Parlons-en : qu'apportent les banques étrangères à l'Algérie ? (1ère partie)

Parlons-en : qu'apportent les banques étrangères à l'Algérie ? (1ère partie)

Le débat sur la privatisation du CPA n’aura pas eu lieu. La banque va être vendue à un repreneur étranger, sur décision personnelle du président Bouteflika et du clan présidentiel, sans que l’on sache l’intérêt que l’Algérie va tirer de cette opération. Et sans que l’on réponde à la question principale : qu’apportent véritablement les banques étrangères à l’Algérie ?
Deux cadres financiers algériens nous éclairent. Le premier, Bilal Nejm, écrit pour Le Matin cette contribution saisissante : les banques étrangères ne sont d’aucun apport. Le second, Safou Djamel, s'exprime dans Liberté (lire 2è partie)


Bilal Nejm : « Les banques étrangères sucent le jus »

Je rappelle aux lecteurs du Matin que les banques françaises installées en Algérie (parmi lesquelles Société générale, BNP-Paribas, Crédit Agricole, Natexis, toutes soumissionnaires dans le cadre de la privatisation du CPA) ne soutiennent pas l'investissement et n'octroient donc pas de crédits d'investissement. Ces banques préfèrent intervenir dans le créneau juteux et sans risque de l'import -import et des crédits à la consommation. Toutes ces opérations sont couvertes en devises (pour les importations) par les réserves de change algériennes. Cela signifie que la banque française qui reprendra le CPA ne fera pas autre chose que des crédits à la consommation et des crédits documentaires au titre d'opérations d'importations. Cette banque, il faut le savoir, n'accordera pas de financement à l'investissement, et ce, en raison des risques d'insolvabilité des entreprises algériennes.
Déjà, aujourd'hui les filiales des banques françaises implantées en Algérie adoptent des positions extrêmement sévères (cherté excessive des conditions de crédit, exigences draconiennes en matière de garanties…) pour dissuader l'entreprise désireuse d'investir, de solliciter un crédit.
Par conséquent, on se demande à quoi servira la privatisation du CPA si elle doit seulement permettre au repreneur (une banque française) de réaliser des super bénéfices en un temps record sur nos propres ressources en devises, de transférer en devises ses dividendes, de soutenir surtout les entreprises françaises exportatrices, et de cogérer, indirectement avec notre banque centrale, une partie des réserves de change (l'enveloppe cash annuelle destinée aux importations).

Bilal nejm

(lire la 2è partie)


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Commentaires (1) | Réagir ?

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rym imsat

Aucun bilan n'a été établi par les autorités algériennes sur l'activité des banques étrangères en Algérie.

J'entends par bilan, un travail en profondeur à la fois opérationnel et stratégique sur l'impact de l'activité des banques étrangères sur l'économie algérienne.

Ce travail aurait dû être réalisé par le CMC (Conseil de la monnaie et du crédit) en concertation avec les services compétents du ministère des finances et du chef du gouvernement.

De même, aucune étude prospective n'a été effectuée sur les apports escomptés de la privatisation du CPA.

Toutes les déclarations des responsables sur le dossier CPA se réduisent à de la rhétorique creuse et stérile, générant de surcroît de nombreuses contradictions.

Sur un plan strictement technique, le gouvernement ne dispose d'aucune donnée fiable (mathématique, financière et stratégique) sur les "retombées" de la privatisation en cours du CPA.

A ces aspects qui échappent totalement aux autorités, vient s'ajouter une dimension sécuritaire (sécurité financière, incidences sur les réserves de change, interférences collatérales du repreneur sur la politique macro financière, collusions éventuelles du repreneur avec certaines filiales de son groupe implantées dans les paradis fiscaux...) sur laquelle les décideurs ont carrément fait l'impasse.

Le dossier CPA nous réserve bien d'autres surprises.

Rym Imsat