapte et incapable mentalement, intellectuellement et corporellement, s'abstenir c'est le chaos qui s'abattrait sur L'Algérie et donc conséquemment : plus d'Algérie, plus d'élections, dissolution du Parlement, la famine y règnera, la région frontalière avec la Libye est occupée par les forces Atlantistes ;la démilitarisation de la L'ANP est institutionnalisée, les Chinois prendront Constantine !!, tandis que les casques bleus Russes débarqueraient à EL Mouradia en contrepartie d'un Iran dénucléarisé et jeté au grand requin blanc Américain !!!

Arrêtez, svp, car cette fois-ci, votre ridicule risque de tuer un rêve Algérien légitime aux yeux de ceux qui ont façonné de leur majesté sacrificielle, novembre 1954!

Et dans dans les yeux, vous dis-je aussi, moi qui suis de la majorité silencieuse, sinon l'incarnant par mon genre d'homme, que je ne mandate pas monsieur le président Bouteflika pour un quatrième mandat ;vous exhortant corollairement de na pas l'abaisser de cette façon et de na pas le traiter de cette manière aussi déshumanisante et humiliante pour lui, pour l'Algérie et pour son peuple. Croyez-moi, il méritent mieux!. Regardez et sentez le visage blafard et le souffle incapacitant de la souffrance présidentielle de Monsieur Abdelaziz Bouteflika qui vous disqualifie et me donne raison. Que Notre Seigneur Dieu le guérisse et lui prête longue vie.

Ne pas cautionner les acteurs de la mise à mort de L'Algérie par le boycott du simulacre électoral et ne pas leur serrer la main (si tant est qu'elle ne se ravise pas) est pour moi un acte patriotique revivifié à l'honneur de novembre 1954.

Conséquemment, comment ne pas voir dans l'abstention, ce boycott, qui traduit la plus sonore des opinions et le plus honorable des actes patriotiques Novembristes!; de la part de ceux qui ne veulent pas cautionner cette mise en vente (à des !!!, ils se reconnaîtront en sentant le poids des mots de ma colère !) , que dis-je, la mise presque à mort de notre chère Patrie, L'Algérie meurtrie aux ravins abyssaux des fakakirs incompétents et inaptes sauf à semer les semences de l'échec, de la division, de la haine et de la discorde régionaliste et ethnique entre les Algériens;

Des Algériens en passe de perdre une perle Mozabite du Nom de Ghardaïa, et ce, en l'absence d'un état Algérien puissant, prééminent, fort, fédérateur et unificateur de souveraineté, de citoyenneté, de justice et de droits!. Oui, boycottons les élections présidentielles et vice-présidentielles. Voyez-vous, il est des contextes calamiteux qui viennent à imposer des néologismes.

La nomination d'un conseiller à la présidence de la république, en la personne de Monsieur Ouyahia ou celle d'un autre, en vérité du futur vice-président et donc futur président (in) formel de la république (après l'éphémère passage fantomatique, de Monsieur Bouteflika par la petite porte du quatrième mandat) en est la preuve irréfutable!.

Une nomination qui ne va pas faire barrage à la mainmise de Monsieur Saïd Bouteflika. C'est le contraire qui est plutôt vrai! ;... surtout après l'aval de Monsieur Médiène et de son futur successeur en la personne de Monsieur le général Abdelkader Kherfi dit Ahmed, qui est déjà le véritable patron du DRS et qui passe pour être très proche de Monsieur Saïd Bouteflika. Ce dernier qui gère toujours sa gérance par le biais de son téléphone portable sécurisé, au propre comme au figuré, par les réseaux nationaux et internationaux du clan et de la famille.

Messieurs, mesdames de notre grand peuple D'Algérie, vous avez autant raison de fustiger les connivences et les interconnexions entre les chefs du DRS, de l'état-major de l'ANP et le clan de monsieur Saïd Bouteflika qui les contrôle par le biais de ses hommes de mains militaires, civils, patronaux, et…, et.... !!!. Regardez-les rampez, ces Patrons du FCE démunis des valeurs entrepreneuriales Américaines, Allemandes et Japonaises. Oui, regardez-les ramper de platitude et d'indignité pour le clan du quatrième mandat qui s'apprête après le 17 Avril à redistribuer les cartes économiques de la rente, de l'import-export, du fiscal et de l'informel. Des cartes qui aiguisent bien des appétits mafieuses et qui menacent de ruine et pas seulement les véritables créateurs de croissance, de richesses et d'emplois.

In fine, Ah! si L'Armée Algérienne et le Drs m'écoutaient ;alors je leur prodiguerai le conseil d'aller convaincre Monsieur le Président Abdelaziz Bouteflika pour qu'il accepte le verdict populaire de perdre les élections du 17 avril 2014.

Voilà l'idée forte qui capte et qui tranche avec une Algérie qui tangue, tangue, tangue !!!...

Une acceptation, qui fera rentrer Monsieur le Président Bouteflika, dans la grande Histoire D'Algérie, comme étant l'homme qui aura donné une crédibilité internationale à notre pays et qui aura aussi et surtout permit l'alternance pour une courte période transitoire qui mènera L'Algérie vers une deuxième République.

Une République Algérienne, cette fois-ci, véritablement démocratique, populaire, souveraine, prospère, puissante, moderne, universaliste, stable et fédératrice au sens unificateur du terme.

La République de la stabilité institutionnelle et de l'alternance apaisée... Oui, celle de l'après évian et peut-être même du G20 et du G10 à défaut du huit et qui sait!!!...

Alors et seulement alors, Le Dakar Sénégalais qui s'apprête à voter dans une élection démocratique, presque, concomitamment avec le simulacre électoral du 17 avril, ne pèsera pas lourd devant le Drakkar Algérien propulsé à l'aérodynamique compétitive et puissante d'une Formule1 pilotée par des Algériens, des vrais et d'un autre Genre!!!

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Kacem Madani

Même le poète Aït-Menguelet avait été mis en prison comme un vulgaire voyou dans les années 80. Après sa sortie d’El-Harrach, il produisit une œuvre sublime «Asefru» dans la quelle il interroge les imbéciles du pouvoir en ces termes «pourquoi as-tu donc si peur d’un simple poème ? » Et la réponse à telle question, maître Lounis la développe avec brio «chaque rime que tu enterre est comme une graine sous terre, qui poussera un jour ou l’autre pour se démultiplier en fleurs d’espoir dès que le printemps revient! Comme hier, comme aujourd’hui, le poème nous remet debout chaque fois que de fatigue nous nous sentons assaillis!»

«Bouteflika une imposture algérienne» fait partie de ces graines de vie qui finiront un jour ou l’autre par pousser à foisonnement pour prendre le dessus sur la mauvaise graine que sème le pouvoir depuis 50 ans.

J’avoue que je fais partie de ceux qui l’ont lu en le téléchargeant, mais je l’achèterais volontiers s’il est édité à nouveau, ne serait-ce que pour le léguer comme la signature du combat des seigneurs, à ma petite descendance.

Il n’y a rien à regretter aâmi Moh! Ainsi va l’histoire des hommes! Et tant que nous pouvons encore lever le verre, alors levons-le, à la santé de tous les compatriotes qui se reconnaissent dans ton combat et rêvent d’une Algérie meilleure. Cette Algérie-là a toujours été rêvée à-partir de l’exil, depuis Slimane Azem, dans les années 1960.

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tiddet

Ton objectivité et ta sincérité me font réveiller.

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