Etat de droit et entraves à la liberté de circulation

La ville de Médéa.
La ville de Médéa.

L’Etat de droit, n’est-ce pas cette vitrine démocratique, par excellence, de toute nation éprise de paix, de justice et d’égalité. Sûr ! Surenchériront certains : "Sous d’autres cieux et d’autres lieux !".

Mais qu’en est-il de sa pratique dans notre pays ? L’Etat n’est plus ce qu’il est, et brille par son absence depuis voilà 15 ans, raison de paix sociale oblige, censé être au service du peuple, par un bien curieux stratagème s’est retrouvé à sa merci. Ici point de Hibet el dawla, point de sécurité des biens et des personnes. Quant au Droit et ses lois, ils se cherchent encore au sénat et à l’APN pour y être étudiés, débattus, votés et retenus pour tantôt y être exercés dans toute leur rigueur et tantôt y être enfouis dans les tiroirs. Le sens au crédo universellement connu : "Force, reste à la Loi" sera, quant à lui, interprété selon que l’on soit puissant ou misérable.

Légiférer est une science du commodo et incommodo, ça exige tout un doigté, une intelligence, et toute un aristocratisme que d’usurpateurs "sénateurs et députés" ignares de leurs droits et leurs devoirs, y siégeant actuellement n’ont pas. Sinon le béni-oui-ouisme de leurs votes à main levée, sitôt la sieste durant les séances de débat terminées. Et dire qu’ils sont payés la bagatelle 30 millions le mois…

Faut-il pour cela s’en étonner lorsque l’on sait le cheminement tout tracé de leur "carrière politique", tout y est, du trafic d’influence à la corruption, le népotisme, le clanisme, le parrainage à la féodalité : le suzerain de l’un étant le vassal de l’autre…

L’astuce du renvoi d’ascenseur touche désormais tous les arcanes du pouvoir et des partis, et chacun à qui mieux-mieux place ses pions pour de meilleurs lendemains. Le nihilisme dans toute sa splendeur ! Et, pour faire bonne figure, notre pays n’hésite pas à souscrire à toutes sortes de conventions et traités internationaux comme «faire-valoir» pour la promotion des droits de l’homme et de ses libertés et du "Rule of Law", histoire de faire la nique à tous ces empêcheurs de tourner en rond que sont Human Right Watch, Amnesty et autres ONG.

La vérité, nous autres de la plèbe, déjà dépouillée par le partage inéquitable de nos richesses, voilà que l’on s’attaque à notre liberté de circulation. Le prétexte sécuritaire invoqué depuis les années 1993 n’a plus sa raison d’être à l’orée de cette année 2014 si l’on se tient au discours officiel, mais ceci n’empêche pas pour autant nos policiers et nos gendarmes d’en user pour carrément squatter rues et ruelles et nous en interdire la circulation par des herses et blocs de béton, étouffant encore plus le flux du trafic routier et pédestre. Initiatives s’inscrivant en porte-à-faux de la politique sécuritaire du travail de proximité avec le peuple prônée par les chefs de leurs respectives tutelles.

A Médéa, une ruelle et son parking jouxtant le siège de Sûreté de wilaya lui a été arbitrairement cédé au grand dam des locataires et de leurs voitures de la cité d’en face, une autre sur les hauteurs de Teniet El-Hadjar oblige bon nombre de conducteurs de faire de la gymnastique pour se frayer un chemin sur un lot de terrain privé, quant au chemin reliant Takbou à Chelalaa, il a été fermé manu militari à la circulation par la Gendarmerie nationale. La goutte d’eau a été de voir des policiers en faction aux feux rouges de la place du Premier Novembre garer, toute honte bue, leur voiture sur le passage-piétons, et d’en assumer fièrement leur forfaiture. Impunité quand tu nous tiens !

Et l’on ne peut retenir sa sainte ire de voir sa ville et ses ruelles rétrécir telle une peau de chagrin. La ville de Médéa ne sait plus à quel saint se vouer pour sortir de cette insolite situation, sa tentative de lancer le nouveau plan de circulation reste en butte à de sérieuses réserves techniques émises par la wilaya.

De grâce, Messieurs les décideurs ! Protégez ce qui nous reste de plus chère, n’entravez pas notre liberté de circulation et nos passages-piétons, qu’empruntent nos enfants et les vôtres, nos écoliers et les vôtres, nos impotents et les vôtres, nos vieillards et les vôtres. Une liberté de circulation, de surcroît, garantie par la Constitution. C’est tout dire !!!

Brahim Ferhat

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Bachir ARIOUAT

Mais, où est-ce que, vous aviez déjà vu, les dictateurs accordent des droits, sauf le droit de la fermer, nul part sur la planète, le droit de la fermer, dans l'ensemble des pays des dictateurs, ils vous l'accordent sans rien réclamer.