Venezuela: Maduro ouvre un "dialogue national", la rue mobilisée

La rue reste mobilisée
La rue reste mobilisée

Confronté à trois semaines de protestations contre sa gestion et de manifestations étudiantes émaillées de violences, le président duVenezuela Nicolas Maduro doit ouvrir mercredi un "dialogue national" dont le grand absent sera le chef de file de l'opposition, Henrique Capriles.

En prélude à la réunion, convoquée à 17h00 locales (21H30 GMT) à la présidence, pouvoir et opposition ont mobilisé dans la rue, notamment à Caracas. Alors que quelque milliers de manifestants, en majorité des femmes, marchaient sur une caserne de la Garde nationale, demandant de "désobéir aux Cubains, une armée d'invasion qui donnent les ordres", une foule de paysans "chavistes" se concentrait elle aux abords du palais présidentiel de Miraflores.

Dans la foulée de sa principale figure, le gouverneur Henrique Capriles, la coalition d'opposition de la Table de l'unité démocratique (MUD), a indiqué mercredi après-midi dans un courrier signé de son secrétaire exécutif, Ramon Aveledo, qu'elle ne participerait pas à "ce simulacre de dialogue".

Les modalités de cette conférence "pour la paix", à laquelle "tous les courants sociaux, politiques, corporatistes, religieux" ont été invités, n'ont jamais été précisées par l'héritier politique d'Hugo Chavez, élu il y a 11 mois.

"Je ne ferai pas partie de la clique, ce que nous voulons c'est avancer (...) Le gouvernement parle de dialogue, parle de paix, mais il ne doit pas s'agir d'un appel dans le vide, (...) d'aller au palais de Miraflores pour se faire prendre en photo", avait déclaré plus tôt sur une radio locale Henrique Capriles, battu d'un cheveu par M. Maduro à l'élection présidentielle d'avril 2013, évoquant "une farce". Mais le président affirme être convaincu que "de grands accords vont être conclus" au cours de cette conférence. Le patronat, très critique envers le gouvernement, et l'épiscopat ont déjà confirmé leur participation. En revanche, les dirigeants étudiants et les recteurs des universités ne semblaient pas avoir été invités, selon des informations recueillies par l'AFP.

"Ils nous excluent"

Cette initiative intervient au lendemain d'une nouvelle marche à l'appel des étudiants vénézuéliens et qui a faiblement mobilisé, illustrant un certain essoufflement du mouvement lancé le 4 février pour protester contre la gestion de l'héritier politique d'Hugo Chavez (1999-2013). Malgré les mobilisations en cours, le calme régnait mercredi à Caracas après une nuit seulement émaillée de quelques incidents.

Dans la manifestation des femmes opposantes à Caracas, Yali Rodriguez, enseignante de 40 ans vêtue de blanc et bracelet noir en signe de deuil au poignet, explique à l'AFP : "Nous ne voulons pas de ce dialogue alors qu'ils (le pouvoir) nous traitent de fascistes, qu'ils nous excluent".

Mardi, de nouvelles barricades et des heurts entre jeunes gens masqués et forces de l'ordre ont été signalés par les autorités dans certaines villes des Etats d'Aragua (centre), de Zulia et de Tachira (ouest). C'est à San Cristobal, capitale du Tachira et berceau du mouvement, que les heurts entre manifestants et forces de l'ordre ont été les plus fréquents.

Le bilan des violences survenues depuis le début du mouvement est de 14 morts, dont au moins huit par balle, et de 140 blessés. Le ministère public a ouvert une douzaine d'enquêtes sur des cas d'abus présumés, et a écroué neuf militaires et policiers. Mercredi à Rome, le pape François a lancé un appel aux responsables politiques et au peuple vénézuélien, très majoritairement catholique, pour que "le pardon réciproque et un dialogue sincère" l'emportent.

De son côté, l'OEA (Organisation des Etats américains) a programmé jeudi une session extraordinaire de son Conseil permanent afin d'étudier une proposition panaméenne visant à convoquer un sommet ministériel régional sur le Venezuela. Soutenu par une partie de l'opposition, le mouvement étudiant était initialement focalisé sur l'insécurité, critique dans cet Etat pétrolier, avant d'étendre ses revendications aux thèmes de la crise économique, des fréquentes pénuries de produits de première nécessité et de la répression policière.

Les étudiants protestataires réclament aussi la libération des personnes arrêtées en marge des violences. A partir du 12 février, quand a eu lieu la première mobilisation d'importance, des incidents ont commencé à survenir en fin de marches, impliquant des jeunes gens masqués s'en prenant aux bâtiments publics et aux forces de l'ordre, qui ont de leur côté répondu de façon parfois très violente. Dans le même temps, des groupes de civils armés non-identifiés ont plusieurs fois attaqués des manifestants d'opposition. Cette grogne a mobilisé un maximum de 50.000 personnes samedi à l'appel d'Henrique Capriles, alors que le pays compte officiellement 2,6 millions d'étudiants.

AFP

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